La formation en aérospatiale : Les ailes du destin

La formation en aérospatiale : Les ailes du destin

Septième en importance sur la planète, l’industrie aérospatiale québécoise prend de l’altitude depuis des années. Histoire de ne pas la regarder aller les pieds rivés au sol, voici un survol de ces formations qui propulsent vers un  boulot.

En juillet dernier, lors d’un salon international, le géant Bombardier a annoncé la création de 4000 nouveaux emplois en aéronautique dans la région de Montréal. Si de tels développements ne sont pas le lot quotidien de l’industrie aérospatiale québécoise, celle-ci semble tout de même avoir des ailes, comme l’attestent les trois milliers de nouveaux emplois générés depuis 1998. Pour ceux qui souhaitent saisir l’occasion au vol, il suffit de choisir son programme de formation. Et, selon que l’on aspire à être ingénieur, technicien ou ouvrier, le niveau d’enseignement où on le suivra.

La perspective de concevoir un aéronef ou certains de ses éléments vous enchante? Sachez que les universités Laval, McGill, Sherbrooke et l’École polytechnique ont agrémenté leur baccalauréat en génie mécanique d’une concentration ou d’une banque de cours facultatifs en aéronautique. L’école d’ingénierie du quartier Côte-des-Neiges propose, de plus, une concentration de 15 crédits en technologies spatiales et un certificat en aéronautique. Le diplômé en génie électrique peut quant à lui oeuvrer dans la conception de l’instrumentation des engins aériens. Avoir suivi la concentration de 30 crédits en avionique prévue par l’École polytechnique donne éventuellement un coup de pouce.

Les finissants désirant se spécialiser davantage peuvent se tourner vers la maîtrise de 45 crédits en génie aérospatial, offerte de façon conjointe par les quatre institutions précédentes et l’Université Concordia. À ceux qui anticipent la multiplication des trajets entre leur classe à Montréal et la suivante à Sherbrooke, pas de panique: cette collaboration interuniversitaire oblige simplement le candidat à la maîtrise à suivre deux cours dans d’autres établissements.

Comme celle donnée au baccalauréat, cette formation de deuxième cycle est essentiellement théorique, au dire du coordonnateur du programme pour l’École polytechnique, Jean Rousselet. "C’est la profession d’ingénieur qui est comme ça, explique-t-il. Celui-ci n’utilise pas ses mains très souvent. Son rôle est plutôt de planifier, avec des équations et des modèles, ce à quoi ressemblera l’aéronef lorsqu’il sera construit, par exemple. Ses principaux outils de travail sont le papier, le crayon et l’ordinateur. La maîtrise va dans ce sens-là." Par contre, un stage permet aux étudiants de mettre leur plume et leur talent au service d’une entreprise pendant quatre mois. Et, question de parfaire leur "bagage" avant de décoller, un travailleur est invité à examiner avec eux, pendant toute une session, un cas vécu au sein de sa compagnie.

Avoir la technique
À l’échelon inférieur, l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) du Collège Édouard-Montpetit propose trois programmes techniques à près de 1500 jeunes ou adultes de retour sur les bancs d’école: le plus populaire, en construction aéronautique, aborde la construction de l’avion dans toutes ses étapes. En suivant le programme d’entretien des aéronefs, plus mécanique, le technicien en herbe apprend à réparer et à entretenir les équipements (par exemple, les moteurs). Enfin, la technique en avionique touche à l’ensemble de l’électricité de l’aéronef, des cafetières au tableau de bord. Au prix d’une année supplémentaire, le tandem travail-études permet de réaliser deux stages rémunérés d’une durée de quatre mois chacun.

Tandis que plus de 15 % des finissants de l’ÉNA vont ensuite réchauffer les bancs des universités, le reste de la formation s’oriente vers le marché du travail. Aussi bien dire vers un boulot, étant donné le boum que connaît actuellement l’industrie aérospatiale, affirme le directeur de l’ÉNA, Jacques Gaudreault. "Les compagnies recrutent les étudiants avant même qu’ils aient terminé leur programme. Presque 100 % d’entre eux se placent en aéronautique, dont plus de 95 % dans leur domaine de spécialisation."

En réalité, la demande en main-d’oeuvre qualifiée est si pressante que l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (ÉMAM), une institution de niveau secondaire professionnel, fonctionne désormais 24 heures sur 24 pour y répondre! La multiplication des plages horaires – de jour, de soir et de nuit – a permis de réduire de moitié la liste des aspirants opérateurs, machinistes et monteurs, qui semblent avoir flairé la bonne affaire. Car l’ÉMAM présente elle aussi un taux de placement de près de 100 %, au dire de sa directrice, Danièle Soulières.

Dans cette école-usine unique au pays, les élèves apprennent les rudiments de métiers essentiellement manuels en mettant la main à la pâte, sur un outil de travail qui leur est propre. "Il y a des locaux tout le tour de l’usine qui permettent aux élèves de recevoir la théorie, précise Danièle Soulières. Ils l’appliquent tout de suite après. La majeure partie de la formation (environ 70 %) est pratique."

Quatre programmes, d’une durée variant entre 900 et 1800 heures, conduisent à un diplôme d’études professionnelles (DEP) en montage mécanique, montage de câbles et de circuits, montage de structures, ou en technique d’usinage. Une attestation de spécialisation professionnelle (AEP) sanctionne pour sa part la réussite des programmes en outillage et en outils à commande numérique.

Si l’ÉMAM est la seule école de niveau secondaire spécialisée en aérospatiale, il serait hasardeux d’ignorer des formations plus générales, comme en technique d’usinage ou en mécanique de tôlerie de précision. De même, au cégep, des programmes telle la technique en génie mécanique pourraient fort bien propulser l’apprenti dans l’univers de l’aérospatiale. Prêt pour le décollage?