Vin de ville
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Vin de ville

D’ici deux semaines seront plantées des vignes sur le toit du Palais des congrès. S’il devrait donner naissance au premier vin montréalais, ce projet est aussi un support de recherche en agriculture urbaine…

Le clos de Montmartre, lancé il y a une vingtaine d’années à Paris, fut l’un des premiers vignobles urbains. L’autre projet phare en la matière, cette fois-ci hors-terre, c’est Rooftop Reds: des vignes cultivées sur un toit du quartier de Brooklyn et qui donneront cette année leur première cuvée. « Plusieurs micro-vignobles apparaissent en ville ces derniers temps, on sent une tendance », remarque Véronique Lemieux, à la tête de l’agence d’importation Vins d’Épicure.

Inspirée par ces initiatives de viniculture citadine, Véronique lance en octobre Vignes en ville, une projet montréalais chapeauté et financé par le laboratoire en agriculture urbaine de l’UQÀM, AU/LAB. 80 pieds de vignes seront plantés d’ici la fin du mois sur le toit du Palais des congrès de Montréal sur une superficie de 120 à 150 mètres carrés.

Pour mener à bien le projet, Véronique a suivi des formations en viniculture et sera aidée par une horticultrice. Elle compte aussi ouvrir le vignoble aux citadins volontaires en organisant des corvées de plantation ou de taille de vignes.

Terreau de verre

« Le climat est plus difficile ici, mais il est possible de cultiver du raisin en prenant des vignes autochtones et rustiques, beaucoup plus résistantes aux maladies », assure la coordinatrice de Vignes en ville. Le vignoble urbain comptera quatre cépages nord-américains : du Frontenac noir et blanc, du Marquette et du Petite perle.

Vignes en ville sera le seul vignoble avec des vignes cultivées en contenants sur un toit, dans un terreau de verre recyclé (notamment de bouteilles de vin). Les bouteilles sont en effet broyées jusqu’à obtenir un sable fin qui sert de base au terreau vinicole. « Ça permet d’intégrer le principe d’économie circulaire dans le projet », souligne Véronique.

El le vin? Il faudra d’abord attendre la quatrième année pour avoir des raisins de qualité. L’équipe travaillera sans doute avec un centre de recherche qui vinifie des petites cuvées pour sa première production. « Si on arrive à faire un vin sympathique, ça sera déjà bien », tempère la coordinatrice. Car Vignes en ville est avant tout un projet expérimental et de recherche.

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Véronique Lemieux dans un vignoble du Languedoc (France)

Boire local

« On teste ce terreau de verre recyclé pour la première fois. Si ça marche, ça va ouvrir une porte incroyable dans l’agriculture urbaine. On veut voir aussi comment les vignes d’Amérique du Nord autochtones et rustiques se développent en milieu urbain. » Selon les résultats, le projet pourrait permettre d’aménager des espaces verts publics avec des vignes, d’autres toits, des ruelles… « On veut créer des espaces de rassemblement », explique Véronique

« Montréal est une ville pionnière en Amérique du Nord dans le domaine de l’agriculture urbaine. C’est assez rare d’avoir un laboratoire consacré à ça! Le problème ici, c’est que la mairie n’a pas une politique très claire sur le sujet. Ça pourrait être plus audacieux, comme l’est le maire de Rosemont par exemple… Ce n’est pas tant un manque de subventions que des réglementations qui devraient aller plus loin. »

Au-delà de faire un vin, Véronique Lemieux veut avec son projet sensibiliser les Québécois sur leurs vignes et les vins locaux, pas assez connus et consommés à son goût :

« J’ai été très agréablement surprise par la qualité de certains vins québécois, et en ce moment il y a un mouvement incroyable dans ce milieu. J’aimerais que les Québécois apprennent à connaître les vignes locales et qu’ils aient moins de préjugés dessus. Les Français boivent des vins français, les Italiens des vins italiens… Et si les Québécois buvaient des vins d’ici? »