Enseignement par Internet : L'école qui clique

Enseignement par Internet : L’école qui clique

C’est bien connu, le milieu de l’éducation subit des transformations majeures avec l’avènement d’Internet. Des établissements et des professeurs usent de plus en plus d’imagination pour offrir des cours via la Toile. À vos crayons! Ou plutôt, à vos souris!

Il vous rebute prodigieusement de vous pointer dans une salle de cours à heure fixe chaque semaine? La gardienne s’est désistée alors que vous étiez sur le point de vous rendre à votre cours du soir? Pour ceux et celles qui désirent acquérir de nouvelles connaissances sans avoir à se déplacer, l’enseignement à distance est la solution tout indiquée. Et désormais, c’est sur le Web que ça se passe. André Lavoie, un citoyen de Québec âgé de 41 ans, est l’un de ces étudiants "virtuels". Il poursuit en effet une maîtrise en technologies de l’information à Téluq. À son avis, la motivation est primordiale pour étudier dans le cyberespace: "Pour suivre des cours à temps plein, il faut une discipline de fer." Reste que les avantages sont nombreux, le premier étant que l’étudiant est maître de son temps. "J’ai un horaire flexible, pas de déplacements, je suis prêt à travailler 15 minutes après m’être levé et je peux travailler au moment où je suis le plus productif dans la journée", énumère-t-il. Téluq mise plus que jamais sur la Toile dans le développement de ses activités. "C’est le nerf de la guerre!" résume Denis Gilbert, animateur de réseaux à Téluq, à Québec. Ce dernier estime que l’établissement spécialisé dans l’enseignement à distance offre actuellement de 30 à 40 cours sur le Web, auxquels seraient inscrits entre 1500 et 2000 étudiants. Ces cours portent, entre autres, sur la finance, l’environnement, les nouvelles technologies et l’informatique. D’ailleurs, selon Louis Villardier, directeur du Département sciences et technologie, le nombre de cours dédiés aux internautes à Téluq ne peut qu’augmenter: "D’ici un an, plus de 100 cours seront proposés", prévoit-il. Le principal inconvénient de la formation à distance est sans doute l’isolement. Pour contrer ce problème, Téluq met des forums et un café virtuels à la disposition des étudiants. Ces méthodes de communication, de type asynchrone, sont mieux adaptées que le clavardage pour leur offrir une aide efficace. "La majorité de notre clientèle est composée d’adultes sur le marché du travail, à qui il est difficile d’imposer un horaire fixe", explique l’animateur de réseaux. Et comme dans une vraie classe, l’étudiant n’aura pas de réponse à ses questions s’il ne lève pas la main! "Il faut oser s’exprimer et demander de l’aide par ces moyens", soutient André Lavoie.

Cours sur la Toile
Au Centre collégial de formation à distance, quelque 25 cours de niveau collégial sont offerts sur Internet, d’après Pauline Proulx, responsable de la recherche et du développement dans cet établissement géré par le Collège de Rosemont. Parmi ceux-ci, une quinzaine sont crédités: anglais, physique et philosophie, par exemple. Les autres, non crédités, s’adressent plus particulièrement à une clientèle de travailleurs désireux de se perfectionner dans la maîtrise de logiciels comme Access, Excel ou Word. Au besoin, les étudiants peuvent aussi recourir à l’aide de tuteurs et d’aides pédagogiques. Au Collège de Saint-Jérôme, on offre une formation en matériaux composites et en procédés de moulage par Internet. Celle-ci est cependant non créditée, l’évaluation ne pouvant se faire à distance compte tenu du caractère technique du cours. "Il faut dire que nous n’avons pas vraiment eu de demandes pour que des crédits soient accordés, précise Chantale Perreault, enseignante et cofondatrice de la version Web du cours. Si l’on avait une demande réelle, on pourrait organiser un examen sur place." D’autre part, de plus en plus d’universités dites traditionnelles offrent des cours pouvant être suivis entièrement sur le Web, dont l’Université Laval et l’UQAM. Josiane Ayoub, professeure de philosophie politique à l’université montréalaise, y a notamment donné le cours Les grandes figures intellectuelles du monde moderne, auquel étaient inscrits 43 étudiants. En 1999, elle a également coordonné un séminaire de recherche virtuel traitant de la souveraineté politique à l’heure de la mondialisation. Ce dernier, qui s’adressait aux universitaires de deuxième et troisième cycles, a connu, à son avis, un vif succès. "Les étudiants produiront un livre issu de ce séminaire", souligne-t-elle.

Support informatique
Sans donner leurs cours entièrement sur Internet, d’autres enseignants utilisent le réseau des réseaux comme support pédagogique. Ceux-ci sont nombreux à l’Université de Montréal, dont Sylvain Caron, qui donne le cours Harmonie 1. Ce professeur au département de musique se sert du Web depuis quatre ans pour transmettre ses connaissances aux étudiants. Le corpus de ce cours comprend deux tests en ligne totalisant 10 % de la session et, chaque semaine, les étudiants doivent faire la lecture des notes de cours qui sont sur le site. "Ils arrivent en classe prêts", remarque-t-il. Selon lui, le taux d’absentéisme des étudiants n’est pas influencé par le fait que les notes de cours sont disponibles en ligne. "Durant le cours, il ne faut pas répéter ce qu’il y a sur le site. Internet doit être complémentaire." Son opinion est partagée par Patrice Leroux, qui donne le cours Internet et relations publiques, assisté du Web, à la même université. "Si les étudiants ne viennent pas au cours, leurs notes vont en souffrir, car je rajoute d’autres éléments d’information en classe." À l’ère des communications virtuelles, le bon vieux combo tableau noir, pupitre et stylo semble tout de même là pour rester.