Le duc de Sherbrooklyn
On le dit baveux, le Dominic. Le regard toujours voilé de quelque chose qui ressemble à de l’ironie, le sourire en coin comme un bonus. Non, Sieur Tardif n’est pas vilain: c’est juste un sacré tannant. Bercé sur des gisements d’amiante, dans la petite ville d’Asbestos, l’auteur et entertainer (nous y reviendrons) migre vers Sherbrooke pour ses études collégiales la même année que l’émersion d’Arctic Monkeys avec Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not. Album qui, d’ailleurs, devait jouer en forte rotation dans son iPod nano à l’époque.
Tout ça pour dire qu’il ne quittera plus jamais la capitale estrienne.
Sherbrooke, c’est son terrain de jeu, sa muse. C’est la ville qu’il célèbre une phrase à la fois dans La Tribune, le quotidien local, dans ses prospections radiophoniques à l’émission C’est pas trop tôt en Estrie sur Ici Radio-Canada Estrie. Un chauvinisme aigre-doux, un désir de «mythologiser» le centro qu’il transpose sur scène depuis 2015 avec Le Show Tardif, un spectacle de variétés façon Letterman ou Fallon, format télé mais aucunement diffusé, qui l’amène à partager une pinte avec des gens comme Guy Jodoin, Léane Labrèche-Dor, Simon-Olivier Fecteau et Pier-Luc Funk. «C’est sûr que la ville m’inspire! Tout mon monologue d’ouverture, c’est des blagues qui concernent les lieux sherbrookois, l’actualité et les personnages légendaires locaux. Tout le monde en prend pour son rhume! Il y a des gens qui sont vraiment généreux de ne pas m’en vouloir.» L’une de ses victimes favorites? Madame Renelle Anctil, une invitée vedette, une collaboratrice récurrente de Dominic qui s’est elle-même placée au cœur d’un pastiche décalé et préenregistré de la télé-réalité musiqueplussienne Barmaids. Un sketch bourré d’autodérision et qui a, depuis, été téléversé en ligne, non pas sans attirer quelques délicats commentaires à l’endroit de l’héroïne bien-aimée des gens de la place. «Elle était la propriétaire du Rona à Sherbrooke. Pendant plusieurs années, elle tournait ses propres publicités à la télé. Quand on regardait les pubs, c’était pas trop clair si Renelle savait que c’était un peu cheap… Mais le truc, c’est qu’elle le savait! Renelle, c’est une femme super brillante. C’est non seulement une grande femme d’affaires, mais elle a aussi étudié le violoncelle à l’université et reçu un doctorat honoris causa de l’Université Bishop.»
Présenté au Boquébière, chouette microbrasserie qui touille une blanche à l’honneur de l’animateur, La Tardive, le spectacle génère éclats de rire et fierté auprès de la gent locale. Une foule sans cesse grandissante qui se passe le mot et qui a, surtout, adopté Dominic. Prochaine édition: automne 2017.
Les choix de la rédac
Construite en 1881, l’église méthodiste reconvertie en salle de spectacle s’offre une belle programmation estivale: Gilles Vigneault en juin, Louis-Jean Cormier et Fred Fortin seront au Vieux Clocher en août.
64, rue Merry Nord, Magog, vieuxclocher.com
L’Office, c’est le petit frère de la boutique Kitsch qui habille les Sherbrookoises depuis bientôt sept ans. Une sélection de vêtements pour les gars sportifs mais stylés.
172, rue Wellington Nord, Sherbrooke, boutiqueloffice.com
Une carte de vins élaborée, des alliages de saveurs qui étonnent. L’Antidote Food Lab s’inscrit comme un haut lieu de la gastronomie locale avec ses plats créatifs à souhait.
35, rue Belvédère Nord, Sherbrooke, antidotefoodlab.com
À Sherbrooke selon Dominic…
Une salle de spectacle?
La Petite Boîte Noire pour sa programmation axée sur la curiosité, l’émergence. «C’est un des lieux à Sherbrooke où on va voir les meilleurs concerts. En plus, l’histoire de l’endroit est assez chouette. Ç’a d’abord été dans le loft d’un gars qui s’appelle Jacques-Philippe Lemieux-Leblanc qui était le leader du band Banjo Consorsium. Il avait eu la bonne idée d’organiser des after partys lors du passage d’Arcade Fire en 2010, quand ils ont présenté The Suburbs chez nous en primeur mondiale!»
58, rue Meadow, lapetiteboitenoire.com
Un secret bien gardé?
Le restaurant Baumann Smokehouse, nouveau repaire de la chef Suzy Rainville. «Ce qui est le fun, c’est que c’est un tout petit local, il y a une trentaine de places. Ils ont un menu partiellement gardé secret, c’est-à-dire qu’ils peuvent seulement écrire wapiti et tu ne sais pas comment ce sera apprêté. Avant de commander, bien sûr, on te demande si tu as des allergies alimentaires!»
141, Wellington Sud, 819 821-8661
Le meilleur décor pour des photos?
«Depuis quelques années, l’événement Bouffe ton centro organise début août un gros party au sommet du stationnement Webster, au cœur du centre-ville. C’est toujours cool de boire et de manger dans ce lieu-là, qui propose un point de vue unique sur Sherbrooke.»
Les 5 et 6 août, bouffetoncentro.co