Métiers de l’édition : Du papier au numérique
Le livre électronique: figure incontournable et élément à définir… Le milieu de l’édition s’y prépare, y réfléchit. Reste maintenant à voir quelle influence aura son arrivée sur les métiers de l’édition.
Actuellement, malgré le flou qui l’entoure, le livre numérique fait figure d’incontournable. L’Université de Sherbrooke ne s’est pas fait prier pour l’intégrer dans son programme de maîtrise en édition professionnelle. "Dès le départ, ça nous paraissait important d’ajouter cette matière, assure le responsable de la formation, Frédéric Brisson. Bien entendu, l’idée n’est pas de faire de nos étudiants des techniciens ou des infographistes qui seraient capables de jouer dans les programmes, mais de s’assurer qu’ils comprennent assez ce langage pour pouvoir faire efficacement appel à la sous-traitance." C’est d’ailleurs l’objectif de la formation: développer la polyvalence en enseignant autant le droit que la comptabilité, la gestion ou la production.
Il faut dire aussi qu’en ce qui concerne la chaîne de production, il y a peu de différences entre le papier et l’électronique. "L’un et l’autre, c’est le même processus, mais pour le second, on s’arrête avant d’arriver en presse", indique Benoit Pothier, coordonnateur du Département de techniques de l’impression au Collège Ahuntsic. Graphisme, mise en pages, pagination, infographie: ces étapes resteront nécessaires. Surtout qu’il est fort possible que l’un ne remplace pas l’autre. "S’il y a un domaine qui résiste au numérique, ce sera le livre, parce qu’il est bien ancré. Qui plus est, ce ne sont pas tous les livres qui bénéficieraient de ce nouveau format."
Système parallèle
Si le papier demeure, c’est donc un système parallèle qui risque de se développer. "Si on regarde la chaîne du livre, de l’auteur jusqu’au client, en passant par le diffuseur et le distributeur, dans chacune de ces strates, il y aura de nouveaux métiers", observe Marc Boutet, fondateur de De Marque, un entrepôt de livres électroniques. Exemples? Convertir les fichiers au numérique ou encore diffuser les parutions dans les médias sociaux. "Tous les rôles aujourd’hui sont à réinventer!" "L’éditeur va devoir s’adapter au public visé, peut-être être plus présent sur le Web, changer ses stratégies liées au placement média. Il va falloir être de plus en plus inventif", note de son côté Antoine Tanguay, des Éditions Alto.
Ainsi, pour l’éditeur, il s’agira de développer autant le support papier que la version électronique: "C’est au client de choisir: mon boulot, c’est d’apporter un texte vers un support." "En fait, notre rôle premier, c’est d’être le lien entre créateur et public, d’être l’agent qui sera capable de sélectionner un manuscrit et de le relayer", ajoute Martin Balthazar, éditeur chez VLB. Cela, quel qu’en soit le support. Si celui-ci change, le métier reste le même. "Les emplois qui vont se créer ne seront pas nécessairement chez les éditeurs, mais peut-être plutôt au sein d’entreprises qui vont s’intéresser à la conversion du livre au format électronique", observe Gilles Herman, éditeur chez Septentrion. Quitte également, selon M. Balthazar, à adapter ce qu’on demande aux recrues: "Les éditeurs seront à la recherche de jeunes qui connaissent bien ces nouvelles technologies et les nouvelles manières de faire rayonner leur enthousiasme relativement aux publications."
Quoi qu’il en soit, il faut rester conscient qu’on est encore loin du plein potentiel de cette nouvelle plateforme. Très loin même. "Ce qu’on fait aujourd’hui, c’est plutôt un portage en numérique du livre papier, ça n’utilise pas beaucoup les possibilités du support", note M. Herman. La prochaine étape? Hyperliens, vidéos, musiques. Et plus. "On a encore bien des choses à apprendre!"
Formations à l’ère numérique /
Collège Ahuntsic: AEC en communications graphiques. www.collegeahuntsic.qc.ca
Université de Sherbrooke (campus de Longueuil): Maîtrise en édition professionnelle; diplôme de 2e cycle. Édition et librairie; microprogramme de 2e cycle. Édition. www.usherbrooke.ca/el