Rentrée : Livres

Rentrée : Livres

Livres d’ici: nos choix

Parmi les livres attendus figure celui de Michael Delisle, Dée. L’auteur des romans Helen avec un secret et Le Désarroi du matelot jouit d’une réputation enviable. Son écriture ciselée, sensible et dénudée mais cinglante, a le don de rendre les personnages palpables et de les montrer sous leur jour le plus cru. (début sept., Leméac)

Marie-Sissi Labrèche publiera… La Brèche, un second roman après le très bon Borderline, qui l’imposa sur la scène littéraire québécoise. Dans cet ouvrage, l’auteure construit le même personnage à la voix toujours aussi directe, mais cette fois aux prises avec une passion amoureuse dévorante. (mi-sept., Boréal)
Jacques Poulin nous revient avec un roman qui porte un bien joli titre: Les Yeux bleus de Mistassini. Poulin, qui figure certainement parmi les auteurs québécois les plus lus, récidive avec un personnage sorti de Jimmy, écrit en 1961. Encore au centre de ce nouvel opus: l’écriture et la magie des livres. (oct., Leméac)

Et aussi… Élise Turcotte publiera un roman fin octobre: La Maison étrangère (Leméac), qui met en scène une héroïne dont les recherches portent sur les représentations du corps dans les bestiaires médiévaux. Roman sur l’amour et la quête de soi, La Maison étrangère promet par son thème original.

Et puis, un écrivain qui s’est fait remarquer par la télévision tout récemment avec la série La vie la vie, Stéphane Bourguignon, revient aussi avec un roman dont on ne connaît pas encore le titre. Il est attendu chez Québec Amérique, qui vient de revamper sa collection Littérature d’Amérique, dans laquelle paraît ce nouveau Bourguignon (fin oct.).

Autre roman attendu: Music-hall, de Gaétan Soucy, que l’on pourra lire très bientôt (sept., Boréal). Encore au Boréal, un recueil de nouvelles de Christiane Frenette, Celle qui marchait sur du verre, qui paraîtra début octobre. Boréal a également réussi un bon coup en obtenant les droits francophones pour le Canada des Corrections, de Jonathan Franzen (début sept.). Franzen est la révélation américaine de l’heure, lui qui bénéficie d’une excellente réputation d’emmerdeur, puisqu’il a refusé d’entrer dans le club littéraire très sélect de la célèbre (et puissante) Oprah Winfrey. Chez le même éditeur, Rober Racine publiera L’Ombre de la terre, et France Daigle, Petites difficultés d’existence, tous deux début septembre; quant à Robert Lalonde, il fera paraître un roman intitulé Un jardin entouré de murailles, début novembre.

Chez Alire, maison québécoise spécialisée en "paralittérature", le gros coup de la rentrée est la réédition de la Tapisserie de Fionavar de l’écrivain canadien (il vit à Toronto) Guy Gavriel Kay, traduite par Elizabeth Vonarburg (mi-nov.), et la sortie en septembre de sa Mosaïque sarantine, également traduite par Vonarburg. Signalons également la parution d’un nouveau thriller de Patrick Sénécal, Les Sept Jours du Tallion (mi-oct.).

D’autres romans sont prévus, signés par des auteurs peu connus mais qui ont fait mouche avec leurs premiers livres: c’est le cas de Catherine Mavrikakis, qui publiera Ça va aller (Leméac, oct.); de Philippe Poloni, avec Des truites à la tomate (fin sept., Québec Amérique); de Luc Larochelle avec Amours et autres détours (Triptyque, oct.).

Chez XYZ, des noms plus connus aussi: ceux de Sergio Kokis, qui publie ces jours-ci Le Magicien; de Noël Audet, Les Bonheurs d’un héros incertain (oct.); de Brigitte Caron, Le Temps des amours lucides (nov.); et un retour attendu, celui d’Esther Croft, avec De belles paroles (sept.); également, de Pierre Tourangeau, qui fera paraître Le Retour d’Ariane quelque part à l’automne. Un autre journaliste, Gilles Gougeon, publiera un second roman, Catalina (Libre Expression).

À L’instant même, on attend aussi Banlieue, de Pierre Yergeau (mi-sept.), Hôtel des brumes, de Christine Lahaie (mi-sept.), L’Imaginaire de l’eau, de Danielle Dussault (oct.). Chez Lanctôt, un roman de Georges Anglade, Ce pays qui m’habite (sept.), et le troisième roman d’Audrey Benoît, Le Lendemain du quatrième soir (oct.). Chez Québec Amérique, Jean-François Beauchemin publie Le Petit Pont de la louve (mi-oct.) et Pierre Fortin, un thriller, Le Marcheur (oct.). Du côté de Vlb éditeur, soulignons La Route de l’Ouest, du correspondant de La Presse Richard Hétu (oct.); Lettres de prison, de Marie Gagnon (nov.); et Confessions d’un paquet d’os, de Claude Messier (sept.), cet homme courageux atteint de dystonie musculaire et paralysé, qui publie un premier récit autobiographique. Également, une nouvelle intrigante, la réécriture et réédition d’un excellent livre de Dany Laferrière: Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit?, dont la sortie est prévue pour novembre. Chez l’Hexagone, on nous annonce Le Crime inachevé, d’une certaine Anne Laurier, pseudonyme qui cacherait le nom d’une auteure connue (sept.).

Puis, à La courte échelle, deux auteurs maison: Raymond Plante avec Les Veilleuses (début oct.) et Maryse Pelletier avec La Duchesse des Bois-Francs (fin oct.).

Enfin, quelques nouveaux romanciers nous arrivent: Larry Tremblay, qui publiera Le Mangeur de bicyclette (Leméac, mi-sept.); Corinne Larochelle, et son recueil de nouvelles La Nuit sans épaule (oct., Herbes rouges); et un premier roman, Ne dis rien, de Marie-Geneviève Cadieux (Herbes rouges, sept.). Autre premier roman attendu: celui du dramaturge Wajdi Mouawad, dont le titre n’est pas encore trouvé, et qui sortira en octobre.

Chez Trait d’union, on annonce un thriller de Robert Brisebois, Les Amants du pont Jacques-Cartier; et de Gaëtan Brulotte, un recueil de nouvelles: La Vie de biais.

Dans la collection "Ici l’ailleurs" chez Leméac, signalons Jours de sable, d’Hélène Dorion, et Au pays des mers, de Sylvie Massicotte, deux récits autobiographiques (sept.)

Enfin, les jeunes éditeurs continuent de travailler fort: à l’Effet pourpre, on annonce parmi d’autres un roman au joli titre de Sylvain Houde, Ils iront au firmament (oct.) et une biographie de Sir Robert Gray: Louis Mountbatten: une biographie intime (nov.). Chez Le Marchand de feuilles, on prépare la publication cet automne d’un roman de C. T. Berthiaume, Le Bonheur sans queue ni tête; un autre de Florence François, Dans la buée d’un café froid; et un recueil de nouvelles, Sourires de requins, de Michael Horn.

Quelques essais et documents
Nous avons bien hâte de lire Paroles d’hommes (Québec Amérique, sept.), de Mathias Brunet qui a recueilli des confidences de Pierre Foglia, Guy A. Lepage, Emmet John "Pops", Richard Garneau et Denys Arcand. M’est avis que ce livre fera jaser…

Autre curiosité, qui n’a aucun rapport, La Pierre angulaire, de Jacques G. Ruelland (Point de fuite, oct.), qui raconte l’histoire de la franc-maçonnerie au Québec.

Chez Triptyque, la spécialiste Lucie Joubert publiera un essai sur une question fort pertinente: Le Sexe de l’humour.

Michel Brûlé (Les Intouchables) publiera Le Livre noir du Canada anglais 2, de Normand Lester (mi-oct.) et Vlb, un essai de Michel Venne, Souverainistes, que faire? (nov.).

Parmi les essais littéraires, Lanctôt publiera Les Héritiers d’Ulysse, de Sylvie Bernier, ouvrage qui porte sur les écrivains québécois provenant de pays étrangers (sept.); dans la collection Spirale des éditions Trait d’union, on fera paraître Le Boîtier d’écriture, de Simon Harel (oct.) et dans la collection Échappées, un essai de François Hébert: Pour orienter les flèches (sept.).

Côté beaux-livres, soulignons Suzor-Côté, Matière et lumière, de Laurier Lacroix (Éd. de l’homme, sept.) et La Peinture au Québec depuis les années 1960, de Robert Bernier (oct., Éd. de l’homme); et, en bédé, les Nouvelles histoires tristes de Gigi Perron (Oie de Cravan, mi-nov.).

Enfin, signalons la traduction française (par Marc Saint-Upéry) du livre de Michael Moore, Stupid White Men, dont la sortie est prévue à la mi-septembre (Boréal).

Livres d’ailleurs: nos choix
La Vie heureuse, de Nina Bouraoui

Cette jeune romancière est née à Rennes en 1967 de père algérien et de mère française. Elle pratique un style franc, limpide, et ose lever le voile sur des sujets tabous pour qui a vécu sous la pression d’une société étouffante, telle qu’a pu l’être l’Algérie où elle retourna petite fille. Bouraoui aborde des thèmes très chauds dans ses livres parmi lesquels les déchirements entre l’Algérie et la France, tensions relatées dans La Voyeuse interdite et dans Garçon manqué, son dernier titre. Nina Bouraoui, à qui la critique française prédit le meilleur cette année, raconte dans La Vie heureuse son adolescence avec pour toile de fond les tristes années 80. (Stock, fin sept.)

Romans, récits et nouvelles…
Impossible de tous les nommer, alors voici un très bref aperçu des titres que nous surveillerons, à commencer par les nouveaux romans de Sylvie Germain, Chanson des mal-aimants (Gallimard, sept.), d’Amélie Nothomb, Le Robert des noms propres (la rumeur n’augure rien de bon, Albin Michel, sept.), de Yann Moix, Podium (fin sept., Grasset), et Guillaume Laurant scénariste du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain –, Les Années porte-fenêtre (Seuil, oct.).

Également au programme cet automne, La Prophétie des pierres, de Flavia Bujor, un premier roman écrit par une jeune fille de 13 ans… et publié chez Anne Carrière (sept.). On appelle ça une "curiosité". Intrigant pour d’autres raisons, La Maison haute, d’Anne Nivat, correspondante en Russie pour la radio de Radio-Canada, sur la vie en Russie à travers des récits de divers habitants des gratte-ciel de Moscou (sept.); et la biographie très attendue signée François Bon des Rolling Stones (sept.), tous deux chez Fayard.

Signalons aussi d’autres romans qui feront (ou font déjà) la manchette: Exhibition d’Olivier Assayas, ex-journaliste des Inrock (Gallimard, sept.); La Cité des dieux sauvages d’Isabel Allende (Grasset, nov.); La honte leur appartient, de Maud Tabachnik (Masque, nov.); Pourquoi le Brésil, de Christine Angot (Stock, sept.); Johnny Blues, de Joyce Carol Oates (Stock, nov.). Chez Flammarion, quelques titres en vrac: Hongroise, d’Éric Holder (sept.), L’Ange de la dernière heure, de Nathalie Rheims (sept.); et chez Albin Michel, Lorsque j’étais une oeuvre d’art, d’Éric-Emmanuel Schmidt (sept.), Le Peseur d’âme, d’Eve de Castro (sept.) et Mon père, d’Éliette Abécassis (sept.).

Côté littérature étrangère, signalons la parution de plusieurs romans qui figureront certainement sous l’arbre de Noël, parmi lesquels Un amant de fortune (un roman chez Grasset, oct.) et un recueil de nouvelles, Le Magicien africain (Plon, oct.), tous deux signés Nadine Gordimer; également, un roman de l’écrivain andalou Luis Manuel Ruiz, La Ville de l’ange (Gallimard, nov.); un José Saramago, La Caverne (Seuil, sept.); un roman de V. S. Naipaul, La Moitié d’une vie (Plon, fin oct.); un nouveau Philip Roth, La Tache (sept., Gallimard). Enfin, puisqu’on est dans les Nobel et autres primés, soulignons la parution de la traduction française du Déclin de l’empire Whiting, de Richard Russo, prix Pulitzer 2002 (La Table ronde, oct.).

On annonce également la parution d’une nouvelle saga à saveur exotique et historique: de Gary Jennings, Sang aztèque et L’Automne aztèque, on verra bien ce que cela vaut (Du rocher, sept.,); ainsi qu’un nouveau Ken Follet, Le Réseau Corneille (Robert Laffont, nov.).

Essais
Eh oui, ce sont évidemment les thèmes du 11 septembre, de l’antiaméricanisme, de l’islam et de la mondialisation que l’on retrouve le plus dans les essais cet automne. Le recul aidant, peut-être trouverons-nous des livres originaux et éclairants sur le sujet. Parmi les ouvrages les plus attendus, celui de Jean-François Revel, L’Obsession anti-américaine (Plon, sept.); de Jean Ziegler, Les Nouveaux Maîtres du monde (Fayard, sept.); une histoire de l’antiaméricanisme de Philippe Roger (Seuil); Yves Berger, Francis Fukuyama et Serge Halimi signeront également des livres portant sur le thème général du monde de "l’après-11 septembre".

De plus, que serait la France, et surtout l’édition française, sans le prolifique et populaire Émile Zola? Rien, bien sûr. Comme on fête cette année le centenaire de sa mort, sept ouvrages seront publiés qui porteront sur l’homme et l’écrivain, dont le troisième tome d’une biographie d’Henri Mitterrand (Fayard, nov.).

Et que serait la France sans débat politique? Rien non plus. Le Livre noir de la guerre d’Algérie (Plon, oct.), de Philippe Bourdrel, relancera les polémiques sur un sujet brûlant. Enfin, le nouveau ministre français de l’Éducation, Luc Ferry, publie un essai intitulé Qu’est-ce qu’une vie réussie? (Grasset, nov.).