Projet BBQ : Grillades théâtrales
Vie

Projet BBQ : Grillades théâtrales

Après le souper spectacle et le théâtre de rue, voici le souper spectacle à marcher soi-même. Le Projet BBQ revient dans Saint-Roch pour nourrir le corps et l’esprit des spectateurs.

Certains trouvent que la notion d’«art culinaire», c’est pousser le bouchon un peu trop loin. Claude Breton-Potvin, elle, n’est pas du même avis. «Pour moi, la cuisine est un art comme le sont le théâtre et la peinture. Je suis une fille très gourmande, je mange souvent au resto, ça me passionne. J’avais le désir de rassembler le public autour d’un souper expérimental», explique celle derrière l’idée et la mise en scène du Projet BBQ, dans une scénographie d’Ariane Sauvé, présenté au Carrefour international de théâtre de Québec, après une première mouture (pas dans le sens de café) aux Chantiers – constructions artistiques en 2016. «J’ai eu un flash d’un genre de parcours avec des pièces de théâtre intégrées dans les restos. Je crois que ce sont deux choses qui peuvent bien se mélanger ensemble.»

Comme inspiration, la metteure en scène cite en rafale les documentaires Cooked et Chef’s Table, ainsi que la chef Dominique Crenn, double étoilée Michelin et nommée Meilleure femme chef du monde l’an dernier. «J’ai découvert Dominique Crenn après avoir démarré le projet et je voyais des similitudes entre nos visions. Elle décrit chaque plat en une phrase ou quelques mots, très poétiques. Je me disais que si des gens se déplacent dans son resto pour ça, ça pouvait marcher pour moi.»

Pour signer les textes de ce parcours gastronomique nouveau genre, sorte de fusion entre le théâtre de rue et un food crawl, Claude a fait appel d’abord à des auteurs qu’elle admirait, sans se douter qu’elle rassemblait autour d’elle une vraie tribu de gourmets. «Ma première idée, c’était de faire appel à cinq plumes différentes et à cinq restos différents, pour une question d’énergie. Finalement, tout le monde est assez foodie dans l’équipe!»

Photo : Marc Goudreau
Photo : Marc Goudreau

Le choix des restaurants s’est fait en considérant les affinités alimentaires des auteurs et le potentiel d’ouverture à accueillir un tel spectacle. Ainsi, le texte d’Anne-Marie Olivier sur la crise de la listériose sera joué au Pied Bleu, dont les propriétaires, Thania Goyette et Louis Bouchard Trudeau, s’étaient déjà prêtés au jeu du repas théâtre avec My Dinner with André en 2015. Le Coin de la Patate recevra la visite du casseau géant rempli de frites et d’ambition sorti de l’imaginaire de Steve Gagnon. Le Cercle, lui, sera théâtre deux fois plutôt qu’une: son Salon Niché recevra Isabelle Hubert et son parallèle entre le consentement sexuel et la gourmandise, alors que son Aquarium verra la campagne de financement imaginée par Érika Soucy virer au désastre. Enfin, tout le monde convergera vers le café-bar Le Zinc aménagé dans la Salle Multi de Méduse, pour assister à la comédie musicale Grosse Tarte de Joëlle Bond et au festin des Belles Tartes (au propre et pas au figuré, cette fois-ci).

Écrire pour deux publics, un volontaire et un involontaire, est toute une contrainte. Ce ne sont pas tous les spectateurs du Projet BBQ qui sont au parfum (au fumet?) de ce qui se passe dans le restaurant, car les lieux ne sont pas réservés au parcours théâtral. Il y a donc des petits couples et des familles qui mangent tranquillement alors que tout ce beau monde débarque à l’improviste pour jouer et manger. «Ils ne sont pas complices de ce qui se passe et c’est assez drôle. Ils sont quand même curieux, ils veulent nous rejoindre», rigole Claude. «C’est plus de la bonne publicité qu’autre chose!»

La participation du Cercle pour une deuxième année et pour deux scènes du parcours s’inscrit, autant pour la metteure en scène que pour le chef, dans la continuité des activités du Cercle. «En cuisine, je suis quelqu’un d’assez funky, je délire tout seul», expose Nikola Couture, davantage habitué à portionner de la protéine qu’à faire du remue-méninges avec des dramaturges. «J’aime les défis: c’est ben beau éplucher des carottes, mais ce côté fun qu’offre Le Cercle, ce côté artistique, c’est un beau bagage pour ma carrière. Ça sort tout le monde de sa zone de confort. Je n’étais jamais retourné au théâtre depuis le secondaire…»

L’an dernier, pour illustrer la pauvreté dans le monde, Nikola avait invité les convives à manger un faux bol de sable et de pétrole, à base de crumble de biscuits et de thé à l’encre de seiche. Et cette année, que réserve-t-il comme folie pour le Projet BBQ? «Claude m’a dit de ne rien dire, faque c’est non!»

Les 29 et 30 mai, 5 et 6 juin
Rendez-vous à l’entrée de la bibliothèque Gabrielle-Roy (350 St-Joseph Est)