Rentrée : Arts visuels

Rentrée : Arts visuels

Nos choix: la 3E Biennale de Montréal

Claude Gosselin

, commissaire de la Biennale de Montréal 2002, reprend la barre de l’événement, comme lors de sa version inaugurale en 1998. Après une édition 2000 dirigée par la Torontoise Peggy Gayle et qui fut de qualité surtout grâce aux jeunes artistes québécois comme Nicolas Baier, Jean-Pierre Gauthier et Massimo Guerrera, cette année s’annonce-t-elle excitante?

Le thème central, "Plaisirs, passions, émotions", sera-t-il fourre-tout – comme c’est souvent le cas dans ce genre d’événements, qu’ils aient lieu à Venise, à New York ou ici même – ou le signe d’une vision juste des tendances profondes en art actuel? Le parti pris de Gosselin – rendre compte de la place prépondérante du dessin en art contemporain – me semble très pertinent. J’ai donc très hâte de voir, dans le quartier de la Cité du multimédia, les pièces d’Alain Paiement, Marcel Dzama, Ed Pien, David Blatherwick, Kiki Smith, Bruno Peinado… S’y ajoutera un hommage à Betty Goodwin.

Plusieurs galeries s’associent au projet: chez Pierre-François Ouellette, Ed Pien organise "Manifestations: dessins choisis", une exposition incluant Roland Sohier, Kim Moodie, Christopher Lori, Oscar Camilo de las Flores et Pien lui-même (du 21 septembre au 27 octobre). Le galeriste René Blouin proposera plus de 70 dessins de vautours de Rober Racine (du 28 septembre au 9 novembre).
Du 26 septembre au 3 novembre

Richelieu – L’art et le pouvoir au Musée des beaux-arts

Vous connaissez tous les tableaux de Georges de La Tour. Ces fameuses peintures intimistes aux éclairages nocturnes ont été souvent reproduites sur des posters et même sur des cartes de Noël. Mais avez-vous déjà vu une de ces toiles pour de vrai? Avec Nicolas Poussin, Charles Le Brun, Simon Vouet, Claude Lorrain – et bien d’autres artistes français du Grand Siècle, le 17e -, il prendra l’affiche au Musée des beaux-arts dans une exposition dédiée à la politique artistique du cardinal de Richelieu, ministre de Louis XIII. Ces artistes seront représentés par certaines pièces majeures comme Le Triomphe de Pan de Poussin, en provenance de la National Gallery de Londres.
Du 20 septembre au 5 janvier

Sam Taylor-Wood au Musée d’art contemporain

Récipiendaire du célèbre Turner Prize, Sam Taylor-Wood est une vedette du milieu de l’art. En 1997, elle a reçu le prix de la jeune artiste la plus prometteuse à la Biennale de Venise et fit partie de la très tapageuse exposition Sensation. Cette année-là, son mariage avec le très important marchand d’art Jay Jopling, qui représente entre autres Damien Hirst et bien d’autres jeunes vedettes anglaises, faisait la manchette des journaux branchés… Depuis, sa carrière n’en finit plus d’être médiatisée. En 2000, elle n’a pas hésité à travailler pour le magasin Selfridge à Londres – qu’elle considère comme "un temple du shopping" -, réalisant la photo la plus grande du monde: celle-ci couvrait toute la façade de ce commerce, et mettait en vedette Elton John. On pourra juger son travail au Musée d’art contemporain.
Du 11 octobre au 12 janvier

Et aussi

Septembre

Le Musée d’art contemporain (MAC) démarre aussi l’automne en lion. L’installation sonore et visuelle du cinéaste Atom Egoyan – réalisée en résidence au Musée – vient d’être dévoilée (jusqu’au 6 octobre). Tout de suite après, le MAC enchaîne avec une installation de l’artiste multidisciplinaire Alexandre David (du 19 septembre au 3 novembre). J’attends avec curiosité la prestation de David, lui dont j’avais apprécié les photos trompe-l’oeil à la galerie Optica en 2000. David sera d’ailleurs de retour dans un événement présenté par ce centre puisqu’il fera partie de La Demeure, organisée par la commissaire Marie Fraser. À travers la ville, dans des lieux privés et publics, on retrouvera des pièces de Kim Adams, Marie-Suzanne Désilets, Marie-Ange Guillemot, Daniel Olson… (du 13 septembre au 7 décembre).

Le Centre d’exposition de l’Université de Montréal présente un hommage à Pierre Granche, décédé en 1997. Alors qu’on assiste à la triste disparition du programme d’arts visuels à l’UdM, il est bon de faire un retour sur cet artiste qui fut l’un de ses piliers. Du 30 septembre au 7 novembre.

Côté centres d’artistes? J’ai toujours beaucoup apprécié le travail de Bertrand R. Pitt, c’est pourquoi je surveillerais avec attention à la Galerie B-312 sa nouvelle vidéo réalisée en Suisse (du 7 septembre au 5 octobre). On suivra Jocelyn Robert qui proposera ses oeuvres audio et vidéo chez Oboro (du 14 septembre au 19 octobre) ainsi que Robert Saucier et Manuela Lalic qui prendront l’affiche chez Circa (du 14 septembre au 12 octobre).

Sylvain Bouthillette et David Elliott seront en duo pictural dans le quartier Côte-des-Neiges (jusqu’au 6 octobre); et l’exposition internationale de photo-journalisme World Press sera sur le Plateau-Mont-Royal (du 6 au 29 septembre).

En dehors de Montréal, le Musée canadien de la photographie contemporaine à Ottawa sera une destination incontournable. Il ne vous reste que quelques jours pour aller y admirer l’expo de Robert Frank qui s’achève le 12 septembre. Suivra la rétrospective des 25 ans de carrière de Ken Lum qui permettra de voir comment il a envisagé la notion de portrait. Du 22 septembre au 12 janvier. Il faudra aussi aller au Musée d’art de Joliette pour juger du travail de Jean Noël qui, depuis les années 60, réalise des sculptures inclassables. Le centre d’exposition du Vieux-Palais de Saint-Jérôme se penche sur le corps gai avec une vingtaine d’artistes dont Johannes Zits, Attila Richard Lukacs, Diane Arbus, Evergon… (du 8 septembre au 3 novembre). Et Éric Boutin sera au Vieux Presbytère St. Mark à Longueuil (du 3 au 28 septembre).

Octobre

Dans le cadre du Festival International du Nouveau Cinéma et des Nouveaux Médias, la Cinémathèque québécoise présentera une rétrospective des oeuvres filmiques de Michael Snow ainsi que son dernier long métrage, Corpus Callosum. De plus, trois installations de Snow occuperont l’espace de la Cinémathèque.

Ce sera aussi un automne important pour le photographe Alain Paiement après une courte éclipse ces dernières années. Il sera présent à la Biennale mais aussi dans une expo solo à la Galerie de l’UQAM, présentée par la chevronnée commissaire Anne-Marie Ninacs (du 18 octobre au 23 novembre).

Toujours côté art contemporain, la salle Zone libre du Musée des beaux-arts poursuit son mandat consistant à offrir un espace expérimental à de jeunes artistes. L’installation très réussie de Jean-Pierre Gauthier, qu’il ne faut rater sous aucun prétexte (elle s’achève le 22 septembre), laissera sa place à une fresque de l’artiste américaine Jessica Diamond, à partir du 17 octobre.

Côté galeries et centres d’artistes: l’artiste contestataire César Saëz proposera photos et vidéo de son intervention clandestine au Musée du Louvre chez Lilian Rodriguez (du 26 octobre au 23 novembre); Carl Trahan sera à la Galerie Clark avec ses nouvelles photographies et installation (du 24 octobre au 30 novembre); le Français Georges Rousse occupera les locaux de Graff (du 10 octobre au 9 novembre); la sculpteure Louise Viger et le photographe André Martin seront présents chez Circa (du 19 octobre au 16 novembre); la jeune photographe Maryse Larivière occupera Skol (du 21 septembre au 26 octobre); le photographe Yan Giguère présentera La Tentation de la transparence chez B-312 (du 12 octobre au 9 novembre) et sera accompagné par Renée Lavaillante qui sera de plus chez Sylviane Poirier (du 9 octobre au 10 novembre). Et le peintre Stéphane LaRue sera de retour chez Roger Bellemare du 12 octobre au 30 novembre.

Novembre

Le vidéaste Nicolas Renaud n’exhibe pas souvent ses douloureuses interventions mais quand il le fait, c’est toujours un choc. C’est pourquoi il faudra se précipiter au centre de photographies actuelles Dazibao entre le 14 novembre et le 14 décembre. Nadine Norman, surtout connue pour son intervention Call-girl à Paris où elle offrait le temps de ses filles dans les locaux de la Délégation du Canada, sera-t-elle aussi aguicheuse au Musée d’art contemporain? Son solo Je suis disponible. Et vous? sera à surveiller très attentivement à partir du 21 novembre. On ira aussi voir Nathalie Grimard à la Galerie Trois Points (du 23 novembre au 14 décembre), Thomas Corriveau chez Graff (du 14 novembre au 21 décembre), Vera Greenwood chez VOX (du 7 novembre au 19 janvier), Paul Landon et son installation vidéo chez Dare-Dare (du 16 novembre au 14 décembre). Finalement, pour être encore plus branché, le 16 novembre il faudra absolument assister sur place ou live sur Internet au colloque interdisciplinaire Abus mutuel, réalisé par Optica grâce aux commissaires François Dion et Marie-Josée Lafortune.