Cours de perfectionnement du français oral et écrit : Apprivoiser le verbe

Cours de perfectionnement du français oral et écrit : Apprivoiser le verbe

L’époque où la langue ne s’apprenait que sur les bancs de la petite école est désormais révolue. Des cours de français nouveau genre permettent maintenant de parfaire vitesse de lecture et articulation. Panorama.

La langue de Molière donne parfois du fil à retordre à ceux qui l’utilisent. Parler, lire et écrire, des actions anodines apprises dès les premières années de la vie, entraînent pourtant leur lot de difficultés. Pratique et séances de perfectionnement demeurent le remède miracle pour soulager ces lacunes. Les francophones de ce monde n’ont plus à tourner leur langue sept fois…

"Les gens ont beaucoup de difficulté à s’exprimer", mentionne le formateur en chef de l’École d’animation et de communications, Stéphan Roy. Il estime que ceux qui suivent des cours de diction apprennent à développer une plus grande confiance en eux-mêmes. La clientèle de l’établissement se révèle très hétérogène. Certains aspirent à un nouvel emploi et croient qu’il est nécessaire de savoir parler correctement; d’autres ne le font que par défi personnel afin de se perfectionner. "La qualité du langage représente un important outil de négociation", croit Stéphan Roy.

L’enseignant et ancien animateur de radio considère que le peu de temps consacré à la lecture contribue à accentuer les difficultés de langage. En effet, la vitesse à laquelle est assimilée l’information écrite donne aussi des maux de tête. "Il faut apprendre à améliorer sa stratégie de lecture", souligne un professeur de lecture rapide, Daniel Gagnon. Détenant une formation en orthopédagogie, il se déplace dans les régions de Québec et Montréal afin de donner des techniques pour apprendre à lire et à comprendre les données plus rapidement. "Les personnes qui font appel à mes services sont, pour la plupart, des travailleurs qui passent leurs journées à manipuler de la documentation", explique-t-il. Plusieurs étudiants tentent aussi d’expérimenter la méthode, histoire de ne pas crouler sous la tonne de livres qu’ils ont à parcourir tout au long d’une session.

Gymnastique mentale
Les exercices que proposent les ateliers de diction et de lecture rapide visent à donner des outils simples et pratiques afin d’améliorer la qualité des propos et de maximiser la compréhension. "Nous enseignons une technique qui implique un mouvement de la main sous les mots, ce qui permet aux yeux de suivre rapidement, de façon plus dynamique", explique un professeur à l’Institut Harris, Steve Harris. Il considère que les cours qu’il donne demandent une certaine concentration, mais qu’ils n’entraînent pas de fatigue intellectuelle.

Par contre, Daniel Gagnon estime qu’après une journée intensive, soit la durée du cours, les gens ressentent un certain épuisement. "Pendant près de huit heures, ils lisent des colonnes de mots dans un minimum de temps, ils parcourent des livres à une vitesse folle, le système nerveux doit s’adapter." Comprendre l’essentiel d’un texte constitue l’un des buts premiers de la formation. Du côté de la diction, des efforts soutenus doivent aussi être fournis. "Nous leur faisons faire des exercices d’articulation en leur demandant de parler d’eux et de ce qu’ils font dans la vie", signale Stéphan Roy. Des exposés oraux et des séances d’improvisation représentent les principaux éléments du programme d’apprentissage. Concision, précision et justesse figurent parmi les objectifs à atteindre.

Mission possible
S’appliquer pour bien articuler et lire des textes à un rythme accéléré sans perdre des bribes d’information ne relève pas de l’impossible. Les progrès se manifestent assez rapidement. "Après la pause café du matin, les gens lisent déjà environ 15 % plus vite", révèle le professeur de l’Institut Harris. Daniel Gagnon abonde dans le même sens. "L’oeil s’habitue très vite à reconnaître les mots." Ce dernier prétend qu’à la fin de la journée, à la suite des résultats des différents examens, la capacité de lecture augmente en moyenne de 80 %. Une plus grande connaissance de la langue et de ses vices cachés fait partie des objectifs de ces cours. "Nous voulons amener les gens à aimer le français", mentionne Stéphan Roy.

Une fois que les techniques de lecture et de diction sont bien assimilées, il n’est plus nécessaire de suivre d’autres séances pour quelques années. "Il suffit de continuer à mettre en application les trucs enseignés", croit Daniel Gagnon. De plus, il précise que l’augmentation de la vitesse n’entache pas le plaisir de dévorer un roman, par exemple. La compréhension qui en ressort ne peut qu’être améliorée.

Amadouer la langue française n’a toutefois rien d’un jeu d’enfant. Steve Harris déplore le fait qu’aucune formation de ce genre ne soit intégrée aux programmes scolaires. "Les techniques apprises à l’école primaire pour apprendre à lire sont bonnes, mais elles ne contribuent pas au perfectionnement."