BloguesÀ la gonzo

Je couchsurf chez des flancs mous.

Le contraste est d’autant plus étonnant que je suis (limite) hyperactive. De les voir sur le divan, zappant entre tennis et cricket pendant des heures, ça me sidère. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, on vas-tu jouer dehors? Common’ jusqu’à l’heure du souper après je vous laisse tranquille devant la tv!

Je me dis que pour certain, c’est ça la vie. Moi, le dimanche soir, j’écoute pas la télé. C’est la soirée finir-ce-qui-urge-maintenant-et/ou-inventer-une-bonne-excuse-durant-la-nuit-au-lieu-de-dormir-pour-me-sortir-indemne-des-engagements-que-je-ne-pourrai-pas-tenir-à-temps. Je dis pas que c’est mieux. J’ai juste pas trouvé l’entre-deux. Ce matin, c’est lundi. J’en vois un partir à belle course pour travailler sans déjeuner. Depuis six heures que je suis levée. J’ai eu le temps de savourer une mangue sur le patio, de boire un thé vert, de lire longtemps avant de manger mes céréales. Pourtant, à Montréal, moi aussi je courais souvent travailler sans déjeuner.

Je pense que le problème est scolaire. À l’école, il devrait nous apprendre à vivre au lieu de nous rentrer dans le moule de l’employé du mois. C’est lourd de conséquences la course aux bonnes notes. Faudrait qu’il nous montre à courir après nos rêves au lieu de nous faire rêver aux A+.

Plus j’observes les flancs mous, plus je me dis que c’est le travail qui les dégoûtent de la vie. De l’esclavage financier? De l’euthanasie intellectuelle? Je sais pas quels mots mettrent sur le bobo.

Mais je sais une chose : c’est pas dans l’intérêt de l’université de nous enseigner ça! L’université nous apprend à mieux travailler, à se structurer, à être efficace, à acquérir une expertise bien pointue, mais surtout pas à remettre en cause le comment du pourquoi… À moins de faire de la philo?

Ce matin, pas de bruit. Juste la douche du voisin qui accompagne les œufs qui grésillent chez l’autre voisin. Dans mes oreilles, c’est mille fois plus le bonheur que ce que je capte en passant devant le divan… Les couleurs terriblement bright de l’écran géant, les tons de voix stressés et stressant des commentateurs sportifs et des joueurs qui parlent comme d’autres coursent contre la montre. Pourquoi en interviewer dix au lieu d’aller au fond de quelque chose avec un seul? Je comprend pas les médias. À Montréal ou à Sydney, c’est pas mal la même crap qui passe à la télé. Simon dénoncait la radio-jambon il y a quelque temps, moi j’en ai ras-le-ponpon de la télé « pour garçons ».

En déjeunant ce matin, entre deux soupirs d’on-est-tu-dont-bien-icitte, j’avais la trouille. Est-ce qu’une veuve noire va me piquer entre les orteils? Est-ce qu’une araignée poilue gigantesque va tenter de goûter ma mangue? Un serpent venimeux va-t-il sortir de son nid? Parlant de serpent, je dors chaque soir près d’un python. Monty, the Python. Il est pas sensé sortir de son aquarium. Des fois, je pense au froid canadien, comme une maman protectrice qui élimine ce genre de frayeurs quotidiennes avec la première bordée de neige… Pour vous prouver que j’exagère même pas, la photo ci-dessous témoigne de la taille d’une bestiole qui vit au coin de ma rue; argh.