Animateur de réseaux sociaux : Être payé pour gazouiller!
Fini le temps où passer sa journée sur Facebook était vu comme de la procrastination. En 2010, c’est une fonction pouvant valoir un salaire à temps plein. Profession: animateur de réseaux sociaux.
Tout juste après testeur de jeux vidéo, être animateur de réseaux sociaux apparaît au palmarès des emplois de rêve. Imaginez: recevoir un salaire pour passer votre journée sur Facebook et Twitter! C’est ce que fait Katerine-Lune Rollet pour le compte de la Vitrine culturelle depuis le printemps passé. Son mandat: diffuser les offres de billets de spectacle au plus grand nombre de gens possible en passant par les nouveaux médias. Simpliste? Le maniement des 140 caractères par message est une discipline plus complexe qu’on ne pourrait le croire. "Il faut toujours susciter une conversation, essayer de ne pas être trop "spammy", c’est-à-dire de ne pas diffuser son message de façon unidirectionnelle. C’est complètement une autre façon de penser les relations publiques traditionnelles", explique celle qui a créé un groupe de rencontre pour animateurs de médias sociaux dans le domaine culturel. Ces rendez-vous mensuels leur permettent d’échanger sur les difficultés de ce nouveau job qui n’a pas encore de mode d’emploi défini. "Il faut bâtir une communauté, trouver les personnes influentes dans ton domaine, ceux qui sont susceptibles de transmettre ton message à leurs contacts. Il faut aussi innover et créer des habitudes pour fidéliser les abonnés à ton compte. J’ai par exemple inventé le Mardi Merci sur Twitter où je prends le temps de remercier tous les nouveaux membres qui me suivent." Retweet, Follow Friday et autres termes issus du jargon des médias sociaux parsèment la conversation avec Katerine-Lune Rollet – de quoi effrayer tout néophyte! "Je suis chanceuse parce que mes employeurs font preuve d’une grande ouverture d’esprit, mais il y a encore plusieurs entreprises qui ne comprennent pas l’importance et le fonctionnement des réseaux sociaux. Il y a un grand besoin d’éducation auprès des employeurs."
Tourisme Montréal fait aussi partie des entreprises qui ont choisi la voie des médias sociaux. Pour Pierre Bellerose, vice-président aux relations publiques, c’est un investissement très payant: "Comme employeur, ça ne génère que des coûts de ressources humaines. Plutôt que de prendre une pleine page de publicité dans le New York Times, on mise sur le bouche à oreille virtuel. Dans le domaine du tourisme, c’est encore plus important parce que les gens veulent s’assurer d’avoir les bonnes adresses et les bonnes références avant de partir." Tourisme Montréal utilise les services d’une agence publicitaire pour gérer cette campagne, soit Sid Lee. Le directeur de contenu Christophe Bergeron explique les avantages de cette sous-traitance: "Quand vient le temps d’animer une communauté, il y a aussi des défis techniques, que ce soit pour les moteurs de recherche, des services de vigie pour repérer les sujets les plus populaires sur le Web, etc. Une agence facilite cet aspect, comme elle travaille pour plusieurs clients à la fois."
Iden"tweet"é
Si Katerine-Lune twitte sous le nom de @la_vitrine, ce n’est pas le cas de tous les animateurs de réseaux sociaux, qui conservent parfois leur propre identité pour "twitter" au profit d’une entreprise. Tourisme Montréal a fait appel à trois blogueurs en les choisissant pour leur personnalité, explique Pierre Bellerose: "C’est plus délicat quand vient le temps d’exprimer des idées politiques ou personnelles parce que ces gens représentent Tourisme Montréal. Mais en même temps, nous utilisons leur image de marque personnelle et le réseau de contacts qu’ils ont déjà bâti." Le directeur du contenu de l’agence Sid Lee abonde dans le même sens: "Il faut déjà être dans l’action pour être recruté par une compagnie. Si l’on voit que des gens ont déjà un blogue avec de fidèles lecteurs, on sait qu’ils pourront aller encore plus loin quand nous leur aurons fourni de bons outils."
Apprendre à socialiser via les réseaux
Aucun programme spécialisé dans l’animation de réseaux sociaux n’est encore offert au Québec. Toutefois, la Faculté de communication de l’UQAM étudie la possibilité de créer un programme de deuxième cycle pour aborder cette nouvelle réalité. En attendant la maîtrise en Twitter et Facebook, le cheminement le plus recommandé est celui du baccalauréat en relations publiques ou communication marketing. Ceux qui désirent approfondir l’architecture des réseaux sociaux peuvent aussi suivre une formation spécialisée en médias interactifs, où ils apprendront à créer de nouvelles plateformes qui, sait-on jamais, remplaceront un jour celles dont nous sommes actuellement dépendants!
Formations /
–UQAM: Faculté de communication, www.faccom.uqam.ca
–INIS: Médias sociaux: le Community Manager, une formation express d’une journée. www.inis.qc.ca