Mononc' Serge : Le plan pas con
La légalisation de la marijuana (2002)

Mononc’ Serge : Le plan pas con

Depuis quelques semaines, le gouvernement fédéral montre d’encourageants signes d’ouverture qui pourraient conduire à la décriminalisation, voire à la légalisation du cannabis. Mais quels sont les motifs derrière cette initiative? Notre enquête a permis de révéler que pour le cabinet Chrétien, une politique plus permissive à l’égard de la marijuana ne serait qu’une mesure de plus dans la campagne de promotion du Canada entreprise par le fédéral depuis les résultats serrés du référendum de 95.

Depuis quelques semaines, le gouvernement fédéral montre d’encourageants signes d’ouverture qui pourraient conduire à la décriminalisation, voire à la légalisation du cannabis. Mais quels sont les motifs derrière cette initiative? Notre enquête a permis de révéler que pour le cabinet Chrétien, une politique plus permissive à l’égard de la marijuana ne serait qu’une mesure de plus dans la campagne de promotion du Canada entreprise par le fédéral depuis les résultats serrés du référendum de 95.

Pourquoi le premier ministre et ses conseillers ont-ils acquis la conviction que la libre circulation du cannabis rehausserait la visibilité du fédéral? Les raisons sont multiples. Entre autres, les termes "cannabis" et "Canada" commencent par les deux mêmes syllabes, et dans l’esprit confus du drogué, ces deux mots peuvent facilement être pris l’un pour l’autre. Conséquemment, pour bien des fumeux de pot, davantage de cannabis = davantage de Canada, d’où une visibilité accrue pour Ottawa.

Sur le plan linguistique, plus de cannabis dans la Belle Province réparerait un tort que les gouvernements provinciaux (surtout péquistes) font subir aux Québécois depuis des décennies. À cause de la loi 101, les contacts de la population avec la langue anglaise sont tragiquement limités. Une plus grande circulation de la marijuana améliorerait la situation. En quoi? Le vocabulaire relatif au cannabis regorge d’expressions anglaises comme weed, stone, buzz, high et pusher. Même quand il parle d’autre chose, le poteux a tendance à truffer son discours d’anglicismes, du genre: "Fuck, man, c’est hot, j’trippe, c’est cool…" Bref, plus la marijuana circulera au Québec, plus la langue anglaise y sera répandue et plus le bilinguisme canadien y sera une réalité.

Dans une optique plus partisane, le cabinet n’est pas insensible au fait qu’un cannabis légalisé serait un excellent outil de promotion pour le parti au pouvoir. Des biologistes à la solde des libéraux sont d’ailleurs en train de mettre au point des variétés de marijuana transgénique dont les propriétés célébreront les grandes réalisations du gouvernement Chrétien. Le cannabis Bill Clennett, en souvenir du manifestant brutalisé par le p’tit gars de Shawinigan, vous fera rire à vous en décrocher la mâchoire; le Stéphane Dion aura une teneur en THC de 58,6 % (parce que 50 % +1, c’est pas assez); le Sheila Copps sera distribué gratuitement et vous fera voir des petits drapeaux rouge et blanc; et, bien sûr, vous seriez bête de ne pas faire profiter vos amis du cannabis Auberge Grand-Mère.

Le seul frein à une légalisation immédiate du cannabis par le gouvernement actuel, c’est la crainte de la réaction américaine. Nos puritains voisins du sud accepteraient-ils qu’une substance aussi subversive circule impunément à leurs portes? Au lendemain de l’adoption d’une loi pro-marijuana, les USA incluraient-ils le Canada dans l’Axe du Mal, avec tous les embargos et bombardements que ça implique? Assisterait-on au renversement du premier ministre et à son remplacement par une marionnette de Bush? Un tel scénario est loin d’être farfelu. Dans les coulisses du parlement, les rumeurs voulant qu’un putsch de Paul Martin soit appuyé par les États-Unis vont déjà bon train. C’est une histoire à suivre.