Granma. Les trombones de La Havane : Cuba au-delà des tout-inclus
Scène

Granma. Les trombones de La Havane : Cuba au-delà des tout-inclus

En l’espace de quelques heures, le temps s’est réchauffé dans la capitale et à l’occasion de la première de Granma. Les trombones de La Havane au Carrefour International de Théâtre de Québec. 

Mise en scène par le Berlinois Stefan Kaegi, cette pièce documentaire a aussi des airs de création collective. C’est qu’elle se sert de la petite histoire pour raconter la grande, met en scène le récit de quatre cubains qui ont vécu la révolution de Castro. Les narrateurs? Leurs petits enfants : Diana, Daniel, Christian et Milagro. Ces quatre protagonistes, aujourd’hui héritiers de ce soulèvement historique, revisitent la ligne du temps au fil d’anecdotes et d’images d’archives qui racontent Cuba, au-delà des tout-inclus et des objets souvenirs à l’effigie de Che Guevara.

Les trombones de la Havane  (crédit : Ute Langkafel)

Fait intéressant: le spectacle, nommé d’après un journal socialiste local, s’adresse d’abord aux touristes auxquels on propose une immersion au coeur d’un véritable musée vivant de la Révolution, construit de toute pièce par la nouvelle génération. Au-delà des remous politiques subits par les insulaires, Granma a aussi la qualité de faire quelques clins d’oeil aux mouvements de gauche issus des quatre coins du monde, mentionnant même la Révolution tranquille du Québec.

La música del corazon

Cette épopée à la fois troublante et touchante est ponctuée de quelques sympathiques performances musicales, où les acteurs-narrateurs s’emparent de leurs trombones pour pousser quelques airs qui arrivent à nous transporter instantanément au sud de la Floride. Ces mêmes trombones deviennent tour à tour fusils, fleurets ou bâtons de golf, créant quelques belles images polysémiques qui font sourire malgré l’aspect assez triste des réalités qu’elles dépeignent.

Si on s’attache rapidement au quartet de comédiens et à la mémoire de leurs aïeux, ce grand cours d’histoire demeure tout de même un peu didactique, malgré quelques tentatives pour dynamiser la représentation par l’entremise échanges quasi-sportifs avec le public. Familles recomposées, implications militaires, cours d’escrime, racisme, embourgeoisement, champs de canne à sucre, carnet de rationnement, cours de trombone…cette immersion cubaine, quoique bien nécessaire, comporte la livraison de beaucoup d’informations qui, ironiquement, manque de rythme par moment.

(crédit : Dorothea Tuch)

Malgré tout, Granma. Les trombones de La Havane réussissent efficacement à réhumaniser une société que les Nord-Américains observent de très loin, même si nombre d’entre eux vont y passer leurs vacances. On en retient la sincérité du regard critique porté par des échanges intergénérationnels fort précieux, une mise en scène truffée de bonnes idées, mais surtout un élan de solidarité pour le peuple cubain, qui semble toujours prêt à la prochaine révolution, le coeur sur la main, envers et contre tous.

Les 4 et 5 juin à 19h 
Salle Multi de la Coopérative Méduse
(Dans le cadre du Carrefour International de Théâtre)
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