Les cours de secourisme : Y a-t-il un secouriste dans la salle?

Les cours de secourisme : Y a-t-il un secouriste dans la salle?

Dans les situations d’urgence, chaque minute passée représente une chance de moins de survivre. Demeurer les bras croisés, ignorant, s’excuse difficilement. Guide de  survie…

Un voisin s’effondre sur le trottoir en pelletant la dernière bordée de neige. Bébé s’étouffe avec un Lego. Grand-père risque à tout coup une énième crise cardiaque. Y a-t-il un secouriste dans la salle? Dans les situations d’urgence, composer le 9-1-1 n’offre aucune garantie de survie, mieux vaut donc connaître les techniques de réanimation et de secourisme. Une formation facultative et peu répandue au Québec… mais qui devrait devenir un devoir de citoyen.

Lors d’un arrêt cardiaque, pour chaque minute qui passe, c’est 10 % des chances de survie qui s’envolent. Toutefois, dans la rue, à la maison, au centre commercial, au restaurant, si un accident survient, seulement 6 % de la population sait réagir correctement. Le reste attend les secours des services de santé qui arrivent dans les dix minutes suivant l’appel…

"La plupart des gens estiment que les techniques de secourisme sont compliquées. Au contraire, c’est plutôt simple, rassure le docteur Alphonse Montminy, président de la Faculté des soins d’urgence cardiovasculaire de la Fondation des maladies du coeur du Québec. Il y a des gestes faciles à poser avant l’arrivée des ambulanciers, et qui ont des répercussions très importantes."

Pour ceux qui ne sont pas convaincus: les statistiques démontrent que 70 % des arrêts cardiaques surviennent en présence de proches, et que 50 % des personnes qui meurent d’une crise cardiaque décèdent avant d’arriver à l’hôpital. "Ce n’est pas un acte médical, précise Michèle Mercier, expert de contenu au Service des programmes de secourisme de la Croix-Rouge. C’est un geste pour sauver une vie."

Jouer au docteur
Qui décide, un beau matin, de décrocher le téléphone pour s’inscrire à un cours de secourisme? Il y a d’abord l’humaniste, qui ne veut pas se retrouver impuissant, ignorant devant un collègue, un parent ou un voisin qui s’étouffe ou tombe soudainement par terre; il y a aussi celui dont le conjoint souffre d’une faiblesse cardiaque, celui qui a été conscientisé par la mort d’un proche, ou encore les parents d’un jeune enfant. Toutefois, c’est pour suivre les normes de la Commission de la santé et de la sécurité au travail, boulot oblige, que la majorité des gens suivent la formation.

Vit-on près de personnes âgées, d’enfants ou d’adultes? L’important, c’est de choisir le cours qui correspond à son environnement. En seulement quatre heures, il est possible d’apprendre la réanimation cardiorespiratoire (RCR) et les techniques de déblocage des voies respiratoires à appliquer sur un adulte. Le cours "cardio bébé", d’une durée de six à huit heures, présente les mêmes techniques adaptées aux enfants de un à huit ans.

Pour un cours de secourisme complet, il faudra consacrer une à deux journées. Comment réagir en cas de brûlure, de fracture, de crise d’hypothermie, de diabète, d’empoisonnement? Tout y passe. "Ce qui me surprend le plus, ce sont les idées préconçues qu’entretiennent des gens sur les façons d’intervenir, raconte Luc Poirier, propriétaire d’Atout Plus, un centre qui enseigne le secourisme, certifié par la Croix-Rouge. J’en entends des vertes et des pas mûres! Le peroxyde, par exemple, il est prouvé aujourd’hui que ce n’est pas un bon désinfectant."

Au Québec, cinq organismes sont membres de la Coalition des urgences cardiaques. Il s’agit de la Croix-Rouge, de l’Ambulance Saint-Jean, de la Fédération des maladies du coeur du Québec, de la Société de Sauvetage et de la Patrouille canadienne de ski. Les formations sont à coût modeste: le cours de secourisme général coûte moins de 100 $.

Plus simple que jamais
Depuis le début de l’année, la formation est optimisée. Apprendre le secourisme n’aura donc jamais été aussi facile. "Des changements viennent d’être apportés pour simplifier l’apprentissage et, par le fait même, améliorer la capacité de rétention", souligne Michèle Mercier.

Le seul hic au tableau, c’est que l’apprentissage des techniques de secourisme demeure une initiative personnelle. Dans certains coins du monde, comme à Seattle, ces cours s’inscrivent dans le système scolaire. Le Québec pourrait emboîter le pas. C’est du moins ce que suggère le rapport sur les services préhospitaliers d’urgence du Comité de travail Dicaire, déposé en décembre dernier. Parmi les multiples recommandations visant à améliorer le système, le rapport mentionne l’importance de tels cours au secondaire et au primaire. "Nous avons fait beaucoup de pression ces dernières années pour que la formation devienne obligatoire, rappelle le docteur Alphonse Montminy. Nous allons continuer."