Jessica Harnois : la sommelière à votre table
Au resto, le vin est l’un des principaux plats. La sommelière star et animatrice nous donne quelques conseils pour bien choisir quoi boire, dans un «apportez votre vin» ou sur une carte de grands crus…
VOIR: Vous sortez souvent dans des restos «apportez votre vin»?
Jessica Harnois: Je vais pas mal partout! Je sors au resto à une fréquence très régulière, et donc oui, je vais aussi dans des «apportez votre vin». Un «apportez votre vin», c’est comme avoir un chef privé à la maison – sauf qu’on ne fait pas la vaisselle à la fin!
Quelle(s) bouteille(s) y apportez-vous?
C’est relativement simple: je me paie la traite et je me prends une bonne bouteille – comme je ne la paie pas au restaurant, j’en ai deux fois plus pour mon argent. Je ne fais pas un accord mets-vin, comme on ne sait pas à l’avance ce qu’on va manger, mais un accord ambiance-vin.
C’est-à-dire?
Si c’est un resto asiatique, je prends des bulles ou un vin léger. Si c’est une carte française, je pars avec un super rouge. Pour un resto plus branché et créatif, je choisis un vin flyé, nature… Mais dans les faits, j’amène toujours un sac de quatre ou cinq bouteilles. Ce n’est jamais perdu!
Quelles sont vos adresses préférées?
J’en ai plein. Pour le choix du resto, j’y vais d’abord par rapport à ce que j’ai envie de boire plutôt qu’avec ce que je veux manger. Je voyage au gré des vins. L’envie d’aller dans un «apportez votre vin» particulier pour sa bouffe est plutôt rare chez moi…
Quand on ramène à boire pour un groupe, on prend quoi pour satisfaire tout le monde?
Les vins Bù [la nouvelle gamme de vins de Jessica Harnois]! Ce sont des vins passe-partout, c’est justement le concept derrière la création de cette gamme. C’est parce que je me faisais tout le temps poser cette même question que j’ai décidé de la lancer… En général, pour un groupe, j’apporte un rouge et un blanc pas trop corsé ou boisé, ni trop léger. Chardonnay, côte-du-rhône, vin de Bourgogne, chablis, un blanc grec…
Dans un resto avec carte de vins, vous y allez plutôt au verre ou à la bouteille?
Je préfère au verre, pour assortir le vin à l’assiette. Le vin est un accord liquide, il rehausse le plat. J’aime découvrir des vins grâce au sommelier de l’endroit: je lui donne mon budget et je lui fais confiance. J’adore aussi lire et analyser les cartes de vins! C’est comme une œuvre d’art…
Et boire le midi, en semaine et quand on travaille, ça se fait?
Bien sûr! Il faut lutter contre ce préjugé. Moi, le midi, mon palais est en feu. Il faut juste savoir doser et se discipliner.
De quels a priori souffre le vin au resto?
Les gens se sentent souvent obligés de prendre un vin plus cher; mais il y a de bons vins pour de bons moments de tous les jours et à des prix très abordables, comme il y a des vins pour les grands moments. Il y a aussi les gens qui pensent que ça ne sert à rien de boire du bon vin, car ils ne s’y connaissent pas et ne goûteront pas la différence… Faites-moi confiance, un bon vin, vous le sentez! Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à demander conseil. Et ne surtout pas être gêné de renvoyer la bouteille si elle est oxydée ou présente un défaut quelconque.
Peut-on choisir son resto plus pour le sommelier et la cave que pour la bouffe?
Absolument. Il y a des tendances en vin comme dans tout. Les vins nature, les vins locaux… C’est comme en musique; et ce n’est pas parce que beaucoup suivent telle tendance qu’on est obligé de faire pareil. On a d’ailleurs au Québec plusieurs excellents sommeliers qui savent se démarquer. Je suis très fière de travailler dans ce domaine-là, et de surcroît au Québec. Alors oui, ça vaut le coup d’aller les découvrir ces sommeliers-là. À Montréal, j’aime aller au Pullman, à l’Express, au Vin Papillon… Le resto est aussi une école des vins.