Attestation ISO Jeunes : Projet d'avenir

Attestation ISO Jeunes : Projet d’avenir

Le 22 novembre 2000, neuf entreprises de la grande région montréalaise ont été officiellement certifiées ISO Jeunes. Pour une deuxième année consécutive, ces titres soulignent différentes mesures mises de l’avant par des entreprises qui assurent un rôle de premier plan à de jeunes employés.

Michel Archambault

, président et cofondateur de Publisoft, est, comme il se plaît à l’affirmer, un jeune de 43 ans. En 1993, il lançait, avec son associé André Leblond, une entreprise qui se spécialise aujourd’hui dans l’édition de logiciels de commerce électronique. Depuis 1997, l’entreprise de Brossard a reçu 21 stagiaires issus principalement de la Faculté de gestion informatique de l’UQAM et du Cégep de Saint-Hyacinthe. Actuellement, Publisoft compte dans ses rangs 11 employés, dont sept d’entre eux y terminent un stage ou travaillent à temps plein après avoir fait bonne figure comme stagiaires.

Afin d’être certifiée ISO Jeunes, Publisoft se devait de répondre à deux des cinq critères d’admissibilité établis par l’Ordre des conseillers en relations industrielles du Québec. Des critères qui, par exemple, tablent sur des conditions d’emploi équitables et une juste représentation des jeunes dans l’entreprise. De telles mesures ont été mises de l’avant non seulement par Publisoft, mais aussi par Bell Nordic, Laboratoires Druide, Les Aliments Trésors du château, Le Groupe pâtissier d’Anjou, La Chambre de commerce et d’industrie de Laval, l’Institut de conciergerie internationale, Rozon batteries et l’Université McGill: tous ont tous pris le virage jeune.

"Il est clair que nos stagiaires n’ont pas d’expérience, nécessitent plus de supervision, plus de formation, mais ils ont une soif d’apprendre et de se réaliser", souligne Michel Archambault, qui a appris au fil des ans que les avantages liés à l’embauche de jeunes stagiaires l’emportaient bien vite sur ses inconvénients.

Le bug des boomers
"D’ici quelques années, les baby-boomers disparaîtront à la retraite, une chose que le Canada n’a pas anticipé", souligne Pierre Paquin, coordonnateur du projet ISO Jeunes. On a dépensé littéralement des millions de dollars pour le bogue de l’an 2000 qui a duré 24 heures, mais celui-là risque de rester avec nous pendant des années." C’est donc pour sensibiliser les entreprises à l’épineux problème de la relève, que le ministère du Développement des ressources humaines du Canada a lancé, en 1998, le projet ISO Jeunes ( à ne pas confondre avec les normes internationales ISO qui, elles, certifient la qualité d’un produit à l’intérieur d’une entreprise). Traduit du grec, "iso" veut dire égal. On vise donc, tient à préciser Pierre Paquin, à ce que les jeunes soient égaux à l’intérieur d’une entreprise.

Afin que le message soit bien reçu, 20 000 petites et moyennes entreprises reçoivent, huit fois par année, le bulletin ISO Jeunes dans lequel sont relatées les expériences fructueuses d’entreprises et les témoignages enthousiastes de jeunes ayant trouvé l’épanouissement au sein de l’une d’entre elles. De plus, ISO Jeunes s’est doté d’un site Web (iso-jeunesyouth.qc.ca), dans lequel on peut retrouver, entre autres, les articles parus dans le bulletin de l’organisme et une liste de programmes gouvernementaux pour les entreprises désirant embaucher des stagiaires.

L’employé d’abord
Pour soutenir son action, ISO Jeunes s’est associé à des partenaires influents du milieu des affaires: l’Alliance des manufacturiers et des exportateurs du Québec, la Chambre de Commerce du Québec, le Conseil du patronat du Québec et l’Ordre des conseillers en relations industrielles du Québec. La Jeune Chambre de Commerce de Montréal (JCCM), la plus importante du genre en Amérique du Nord, pourrait aussi devenir l’un de ses partenaires. Bien qu’aucune entente de partenariat n’ait été établie entre les deux organismes, le président de la JCCM, Ugo Dionne, entend bien approcher ISO Jeunes pour les aider à faire passer leur message.

Dionne constate néanmoins que les quelque 1200 membres de la Jeune Chambre connaissent très peu le projet ISO Jeunes. Normal, car les jeunes entrepreneurs n’ont rien de neuf à apprendre du projet. "Lorsque tu es jeune entrepreneur, tu engages des jeunes, c’est naturel", affirme-t-il. D’ailleurs, la JCCM, qui invite depuis longtemps les entreprises à faire appel aux jeunes, vient d’adopter une charte de la responsabilité sociale de l’entreprise qui incite les compagnies à déposer un bilan social annuel.

Selon cette charte, une entreprise se doit, si elle veut assurer sa pérennité, considérer le bien-être de ses employés, puisque, comme il est souligné à l’intérieur de celle-ci, un employé épanoui est un employé plus productif. L’épanouissement d’un employé se traduit, entre autres, selon cette charte, par la maximisation du potentiel d’un employé, par la reconnaissance de l’humain derrière la machine et par le sentiment d’appartenance que l’entreprise saura susciter chez lui.

Appel à tous
Les départs massifs à la retraite auxquels les entreprises auront à faire face d’ici une dizaine d’années expliquent donc la raison d’être du mouvement ISO Jeunes. Ce qui s’explique moins bien, par contre, c’est le faible taux de participation des entreprises aux demandes d’attestations ISO Jeunes. Seulement neuf entreprises ont rempli une demande en 2000, entreprises qui ont d’ailleurs toutes été retenues par l’Ordre des conseillers en relations industrielles du Québec.

Si les entreprises de la grande région montréalaise manquent décidément à l’appel, on constate néanmoins au ministère du Développement des ressources humaines du Canada que les entreprises en région sont davantage conscientisées par le message véhiculé par ISO Jeunes. En effet, les régions sont aux prises avec un problème beaucoup plus grave: celui de l’exode des jeunes. Un rappel brutal témoignant de l’importance de l’intégration de la relève pour assurer la viabilité économique des entreprises québécoises.