Dossier Anglos : Artistes anglos: Made au Québec
C’est dans l’air du temps. Le débat sur le renforcement de la loi 101 semble vouloir reprendre de plus belle, entraînant avec lui des discussions parfois acerbes entre les anglos et les francos, les premiers craignant de ne pas trouver leur place au sein de la culture québécoise, les seconds souhaitant tout faire pour éviter de voir leur langue disparaître au profit de l’hégémonie anglo-saxonne.
Encore cette semaine, ces discussions faisaient la manchette. «Grogne chez les anglos», titrait Louise Leduc dans le quotidien La Presse en rapportant les tensions entre le ministre Jean-François Lisée et des membres de la communauté anglophone. On pourrait croire que nous entrons dans une nouvelle ère d’animosité. Peut-être… Et peut-être pas!
Dans tout ce brouhaha bourré de scènes déjà vues à propos des affiches dans le centre-ville de Montréal, des marques de commerce des multinationales et mettant en vedette la langue d’enseignement (un film dans lequel nous avons joué des centaines de fois), certaines initiatives permettent d’entrevoir le rapport anglos/francos sous un nouveau jour et de dégager de nouvelles pistes de solution. Avec le site web Made au Québec lancé le 22 mars dernier, l’English-Language Arts Network (ELAN) propose d’ouvrir une fenêtre virtuelle – et pourtant bien réelle – sur le travail des artistes anglophones montréalais.
L’objectif? Rassembler au sein d’un agrégateur toutes les nouvelles concernant les artistes anglophones de toutes les disciplines. Car si certains groupes de musique sont bien en vue depuis quelques années, on ne saurait en dire autant des écrivains, cinéastes ou artistes en arts visuels qui œuvrent dans la langue de Cohen. Le site made-au-quebec.ca, qui s’affiche par défaut en français, permet ainsi de suivre l’actualité de créateurs d’ici et, dans la plupart des cas pour les francophones, de fréquenter leur travail pour la toute première fois.
Pour Guy Rodgers, directeur général d’ELAN: «Depuis vingt ans, le nombre d’artistes anglophones qui choisissent de vivre au Québec a augmenté en flèche.» Un choix qui, selon lui, repose entre autres sur l’attirance pour la langue française et un désir de prendre part à la culture québécoise.
Une participation qui demeure parfois assez difficile, il faut en convenir. Car bien souvent, l’artiste anglo d’ici se retrouve dans une quête similaire à celle du Canadien errant, banni de ses foyers à parcourir des pays étrangers. Inconnus de leurs concitoyens qui les confondent volontiers avec n’importe quel Torontois, ils sont pris en sandwich entre la culture francophone et les best-sellers américains ou les blockbusters hollywoodiens.
«Beaucoup de revendications ne font pas l’unanimité, selon Guy Rodgers, mais il y a un point sur lequel tous les anglophones sont d’accord: ils ne veulent pas servir de bouc émissaire pour l’ancien empire british ou la dominance économique actuelle de l’empire américain.»
Le problème que doivent affronter les anglos est donc double: aller à la rencontre de leurs concitoyens francophones, plutôt habitués à fréquenter les standards de la culture francophone, tout en se distinguant dans leur promotion pour faire valoir leurs racines montréalaises et québécoises.
Il s’agit sans doute là, aussi, d’une réponse au déclin des médias anglos. Il y a un an, le Hour et le Mirror fermaient leurs portes, faute de revenus. À la même époque, The Gazette annonçait des suppressions de postes draconiennes à la rédaction. Peu à peu, la culture anglophone montréalaise se retrouve sans voix médiatique. Une situation un peu inquiétante quand on sait que les hebdos culturels gratuits étaient lus aussi, et pour beaucoup, par des francophones.
Pas question de s’apitoyer, cependant. «Nous avons créé le site Made au Québec à des fins autant émotives que pragmatiques, résume Rodgers, autant pour promouvoir les artistes que pour stimuler un dialogue entre voisins qui pourraient se connaître mieux.»
Made au Québec s’inscrit ainsi dans la lignée du projet Recognizing Artists: Enfin visibles aussi lancé par ELAN en 2010, qui offrait sur le web des portraits d’artistes anglophones bien souvent anonymes et inconnus de leurs concitoyens. Il s’agit maintenant de les suivre au fil de l’actualité et d’allumer un esprit de dialogue entre les deux solitudes, qui sont de moins en moins isolées et éloignées.
À lire aussi:
Musique – Solitude(s) dans la foule par André Péloquin
Théâtre – La perception des visibles par Mélissa Proulx
Cinéma – To go or not to go to TO? par Manon Dumais
Les artistes anglophones majeurs comme Arcade Fire, Ian Kelly, Rufus et Martha Wainwright et Simple Plan sont suivis par la communauté francophone. C’est sans parler des musiciens de jazz et autres. Je me demande combien d’anglophones consomment la culture produite en français sous toutes ses formes.
On ne peut vraiment pas dire que les francophones consomment de la musique anglophone. Si on parle de Grimes, The Barr Brothers, Besnard Lakes, the Dears, Duchess Says, GodSpeed You ! Black Emperor, Handsome Furs, Divine Fits, Land of Talk, the Luyas, Mac DeMarco, Miracle Fortress, Parlovr, Plants and Animals, Solids, Think about Life, The Unicors, We Are Wolves, Wolf Parade et telllllement d’autres, nous pouvons dire sans nous tromper que la grande majorité ne les connaît pas du tout.
Tous des bands s’étant EXTRÊMEMENT illustrés à l’extérieur du Québec seulement et partout dans le monde, parce qu’ayant aucun accès aux grands médias francophones.
Ça me fait tellement rire quand les gens essaient de défendre le fait qu’on leur porte assez ou beaucoup d’attention. C’est l’histoire de la scène anglophone ; nous avons toujours évité d’exposer et de parler de ces bands. La réalité est que ceux-ci se sont (heureusement) créé une communauté anglophone underground tissée serrée qui a permis à plusieurs de survivre et de nous rendre fiers à l’étranger.
Vivant en plein coeur de cette réalité, je suis vraiment heureuse de voir que les parties francophone et anglophone commencent à se mélanger !
Je comprends que nous ayons une culture à préserver. Je suis fière des gens qui ont lutté pour notre langue. Mais je suis convaincue que l’acceptation de la présence des formations anglophones ne met aucunement en danger notre langue.
Peace out.
Sabrinah, réponds à ceci:
« Combien d’anglophones consomment la culture produite en français sous toutes ses formes ? »
On attend de tes nouvelles!
gilles thompson
Qu’attend Simon Jodoin pour s’emparer de ce dossier qui est au cœur de notre Identité et de la raison de nos combats ?
Qu’attend Simon Jodoin pour étaler ce traitement ignoble que le gouvernement du parti québécois réserve à nos artistes québécois ?
http://montrealenfrancais.wordpress.com/2013/04/11/absence-complete-de-nos-artistes-quebecois-aux-bureaux-de-la-premiere-ministre-pauline-marois-24-heures-par-jour-sept-jours-par-semaine/
Molière, c’est un de nos artistes québécois, Gilles?
Je ne pense pas.
Mais Leonard Cohen, oui.
C’est bien connu… le West-Island se déplace au Centre-ville à chaque année pour les Francofolies !!! MDR !!!
Les artistes anglos ont-ils vraiment besoin du Québec pour se faire connaitre? Après tout, ils ont tout les reste du Canada , des Etats-Unis et du monde aussi qui »trippent » sur leurs cultures d’anglos! Alors…Plusieurs de nos artistes »francos » cherchent eux aussi à percer cet alléchants marché de $$$$ alors…Plusieurs y ont perçés et certains y ont réussi .Tant mieux pour eux. Mais ne venez surtout pas plaindre ces pauvres artistes anglos-incompris-du Québec et de Montréal en particulier!
Je trouve l’objectif noble,
je leur souhaite du succès, chez eux, au Québec.