Professions non traditionnelles : Au-delà de la tradition

Professions non traditionnelles : Au-delà de la tradition

Une profession dite "non traditionnelle" se définit par la représentation, masculine ou féminine, à moins de 33 % des effectifs. Des organismes viennent en aide aux groupes sous-représentés pour ceux et celles qui osent.

"Lorsque j’étais jeune, les métiers de la construction n’étaient pas ouverts aux femmes. Je n’avais pas le choix de me conformer aux autres filles", explique la soudeuse Christine Boudreau. Jeune fille, elle cumule les boulots de serveuse et de gérante de boutique, sans y demeurer plus d’un moment. C’est lorsqu’elle a contacté l’organisme Options non traditionnelles de Longueuil qu’elle a ramené un de ses vieux rêves à la vie: faire un travail manuel, dans le domaine de la construction. Elle a suivi une formation en soudure à 42 ans et est toujours aussi passionnée par son métier depuis. "Tu le sens en toi lorsque tu es fait pour ce genre de métier", ajoute-t-elle.

Il existe plusieurs organismes différents à travers la province qui viennent en aide aux femmes qui veulent se diriger vers des métiers typiquement masculins. Toutefois, l’inverse semble rarissime, voire inexistant. "C’est triste à dire, mais les hommes ont le choix, eux, encore aujourd’hui. Moins il y a d’hommes dans une profession, plus les salaires sont bas", déplore Diane Guay, directrice générale d’Options non traditionnelles. Une théorie soutenue aussi par Diane Lapointe, enseignante au département d’hygiène dentaire au Collège Édouard-Montpetit. "Plus les hommes intègrent la profession, plus les salaires augmentent", est-elle à même de constater.

Elles dominent

Certaines initiatives sont tout de même mises en avant pour encourager les hommes à pratiquer des métiers non traditionnels. En soins infirmiers, où les hommes représentent 9 % des membres de l’Ordre au Québec, on tente de changer les mentalités. "On essaie toujours d’intégrer un homme et une femme sur les images de nos panneaux publicitaires et on met l’accent sur le plein emploi. Depuis qu’il y a plus d’emplois à temps plein offerts, il y a plus d’infirmiers", explique Carole Mercier, secrétaire générale de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Du côté de l’hygiène dentaire, les hommes se laissent plutôt séduire par les possibilités de postes administratifs ou de représentants.

Un des métiers qui demeure encore majoritairement féminin est celui de secrétaire. Aux dernières nouvelles, 98 % des membres de la Fédération étaient des femmes. "Tout d’abord, si on utilisait le terme adjoint administratif, ça serait beaucoup plus approprié à la définition de tâches d’une secrétaire aujourd’hui et ça pourrait peut-être attirer plus les garçons. La secrétaire est souvent le bras droit des chefs d’entreprise, elle connaît tous les dossiers et a de nombreuses responsabilités", affirme Caroline Limoges de la Fédération des secrétaires professionnelles du Québec.

Jobs de gars

Au rayon des métiers plutôt masculins, on en retrouve encore une tonne. Des 500 professions au Québec, 300 sont encore considérées comme des métiers non traditionnels pour les femmes. Tous les métiers de la construction font partie de ce groupe. Heureusement, on tente réellement de faire une plus grande place aux femmes dans le domaine. À l’École des métiers de la construction de Montréal, des visites sont organisées pour les femmes qui veulent en apprendre davantage sur les formations données. En 1986, il n’y avait que trois femmes inscrites, alors qu’en 2009, elles étaient 186. Selon Diane Guay, les métiers de la construction plaisent aux femmes qui veulent intégrer rapidement le marché du travail, qui aiment le travail manuel et recherchent la fierté d’un travail concret avec des résultats directs.

Mentorat

Les domaines de l’alimentation (boucherie, inspection des aliments) et du transport sont aussi peu populaires chez les femmes. En aéronautique, on tente aussi de séduire une clientèle féminine. À l’École Nationale d’aérospatiale, le pourcentage de filles (7 %) stagne depuis plusieurs années. "Pourtant, il y a plusieurs femmes qui se plairaient dans ce domaine. Il faut de la minutie, une grande précision, et les salaires sont très intéressants", affirme Diane Guay.

À l’instar des autres organismes en province qui ont le même mandat, Options non traditionnelles a pour vocation d’aider les femmes à intégrer le marché de l’emploi. On y offre un service de consultation, d’aide à l’insertion scolaire, d’aide à l’emploi et même de mentorat pour favoriser l’adaptation dans son nouveau milieu professionnel. "De mon côté, je ne regrette pas du tout mon choix. J’adore mon métier et je suis extrêmement fière d’être soudeuse", raconte Christine Boudreau.

Infos pratiques /
Options non traditionnelles: 125, boulevard Sainte-Foy, Longueuil, 450 646-1030, www.placerivesud.qc.ca
Sorif: 5150, rue Saint-Hubert, Montréal, 514 271-3866, www.sorif.org
Dimension Travail: 1717, boulevard Saint-Martin, Laval, 450 978-7447, www.dimensiontravail.com
Pour info et adresses en province: emploiquebec.net/individus/femmes/index.asp
Liste des DEP au Québec: www2.inforoutefpt.org
Liste des formations professionnelles et techniques: www.mels.gouv.qc.ca