

14 : Théâtre
Luc Boulanger
Photo : Maxime Côté
Focus
Opsis à la russe
Dans le cadre de l’an 3 de son Cycle Tchekhov, le Théâtre de l’Opsis nous plonge au coeur de l’univers fantastique d’Ivan Sidorovitch Joukov avec la pièce La Poste populaire russe d’Oleg Bogaev. Luce Pelletier signe la mise en scène de cette allégorie inspirée d’une nouvelle de Tchekhov, Vanka. Anne Caron interprète le rôle de la reine d’Angleterre, Jacques Godin, celui d’Ivan Sidorovitch Joukov et Stéphane Jacques joue Lénine. Ce spectacle sera présenté à l’Espace Go, du 9 au 27 octobre, juste avant la représentation tardive (22 h 30) de Vania, une "complication" d’Howard Barker à partir d’Oncle Vania de Tchekhov. Mise en scène par Serge Denoncourt, cette création théâtrale sera présentée par neuf comédiens dont Catherine Bégin, Denis Bernard, Jean-François Casabonne, Albert Millaire et Paul Savoie. Au cours du Cycle Tchekhov, Luce Pelletier a signé la mise en scène de plusieurs pièces dont L’Homme en lambeaux, Monsieur Smytchkov et Les Trois Soeurs. Rappelons que l’Opsis a aussi produit plusieurs pièces du célèbre dramaturge et signé une adaptation acclamée de La Mouette. Cette troupe fondée par Serge Denoncourt, Luce Pelletier et Pierre-Yves Lemieux a indubitablement l’âme russe.
À l’Espace Go
Du 9 au 27 octobre
Nos choix – Création
Catoblépas
De Gaétan Soucy
Mise en scène de Denis Marleau
Créée au Théâtre français du Centre national des Arts à Ottawa en mai dernier, reprise ensuite au Festival de théâtre des Amériques, Catoplébas est la première incursion du côté de l’écriture dramatique par l’auteur de La petite fille qui aimait trop les allumettes. Un premier essai "dense et prometteur", avait souligné la critique lors de la création. Le Théâtre d’Aujourd’hui ouvrira sa saison avec cette création du Théâtre Ubu, mise en scène par Denis Marleau – qui est désormais aussi à la direction du Théâtre français du centre national des Arts. La pièce est défendue par deux comédiennes: Annick Bergeron et Ginette Morin.
Au Théâtre d’Aujourd’hui
Du 11 septembre au 6 octobre
Les Laboratoires Crête (troisième et quatrième protocoles)
Conception de Stéphane Crête
Ceux qui ont vu les deux premiers protocoles sont encore sous le charme: le comédien Stéphane Crête a sans doute réalisé le projet théâtral le plus fou de l’année. Le codirecteur artistique de la troupe Momentum a voulu vérifier l’hypothèse que la modification de son état de conscience permettait à l’acteur d’enrichir son jeu. Le troisième laboratoire (du 27 au 20 septembre) expérimentera les changements chez des acteurs dont la conscience est altérée par des "excitants modernes". Le dernier protocole, en novembre, se penchera sur "la corrélation possible entre stimulation sexuelle et interprétation chez l’acteur en représentation"…
Du 27 au 30 septembre
Et du 29 novembre au 1er décembre
Info : (514) 527-7202
L’Hiver de force
De Réjean Ducharme
Mise en scène et adaptation de Lorraine Pintal
Réjean Ducharme, Lorraine Pintal et le TNM forment un prolifique ménage à trois dont chacune des rencontres procure de grands moments de théâtre. On devait voir cette production au dernier Festival de théâtre des Amériques, mais Pintal a jugé (en accord avec son équipe) que le spectacle n’était pas prêt à être dévoilé au public. C’est donc avec beaucoup d’attentes qu’on se rendra au TNM voir le fruit du dur labeur de cette solide équipe (Alexis Martin, Céline Bonnier, Marie Tifo, Anne-Marie Cadieux, Monique Mercure, Pierre Curzi et Brigitte Lafleur).
Au Théâtre du Nouveau Monde
Du 13 novembre au 13 décembre
Le Rire de la mer
De Pierre Michel Tremblay
Mise en scène de Marie Charlebois
Une des plus belles surprises de la dernière saison, côté création, cette pièce, produite par Les Éternels Pigistes en codiffusion avec La Licorne, aborde avec humour des problèmes existentiels sérieux, dont la mort et la maladie. Marie Charlebois joue et dirige habilement une distribution d’excellents comédiens et d’éternels complices: Patrice Coquereau, Isabelle Vincent, Christian Bégin et Pier Paquette.
À La Licorne
Du 13 novembre au 8 décembre
Apasionada
De Sophie Faucher
Mise en scène de Robert Lepage
Voilà longtemps que la comédienne rêvait de créer une pièce sur la peintre Frida Khalo, en collaboration avec le plus visuel des metteurs en scène québécois. Ce projet entre Sophie Faucher et Robert Lepage verra enfin le jour en décembre prochain. Intitulé Apasionada, ce spectacle montrera l’artiste mexicaine dans les derniers moments de sa vie, "en dialogue avec l’ombre de la mort, le soir du vernissage d’une exposition consacrée à son travail". Faucher sera secondée sur scène par Lise Roy et Patric Saucier. Mentionnons qu’il s’agit d’une production de Ex Machina (la compagnie de Robert Lepage) en codiffusion avec le Quat’Sous.
Au Théâtre de Quat’Sous
Du 5 au 22 décembre
Le Ventriloque
De Larry Tremblay
Mise en scène de Claude Poissant
Avec Ogre, Drangonfly of Chicoutimi et Les Mains bleues, l’auteur Larry Tremblay s’est imposé comme une voix unique et importante de la dramaturgie québécoise. Sa toute dernière pièce, Le Ventriloque, sera créée par Claude Poissant et le Théâtre PàP en novembre. La distribution réunira Nathalie Mallette, Nathalie Claude, Frédéric Desager et Daniel Parent.
Du 9 novembre au 8 décembre
Au Théâtre Espace Go
Nos choix – Répertoire
L’Avare
De Molière
Mise en scène d’Alice Ronfard
Pour souligner ses 50 ans d’activité, le TNM présente la pièce qui a marqué les débuts de la compagnie le 9 octobre 1951. À l’époque, Jean Gascon incarnait Harpagon et dirigeait une troupe de grands acteurs, dont les regrettés Guy Hoffmann, Georges Groulx, Denise Pelletier et Robert Gadouas (seuls Jean-Louis Roux, Janine Sutto, Jean-Louis Paris et Gabriel Gascon sont toujours vivants). Cinquante ans plus tard, Alice Ronfard mettra en scène L’Avare, l’une des meilleures comédies de Molière, avec, entre autres, Pierre Collin, Linda Sorgini, Henri Chassé, Gabriel Sabourin, Jacques Lavallée, Jacques Girard, Maxime Denommée…
Au Théâtre du Nouveau Monde
Du 25 septembre au 25 octobre
À toi, pour toujours, ta Marie-Lou
De Michel Tremblay
Mise en scène de Gill Champagne
Avec cette pièce créée en 1971 au Théâtre de Quat’Sous, Michel Tremblay a placé une bombe qui a secoué pendant des décennies l’édifice de la famille québécoise. La pièce a été reprise en 1996 au Théâtre Jean-Duceppe dans une mise en scène de René Richard Cyr. Elle est présentée cet automne dans une production du Trident acclamée par la critique de Québec, et dirigée par le metteur en scène Gill Champagne. La distribution réunira Lise Castonguay, Jasmine Dubé, Linda Laplante et Jean-Jacqui Boutet.
Au Théâtre Denise-Pelletier
Du 28 septembre au 20 octobre
Les Bonnes
De Jean Genet
Mise en scène d’Alfredo Arias
Metteur en scène d’origine argentine, Alfredo Arias revisite la célèbre pièce de Jean Genet et endosse le costume (avec une prothèse) de Madame, apportant à ce personnage un nouvel éclairage très ironique et music-hall. Ce spectacle, présenté dans le cadre de France au Québec/ la saison, met aussi en vedette Marilù Marini et Laure Duthilleul dans le rôle de Solange et de Claire.
À l’Espace Go
Du 26 au 29 septembre
Une si belle chose (Beautiful Thing)
Jonathan Harvey
Mise en scène d’Éric Jean
Le jeune metteur en scène Éric Jean travaille pour la première fois pour la plus ancienne compagnie de théâtre au Canada. Il dirigera deux jeunes comédiens, Marc Beaupré et Hugues Fortin, qui incarneront deux adolescents issus de familles monoparentales dont l’amitié se transforme rapidement en sentiment amoureux. L’auteur aborde des questions d’actualité mais toujours avec humour et beaucoup de tendresse.
Au Théâtre du Rideau Vert
Du 2 au 27 octobre
Hamlet-Machine
De Heiner Müller
Mise en scène de Brigitte Haentjens
Obsédée par les thèmes de la sexualité, du pouvoir, de l’identité et de la création au féminin, la metteure en scène Brigitte Haentjens a trouvé chaussure à son pied avec la pièce du grand homme de théâtre allemand, mort en décembre 1995. Pour Heiner Müller, le personnage de Hamlet incarne l’intellectuel qui porte en lui l’utopie d’un monde meilleur, mais qui ne parvient pas à oeuvrer pour sa réalisation. Avec Hamlet-Machine, le dramaturge a condensé et transposé la célèbre tragédie de Shakespeare dans l’Europe de la seconde moitié du XXe siècle. La pièce raconte "le drame schizophrénique d’une ville, Berlin, et d’un être, Hamlet, coupé en deux. C’est une oeuvre qui clôt le XXe siècle, qui fait table rase sur une cruelle glaciation des espoirs, avec deux personnages (Hamlet et Ophélie) aux prises avec une histoire qui les déchire, les divise et les broie…" Marc Béland et Céline Bonnier sont à la tête de la distribution.
À l’Union française
Du 9 au 20 octobre
Six personnages en quête d’auteur
De Luigi Pirandello
Mise en scène et adaptation de Wajdi Mouawad
"Véritable ode à la nécessité du témoignage et à la création, cette pièce, explique le communiqué du Quat’Sous, est une des premières qui aborde le questionnement métaphysique au XXe siècle, démontre avec vivacité le pouvoir de l’imaginaire sur l’individu qui doit composer avec les grands drames humains." Adapté et mis en scène par Wajdi Mouawad, le spectacle traitera "des questions du mythe et de ses vertus pour un individu, une famille, un peuple". Parmi les comédiens, on trouve Éric Bernier, Muriel Dutil et Hélène Loiselle.
Au Théâtre de Quat’Sous
Du 8 octobre au 17 novembre
Une journée particulière
D’Ettore Scola
Mise en scène de Serge Denoncourt
Ceux qui ont vu le film admirablement défendu par Sophia Loren et Marcello Mastroianni s’en souviennent sûrement avec beaucoup d’émotion. Cette fabuleuse rencontre entre deux solitudes que tout séparait, au cours d’une journée, rendue historique par la visite d’Hitler à Rome: un intellectuel homosexuel et une mère de famille, épouse humiliée et malheureuse d’un homme rustre et partisan fasciste. Un merveilleux duo d’acteurs, Élise Guilbault et Yves Jacques, incarnera ce drôle de couple réuni par l’espoir et la tendresse humaine. Deux être qui, à leur façon, vont réécrire l’histoire de cette journée de 1938.
Au Théâtre Jean-Duceppe
Du 31 octobre au 8 décembre
Credo
D’Enzo Cormann
Mise en scène de Christiane Pasquier
Monique Spaziani est probablement l’une de nos plus grandes comédiennes, mais elle est malheureusement trop souvent dans l’ombre. Depuis quelques années, son jeu a gagné en force, en maturité et en nuances. Elle aura toute la chance de nous montrer l’ampleur de son talent cet automne, puisqu’elle livrera un solo à l’Espace Go sous la direction de Christiane Pasquier. Créée en 1983 au Théâtre de l’Athénée à Paris, Credo, du dramaturge Enzo Cormann, est qualifiée de "soliloque intense et troublant qui exorcise l’insoutenable solitude de l’être"…
Du 20 novembre au 15 décembre
À la salle 2 de l’Espace Go
France au Québec/la saison
Bizarrement baptisé "France au Québec / la saison", l’événement couvre à peu près toute la province (faisant écho aux efforts de décentralisation français, car les artistes proviennent des quatre coins de l’Hexagone), et un vaste champ de disciplines: musique, théâtre, danse, arts visuels, cirque, cinéma, design, littérature, mais aussi "arts des jardins" et culture scientifique!
"Cet événement donnera l’occasion de faire parler de la France un peu différemment, et de découvrir beaucoup d’artistes inconnus au Québec, en espérant qu’ils puissent y revenir", notait Olivier Poivre d’Arvor, lors d’une entrevue au printemps dernier à Paris. Le directeur de l’Association française d’action artistique (l’AFAA), l’organisateur français de la Saison, espère surtout que ça "décontractera un peu la relation France-Québec", la fera sortir de son sempiternel cadre politique, pour en faire une relation normale…
Même si Poivre d’Arvor la juge "un peu sage" à son goût, la programmation se veut axée sur la jeune création hexagonale, que les Québécois connaissent moins. Mais ça ne se vérifie pas nécessairement toujours en théâtre, où les jeunes artistes ont parfois pour noms Roger Planchon ou Georges Lavaudant…
À commencer par la prestigieuse visite de Orestie, dont on vous parlait la semaine dernière, le diversifié volet théâtral comprend 10 manifestations. Fidèle à ses affinités francophiles, l’Espace Go accueillera pas moins de trois spectacles. Du 12 au 15 septembre, on pourra y voir L’Amante anglaise, de Marguerite Duras, une production de 1996 du Théâtre Le Point du Jour. Le codirecteur de cette compagnie basée à Lyon, Michel Raskine, dirige cette pièce inspirée d’un fait divers, où le public assiste de très près à l’interrogatoire d’une femme qui a assassiné sa cousine. Du 19 au 22, avec J’ai gêné et je gênerai, place à l’univers absurde du dramaturge russe Danniil Harms (mort en 1942 dans un asile psychiatrique), rendu sur scène par les marionnettes du Théâtre du Fust, de Montélimar, fondé en 1975 par Émilie Valantin. Il y a aussi quelque chose d’un peu marionnettiste dans Les Bonnes, à l’affiche du 26 au 29 septembre, spectacle remarquable surtout par l’étonnante performance du metteur en scène et comédien d’origine argentine Alfredo Arias, dans le rôle de… Madame. Une Madame stylisée, qui restitue toute la dimension cérémonieuse de la pièce de Jean Genet.
Du 16 octobre au 23 novembre, le Théâtre du Binôme promènera dans une douzaine de villes la dernière pièce de feu Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, mise en scène par François Rancillac. Les Montréalais devront aller à Longueuil, au Théâtre de la Ville, pour voir ce bilan d’une vie dressé par un personnage au seuil de la mort, et qui revient chez lui après 20 ans d’absence.
Le conteur Yannick Jaulin, lui, s’amuse avec la Grande Faucheuse dans un spectacle "à mi-chemin entre le théâtre et le conte", présenté au Quat’Sous, du 11 au 15 septembre. L’artiste – qui a déjà partagé la scène du Cabaret avec Michel Faubert – a écrit J’ai pas fermé l’oeil de la nuit… à partir de contes oraux.
Le conte, art qui semble revenir en vogue autant en France qu’au Québec, est à l’honneur dans deux autres spectacles. D’abord Juré conté, monté par une équipe mixte franco-québécoise de six jeunes conteurs, qui tournera du 22 septembre au 8 octobre. Puis, Parole, des compagnies du Cercle et Non de Nom, qu’on pourra voir – et entendre – au Théâtre Prospero en novembre. Un show qui réunit un conteur, une danseuse et un comédien "malentendant", à la recherche d’un langage commun! Quant au Théâtre du Rideau Vert il ouvrira ses portes, du 13 novembre au 8 décembre, au Théâtre National populaire de Villeurbanne dirigé par Roger Planchon. Ce personnage important de la scène française partage la vedette avec Anna Prucnal dans Le Chant du cygne et autres histoires, une collection de textes de Tchekhov portant sur les "gens de théâtre", dont il signe également l’adaptation et la mise en scène. (Marie Labrecque)
En marge
L’automne sera chargé pour ceux qui oseront poser le pas hors des sentiers battus. Tout d’abord, de la belle visite de Québec. Le Théâtre Pupulus Mordicus s’amène avec, dans ses valises, le diable lui-même! La compagnie présentera à la salle Fred-Barry sa version pour marionnettes du mythe faustien, Faust, pantin du diable, créée en 1995. L’histoire du diabolique docteur est décidément très tendance: après avoir été jouée ici cet été par les Baladins du Miroir, à l’invitation du Festival Juste pour rire, la voici couchée sur papier par Marie-Christine Lê-Huu et mise en scène par Philippe Soldevila. Jusqu’au 22 septembre. L’autre show à ne pas rater en septembre est Carlos in Therapy, une création collective bilingue dirigée par Stacey Christodoulou (ce dernier sera aussi, cet hiver, à la barre de Blasted, au Quat’Sous). Comme sa précédente oeuvre, Human Collision/Atomic Reaction, cette pièce "explore les rouages de l’espace intérieur par rapport à ceux de l’espace extérieur". Avec Philippe Ducros, Alex Ivanovici, Marina Lapina, Caroline Lavoie et Elizabeth Robertson. Au Théâtre Prospero du 11 au 29 septembre.
Après La Salle no 6, le metteur en scène russo-montréalais Alexandre Marine s’attaque à l’adaptation d’une autre nouvelle de Tchekhov, Le Récit d’un homme inconnu, qui deviendra à la scène Le Laquais, un thriller dans lequel un tueur se fait embaucher comme valet chez sa future victime. Le directeur du Théâtre Deuxième Réalité a fait appel à des interprètes qu’il connaît bien: Stéphane Brulotte, Patrice Gagnon, Karyne Lemieux et Vitali Makarov, ainsi qu’à de nouveaux venus: Hélène Bourgeois Leclerc et Frédéric Paquet. La "petite musique" propre à l’oeuvre de l’auteur de La Cerisaie se fera entendre au Théâtre La Chapelle, entre le 4 et le 21 octobre.
Michel Tremblay n’est pas le seul auteur fétiche d’André Brassard; le célèbre metteur en scène a aussi un faible pour Jean Genet: il va bientôt s’attaquer à Elle, une pièce inédite et inachevée. La distribution est prometteuse: Simone Chevalot, Marcelo Arroyo, Danny Gagné et Miro.
Au Théâtre Prospero du 9 octobre au 4 novembre. Les amateurs de titres bizarroïdes seront alléchés par le nouveau solo de François-Étienne Paré: À force de compter sur quelqu’un ou quelque chose on en oublie ses tables de multiplication, second volet d’une trilogie sur l’identité amorcée l’an dernier. Du 17 octobre au 3 novembre, salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d’Aujourd’hui. Deux pièces prennent l’affiche le 30 octobre. D’abord, La Mort des mots, troisième production du Théâtre de l’Abysse en moins de deux ans. Ce "drame d’anticipation sur le cours de la vie", de Pierre-Olivier Pineau, raconte une triste histoire, celle de la "privatisation" du langage. Julien Blais dirigera Maude Campeau, Nathalie Costa, André Delage, Catherine Hamann et Éric Paulhus dans cette "dénonciation du mercantislisme à outrance". Citoyens, rendez-vous au Monument-National, avant le 24 novembre!
Présentée en simultané, De la vie, entre autres choses, questionnera aussi, à sa façon, la société actuelle. Les habitués du Théâtre Urbi et Orbi seront en terrain connu, puisque Yvan Bienvenue s’installe à la salle Fred-Barry avec trois courtes pièces, dont l’une (Mélodrame) figurait déjà au programme des derniers Contes urbains. Le poète reviendra d’ailleurs à l’attaque avec une nouvelle cuvée de ses contes du temps des Fêtes à La Licorne, dès le 12 décembre.
À voir aussi: Parole, un spectacle français réunissant une chorégraphe (Pascale Houbin), un conteur (Abbi Patrix) et un acteur (Levent Beskardes) sur la scène du Prospero, du 9 au 13 novembre. À la tête d’un groupe de diplômés, Marc Doré sera de passage à la salle Fred-Barry du 27 novembre au 15 décembre avec Le Cirque et après. Deux dernières suggestions, à La Petite Licorne: La Terre est tellement grande, one woman show de Margaret McBrearty, en septembre; et Histoire ancienne, de l’Américain David Ives, monté par Frédéric Blanchette, du 18 novembre au 3 décembre. (Catherine Hébert)
Et aussi
Septembre
Deux spectacles sont déjà à l’affiche: Faust, pantin du diable, à la salle Fred-Barry; et L’Orestie, d’Eschyle, dans une mise en scène de Georges Lavaudant au TNM (voir aussi le texte sur le volet théâtre de l’événement France au Québec). La saison commence avec deux reprises chez Duceppe: 24 poses (portraits) et Les Voisins de Claude Meunier et Louis Saia, qui s’arrête au Théâtre Maisonneuve, du 6 au 15, avant de faire une tournée en 2002. Un autre succès créé chez Duceppe l’an dernier, Mambo Italiano, de Steve Gallucio, sera présenté dans sa version originale anglaise au Centaur. Du 25 septembre au 21 octobre. Le directeur du Centaur, Gordon McCall, signe la mise en scène.
Le Théâtre du Rideau Vert tient à souligner les 40 ans de vie artistique de Sol en présentant une série de trois spectacles avec Marc Favreau, qui débutera le 18 septembre, et se poursuivra en décembre et février. Le comédien en profite aussi pour lancer cette semaine un disque (Sol/Le Retour aux souches… la suite, chez Analekta) rassemblant les meilleurs extraits de ses spectacles présentés entre 1986 et 1996.
Pascal Rollin remercie Jean Valcourt de lui avoir donné la piqûre du théâtre classique dans la grande tradition du théâtre français. C’est en pensant à l’ancien directeur du Conservatoire d’art dramatique que Rollin a concocté le projet de mettre en scène Britannicus, ce Jean Racine, à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, du 12 au 22 septembre. Dans la distribution, on retrouve Dorothée Berryman qui incarnera Agrippine.
Après un accueil enthousiaste au printemps dernier, Le Visiteur reviendra du 18 au 30 septembre au Gesù avant d’entreprendre une tournée québécoise. La pièce d’Éric-Emmanuel Schimtt met en vedette Jean-Louis Roux et Emmanuel Bilodeau respectivement dans les rôles de Freud et de Dieu. Présenté cet été sous chapiteau au Mont-Tremblant, Le Cirque Eos sera au Théâtre Hector-Charland, à L’Assomption, avec son spectacle Imaginaire, du 15 au 18 septembre, avant de partir aux États-Unis.
Le Théâtre de la Manufacture a choisi d’amorcer sa saison avec une pièce qui a été acclamée au Canada, La Reine de beauté de Leenane, de Martin McDonagh. Martin Faucher dirigera Micheline Bernard, Steeve Laplante, Jean Maheu et Denise Gagnon, une comédienne qui joue beaucoup à Québec mais qui reste peu connue à Montréal. Dès le 19 septembre à La Licorne.
Le Théâtre de Rougemont poursuit ses activités cet automne en présentant À la recherche d’Elvis, une comédie de Marcia Kash, mise en scène par Serge Denoncourt, avec Normand Lévesque, Patrick Hivon, Michel Poirier, Maude Guérin, Marie-Chantal Perron et Sylvie Potvin. La pièce tiendra l’affiche tout l’automne, et ce, dès le 13 septembre.
Le Théâtre de la Récidive célèbre ses 10 ans en proposant une série de 10 lectures spectacles au Théâtre Prospero intitulée Voix du monde: Un théâtre pour la paix. Un voyage de dix pièces sur cinq continents qui s’amorcera le 24 septembre avec Mein kampf (farce) de George Tabori, mise en lecture par Jean-Claude Côté. Ensuite, le 15 octobre Wajdi Mouawad dirigera Pourquoi Benerjdi s’est-il suicidé ? de Näzim Hikmet.
À l’Espace Geordie (4001, rue Berri), jusqu’au 15 septembre, le Théâtre de la Névrose met à l’affiche une comédie sur le mariage intitulée 27 juillet 1997 (y’faisait pas beau). Au même endroit, dès le 21 septembre, la jeune auteure diplômée de l’UQAM, Marcelle Dubois, mettra en scène sa création, En vie de femmes, avec sept comédiennes.
Le Théâtre du Klaxon met à l’affiche de la salle intime du Théâtre Prospero Vitrine, un texte écrit à quatre mains (Dominique Denis et François Shanks) et porté sur les planches par Steve Pilarezik (du 11 au 22 septembre. Quatre jours plus tard, la compagnie L’être insecte proposera, dans la même salle, deux pièces (Un crocodile dans le collimateur et Un sac à main édenté). Les deux pièces, signées et mises en scène par Olivier Allorent, sont à l’affiche jusqu’au 6 octobre.
Octobre
Un des plus beaux petits spectacles du dernier Festival de théâtre des Amériques, Jimmy, créature de rêve, sera à nouveau présenté à l’Usine C, du 10 au 20. La création de Marie Brassard partira ensuite en tournée européenne, dont à paris, au Petit Odéon, en janvier 2002.
Le Théâtre de la Ville va reprendre une création du PàP signée et dirigée par Claude Poissant, Les Enfants d’Irène (le 25 et 26 octobre).
Pendant les travaux de rénovation de l’Espace Libre, le Nouveau Théâtre Expérimental proposera seulement un spectacle-atelier cet automne, à l’Auditorium de l’Hôpital Sainte-Justine. Le NTE désire interroger le désir de l’acteur face au personnage qu’il veut incarner, en l’occurrence Dave Richer, qui veut jouer Richard III. Alexis Martin, Jean-Pierre Ronfard et Dave Richer signeront ce spectacle-concept avec des extraits de la pièce de Shakespeare. Du 16 au 27.
Art, le gros succès de l’auteure française Yasmina Reza, sera produit au Centaur dans la traduction de Christopher Hampton (dès le 23 octobre).
Du 19 au 28 octobre, le Festival interculturel du conte du Québec, dirigé par Marc Laberge, réunira les plus grands conteurs de la francophonie dans les maisons de la culture et au Musée Pointe-à-Callière.
De jeunes artistes de Québec, regroupés sous le Théâtre des Fonds de Tiroirs, présenteront pour la première fois un spectacle à Montréal. Le Cid magané de Réjean Ducharme, mis en scène par Frédéric Dubois, une pièce créée en 1968 qui bouscule le classique de Corneille. Du 4 au 20 octobre à la salle Fred-Barry.
Après Floes, le Théâtre d’Aujourd’hui proposera une deuxième pièce de Sébastien Harrisson: Titanica, la robe des grands combats, Edmund C. Asher, Londres, 1968 (qui est son premier texte, en fait, créé à l’École nationale de théâtre). Le jeune auteur pourra compter sur une distribution haut de gamme: Andrée Lachapelle, James Hyndman, Gérard Poirier, Dominique Quesnel, Violette Chauveau, Jean-François Pichette, Frédérique Collin et plusieurs autres comédiens. Du 23 octobre au 17 novembre.
La Licorne compte pas moins de cinq reprises de pièces créées récemment dans sa programmation 2001-2002. Parmi celles-ci, l’originale et divertissante comédie d’anticipation CyberJack, de Michel Monty, avec Michel-André Cardin et Stéphane Demers. Du 30 octobre au 10 novembre.
Eko, divertissements nocturnes pour marionnettes consentantes sera présentée en reprise à L’Usine C du 24 octobre au 3 novembre.
L’artiste interdisciplinaire Nathalie Derome reprendra son "solo low-tech" Du temps d’antenne, du 17 au 27 octobre, dans une salle située au 813, rue Ontario Est.
Novembre
Un des titres les plus intrigants de l’automne est certes Requiem pour un con… Un spectacle musical et théâtral librement inspiré des textes de Serge Gainsbourg et signé Brigitte Saint-Aubin, dans une mise en scène d’Éric Jean. Au Théâtre Prospero, du 21 novembre au 8 décembre.
Du 6 novembre au 1er décembre, Les Trois Mousquetaires, d’Alexandre Dumas, prendra l’affiche du Théâtre Denis-Pelletier. La mise en scène a été confiée à Fernand Rainville. Carl Béchard, Gary Boudreault, Louis Champagne, Normand d’Amour et Maxim Gaudette font partie de la bande d’acteurs qui défendront cette pièce.
Le Théâtre le Pont-Bridge présentera la reprise de MeMyLeeMiller, de Carole Nadeau, au Hors-Bord, un loft du boulevard Saint-Laurent, du 8 au 24 novembre.
Le Théâtre de Fortune nous fera pénétrer dans l’univers trouble de Thomas Bernhard, avec Match, du 27 novembre au 8 décembre, dans la salle intime du Théâtre Prospero. Le Théâtre Longue Vue a bifurqué du côté du répertoire anglais avec La Tempête, de Shakespeare, dans une mise en scène d’Yvon Bilodeau, avec, entre autres, Marthe Turgeon et Vincent Bilodeau. Du 1er novembre au 1er décembre, au Gesù.
Le metteur en scène Patriq Chénier avait signé une intéressante reprise de Cul sec, une pièce de François Archambault. La modeste production, portée par de bons jeunes comédiens, si bien marché que la compagnie a décidé de réitérer l’expérience à la Balustrade du Monument-National. Les 8, 9, 10, 15, 16 et 17 novembre. (Luc Boulanger)
Jeune public
Cabaret, danse contemporaine, théâtre d’objets pour bébés-spectateurs, le théâtre jeune public n’aura jamais été aussi diversifié que cet automne. Le coup d’envoi de la saison est donné par la chorégraphe Hélène Blackburn, qui initiera les bambins de 6 à 10 ans à la danse contemporaine avec Nous n’irons plus au bois, un collage de récits abordant les peurs des tout-petits, porté par six danseurs. À la Maison Théâtre, du 18 au 23 septembre.
L’Homme, Chopin et le petit tas de bois prendra ensuite le relais rue Ontario, du 26 septembre au 14 octobre. Un ermite (Jean Guy) se lie d’amitié avec un rongeur mélomane. Cette pièce de Reynald Robinson, mise en scène par Michel Nadeau, a été jouée plus de 200 fois depuis sa création en 1993. Pour les 4 à 7 ans. La saison se poursuit à la Maison Théâtre avec Le Royaume des Chus, un succès pour les 10 à 15 ans qui aurait peut-être fait sourire le défunt George Dor… "Chus déçue!" Désespérée par le gâchis qu’est devenu son royaume, la Chue-Reine veut s’enfuir mais le Chu-cuisinier ne l’entend pas ainsi… On retrouve entre autres sur scène les auteurs de cette fable: Jean-François Boudreau, Benoît Jetté et Sarto Gendron.
Après avoir oeuvré pour différentes compagnies (et écrit le spectacle de marionnettes Les Gardiens du feu, qui sera créé par L’Avant-Pays en décembre), Joël da Silva présente sa première oeuvre solo, Le Magasin des mystères (nouvelle administration). Accompagné du pianiste Jean-Luc Éthier, l’auteur, compositeur et comédien offre un show de cabaret composé de dix historiettes de son cru. Pour les 8 à 11 ans. À la Maison Théâtre, du 24 octobre au 4 novembre. Au même endroit s’installe ensuite la compagnie française Agitez le Bestiaire. "Trois Petits Chantiers est un spectacle sur la poésie de l’objet, un théâtre pour les plus petits (3 ans et plus) où les mots, tout comme le bois, le papier et la ficelle, deviennent matière à jouer." Du 7 au 25 novembre. Un saut s’impose ensuite à Beloeil, où l’Arrière-Scène créera, le 18 novembre, Le Garçon aux sabots, un spectacle de Marie-Line Laplante. Avec six comédiens d’origines ethniques différentes. Une autre primeur y sera offerte le 9 décembre: Le Pingouin, dixième création de Jasmine Dubé.
Impossible de nommer toutes les pièces en tournée cet automne. Des suggestions: Les Papas, Les Petits Orteils et Les 2 Soeurs, au Théâtre d’Aujourd’hui en décembre; L’Orchidée, le 4 novembre et La Mère Merle, le 16 décembre au Théâtre de la Ville; La Tribu Hurluberlu, le 25 novembre, à la salle Pierre-Mercure; Au moment de sa disparition, le 9 novembre à la maison de la culture Villeray. (Cahterine Hébert)
Humour
Cet automne, outre les festivités entourant le 20e anniversaire de la formation de RBO, deux nouveaux spectacles d’humour sont très attendus.
Tout d’abord, François Morency est de retour sur scène avec son deuxième one man show. Dès le 9 octobre, l’humoriste présentera au Monument-National la première montréalaise de son show, qu’on dit encore plus personnel que le précédent, Nouvelles Valeurs. Parmi les thèmes abordés par ce comédien qu’on a vu cet été au cinéma cet été dans le film d’Émile Gaudreault, Nuit de noces, mentionnons sa peur de l’engagement et sa phobie de vieillir, son impatience et son impulsivité… Pour l’écriture des numéros, Morency a collaboré avec les scripteurs Benoît Pelletier, Jean-François Mercier, Sylvain Larocque et Daniel Thibaut.
Autre événement: le retour de deux vieux complices, Dany Turcotte et Dominique Lévesque (plus de 15 ans de collaboration artistique depuis les débuts du Groupe Sanguin!), avec Lévesque & Turcotte, sous observation. Le spectacle sera lancé à Montréal, du 20 au 24 novembre, au Théâtre Saint-Denis.
Laurent Paquin, qui avait fait une très bonne Première Impression au dernier Festival Juste pour rire, reprendra son sympathique one man show au Gesù (les 2, 3 et 4 octobre). Un autre jeune stand up comic, Sylvain Larocque, se produira un soir, le 19 septembre, à la salle André-Mathieu à Laval avec un show bien nommé Tueur à gags.
Finalement, plusieurs personnalités participent à la fin du mois à Humour en santé, un spectacle-bénéfice, au profit de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Parmi eux: Michel Barrette, Jean Lapointe, François Léveillée, François Massicotte, Sol, Jean-Marc Parent et plusieurs autres. Au Centre Molson, le jeudi 27 septembre à 19 h. Réservations: (514) 252-3435.