Maison modèle réduit
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Maison modèle réduit

Si au début du mouvement des mini-maisons les adeptes étaient surtout des jeunes cherchant une solution moins coûteuse au logement traditionnel tout en rêvant de mobilité, la tendance est aujourd’hui aux minuscules intérieurs de luxe et écolo-épurés, dont le coût dépasse parfois les 100 000$…

On en entend de plus en plus parler depuis un an ou deux, mais la vague des mini-maisons a commencé au début des années 2000. D’abord avec ces habitations de 800 à 1000pi2, puis avec les micro-maisons, de 400pi2 et moins, sans fondation et installées sur roues. Des habitations attirantes pour différentes raisons, dont celle surtout de l’atout financier. «Ce type d’habitation est né aux États-Unis pour pallier l’offre de logements très restreinte et chère», explique Samuel Leroux, cofondateur de l’entreprise de conception de micro-maisons Concept Tiny inc. «Ça vient d’un désir populaire de se libérer des lourdes hypothèques; une micro-maison coûte le tiers d’une maison traditionnelle et se revend facilement avec peu ou pas de perte de valeur.» En outre, cette option permet de se libérer des taxes municipales tout en diminuant les frais d’habitation.

Les micro-maisons peuvent être hors grille (indépendantes du réseau électrique et d’aqueduc), ce qui constitue leur autre avantage: la mobilité. «C’est comme une transition vers un mode de vie nomade, pour expérimenter les voyages tout en restant chez soi», indique Samuel. «C’est un investissement permettant de voyager à faible coût…» La demande est énorme aux États-Unis, notamment dans l’Ouest. Les gens ne font pas que voyager avec leur micro-maison: ils en font souvent leur habitation principale. Si les lois américaines sont plus permissives en la matière, au Canada on peut stationner un véhicule d’habitation mais pas y vivre. «Certaines personnes profitent malgré tout du vide juridique et mettent leur véhicule sur briques pour pouvoir y habiter», raconte Samuel. «C’est très surveillé à Montréal, mais dès qu’on sort de la ville c’est un peu le free-for-all

Freiner le consumérisme

Plusieurs PME canadiennes se sont lancées récemment sur le marché des mini et micro-maisons, tandis que de plus gros manufacturiers de l’habitation comme Laprise, Confort Design ou Pro-Fab se sont mis à la page en lançant des collections de mini-maisons. «Le mouvement a commencé au Québec il y a six ou sept ans», raconte Robert Yelle, l’organisateur du salon Expo Habitation. «Mais il y a quatre ans encore, aucune municipalité n’acceptait les micro-maisons. Ç’a démarré à Lantier avec un projet de quartier, puis quelques municipalités en Estrie ont suivi. Et je pense qu’il va y en avoir de plus en plus…» Depuis deux ans, l’Expo Habitation compte un village de mini-maisons, qui s’avère être un gros succès, selon l’organisateur: «On se rend compte qu’on répond à un besoin.»

Un besoin qui, s’il concernait auparavant surtout les baby-boomers nomades, s’étend à une population de plus en plus jeune et variée. Les mini ou micro-maisons représentent pour les jeunes familles un pied-à-terre en campagne accessible, et un espace suffisant et pas cher pour habiter quand on vit seul – les célibataires représentant notamment 30% des locataires à Montréal. Et puis surtout, le réduit est à la mode. On sort de plus en plus, on mange dehors, les familles sont plus petites… Alors pourquoi investir un grand espace? La taille ne compte plus. «C’est une tendance qu’on voit même sur le marché des condos à Montréal: on veut des habitations plus petites», souligne Robert Yelle. Lean is bettersmall is beautiful, comme disent les anglais.

Les terrasses rétractables, sofas extensibles ou douches étirables sont donc tendance, comme l’a bien compris Concept Tiny inc. Inspirée des appartements transformables, où une pièce unique sert à tout, la micro-maison proposée par l’entreprise fait 8 pieds de largeur pour 12 de longueur seulement, mais on peut y vivre à 4 personnes: la table se sort et se range en un clic, de même que les couchages ou les placards. «Ça s’inscrit aussi dans la volonté actuelle de limiter le nombre d’objets qu’on a, de freiner le consumérisme…» explique Samuel Leroux. Freiner le consumérisme, et aussi être plus écolo, voilà ce que prônent les nouveaux adeptes de l’habitat réduit.

Luxe, calme et volupté

Les mini et micro-maisons consomment en effet moins d’énergie qu’une maison traditionnelle. Chez Concept Tiny inc, tous les appareils sont limités au minimum de wattage et alimentés par un panneau solaire, les toilettes sont au compost, et la maison est suffisamment isolée pour permettre à ses habitants d’y vivre toute l’année au Québec, jusqu’à -40°C. «On démontre le savoir-faire québécois dans du haut de gamme», commente Samuel. Car quitte à laisser tomber quelques pieds carrés, les acheteurs ne lésinent pas sur la qualité… ni sur le prix. Si la structure de base de la micro-maison ne coûte que 20 000$, certains modèles vont jusqu’à 100 000$, avec parfois laveuse, sécheuse ou lave-vaisselle intégrés. «Ce n’est plus juste une caravane», souligne l’entrepreneur. «On peut être bien dedans, cuisiner à l’intérieur… Les micro-maisons s’installent aussi dans certains campings, remplaçant les chalets.»

Concept Tiny inc. propose des habitations personnalisées, entre appartements transformables et luxe des intérieurs d’avion privé. Cette idée a germé dans la tête du cofondateur, un ébéniste de métier, après avoir travaillé pour une entreprise réalisant des intérieurs d’avion. Résultat: des finitions parfaites, du bois haut de gamme, et des matériaux de qualité permettant une vraie durabilité. Parce que «les clients veulent aussi le minimum d’entretien», ajoute Robert Yelle. «Ils souhaitent apprécier plus les moments passés en vacances ou à la campagne, sans passer du temps à entretenir leur logement.» Bref, aujourd’hui le luxe n’est pas d’avoir de l’espace, mais d’être mobile. Et avec élégance, s’il vous plaît.