CD / Hip Hop / Électro : Guide d'achat 2009

CD / Hip Hop / Électro : Guide d’achat 2009

DJ/Rupture / Matt Shadetek
Solar Life Raft
(The Agriculture)

Cet ouvrage conjoint des deux DJ et producteurs new-yorkais est au moins quelques kilomètres au-dessus de la compil mixée moyenne, grâce autant à la sélection qu’à l’exécution. Sur le premier plan, la plupart des pièces portent la touche des hôtes parce qu’il s’agit soit de leurs propres morceaux, soit de remix (Gang Gang Dance, Telepathe) de leur main. Le reste est un agréable bouquet à saveur dub et dancehall, très champ gauche mais complètement ludique et accessible, provenant de noms obscurs (Jahdan Blakkamoore, Pumajaw, Paavoharju) qu’on a envie de découvrir. Le mix créatif, au sein duquel chaque titre est abondamment fondu et découpé, agit comme une cerise sur le gâteau. Très fort. (O. Lalande)

Omnikrom
Comme à la télévision
(Saboteur)


En lançant le très pop Trop banane! en 2007, Omnikrom s’assurait un certain succès, mais décevait du même coup les mélomanes amoureux du précédent EP, FM2, un huit titres plus audacieux musicalement. Or, Comme à la télévision s’adresse à ce public plus sélectif. Le trio électro-hip-hop sort de sa zone de confort et signe des pièces nourrissantes, moins prévisibles, épousant même des registres électro-punk (Vedettes), ambiants-progressifs (Feel Collins), house-club (Les Tronches) et carrément expérimentaux (Kryptonite). Habilement réalisé par Mégasoid, le disque inclut la participation de Ghislain Poirier, Coeur de Pirate, Le Matos et les Sainte Catherines. Espérons que les fans de Trop banane! suivront. Hymne pop en puissance, la pièce-titre devrait aider. (O. Robillard Laveaux)

Bike for Three!
More Hearts Than Brains
(Anticon)


Buck 65 (Richard Terfry de son nom, animateur à la CBC Radio 2 de son état) a la rime mélancolique, le rap ombrageux. Moins Kanye que Kerouac, plus Cash que 50 Cent, il scande depuis toujours les amours impossibles, soigne ses maux avec l’onguent du bon mot. Son nouveau projet, Bike For Three!, est né de la rencontre fortuite et virtuelle de Terfry et Joëlle Phuong Minh Lê, jeune musicienne électronique belge. Sans jamais se rencontrer dans le monde analogique, ils ont réussi par modems interposés à créer un univers aussi vrai que la plus authentique des complaintes folk. Un album tout électronique qui resplendit d’humanité. (C. Bergeron)

Two Fingers
Two Fingers
(Paper Bag)


Two Fingers, le duo, c’est Amon Tobin et Joe Chapman. L’un est connu, l’autre moins, mais les deux font le même boulot et partagent des goûts musicaux similaires. Two Fingers, le disque, c’est une production impeccable et des beats tordus et inventifs, mais sans beurrer trop épais comme certaines parutions antérieures de monsieur Tobin. Ici, le bidouilleur anglo-brésilien et son comparse britannique font preuve d’audace mais aussi de "retenue", laissant juste assez de place au M.C. anglais Sway (le troisième membre du duo tellement il est présent sur le disque), à la rappeuse de Philadelphie Ms. Jade ainsi qu’à la dancehall queen jamaïcaine Ce’Cile. Enregistré à Montréal alors qu’Amon Tobin y vivait toujours, Two Fingers est un ovni hip-hop-électro-crunk-drum’n’bass-weirdo-whatever qui vaut franchement le détour. (P. Baillargeon)

Movèzerbe
Dendrophile
(Districk Music/Select)


En s’isolant pendant un mois dans une maison/studio pour enregistrer son premier album, Dendrophile, Movèzerbe a réussi à capter sur compact des instants magiques de création. Le super-groupe formé des 2 Tom, Karim Ouellet, Accrophone, Boogat, AbidboX et KenLo Le Narrateur fait preuve d’une unité qu’on ne trouve pas sur un album solo bourré de collaborations. Digérant avec brio ses influences dub, soul, jazz et funk, Movèzerbe a accouché de pièces accrocheuses, renforcées d’arrangements de claviers (piano, orgue), de guitares et de flûtes. Mais le collectif fait surtout preuve d’une inventivité passant autant par les textes (Papier, Hypocrite) que par des sonorités inusitées (de l’eau qui coule, le claquement de deux bouts de bois). L’un des meilleurs albums rap québécois des dernières années. (O.R. Laveaux)

Major Lazer
Guns Don’t Kill People… Lazers Do
(Downtown Records/Fontana)


Major Lazer est un commando jamaïcain qui a perdu un bras lors de la guerre secrète contre les Zombies en 1984 et qui a été récupéré ensuite par les services secrets américains et anglais pour combattre les vampires et les monstres. Mais comme il doit garder l’anonymat, il se fait passer pour le gérant d’un club de dancehall de Trinidad. Il a fait appel aux services des producteurs Diplo et Switch pour réaliser son premier album, histoire que l’illusion soit parfaite. Ainsi, sur ce disque où on retrouve aussi tout un tas d’invités tels que Santigold, VYBZ Cartel, Ms Thing et Jah Dan, Major Lazer balance un reggae-dancehall numérique rétro-futuriste, ingénieux, entraînant, des fois un peu quétaine, mais drôlement efficace! (P. Baillargeon)