Portraits du Québec 2017

Côte-Nord: Érika Soucy

La Côte-Nord, c’est plus que Tadoussac et Natashquan, les deux portes d’entrée touristiques de la région, souligne Érika Soucy, auteure dont vous avez peut-être entendu parler pour son roman Les murailles qui a su se démarquer ces derniers mois ou encore pour sa manière de répondre à Bernard Rambo Gauthier, un autre Nord-Côtier.

La nature pour vous seul

La Côte-Nord se fait souvent rabattre le cliché de l’habitant, un truc qui agace la petite fille de Portneuf-sur-Mer, un village pas très loin de Baie-Comeau. «Oui, il y a une crainte de l’extérieur envers Montréal, mais c’est qu’ils doivent souvent se battre pour avoir ce qu’ils ont et ils ne veulent pas le perdre, ils sont très attachés au territoire et à leur famille.»

Sans oublier que cette méfiance est envers la politique, pas envers les gens. Les Nord-Côtiers sont fondamentalement accueillants et chaleureux, fiers, mais sans prétention. Ils insisteront pour prêter un sofa, bière incluse, plutôt que de laisser un touriste dormir dehors.

Érika Soucy
Érika Soucy

C’est un peu normal, aussi, que les Nord-Côtiers protègent leur territoire. «C’est vraiment beau, raconte avec plein d’amour la Portneuvoise. Oui, Charlevoix, c’est magnifique, oui, Tadoussac, c’est beau, mais continuez [sur la 138], il y a vraiment de belles affaires sans le vernis touristique en plus.» Il ne faut pas oublier que cette région du Québec est grande comme l’Italie… mais sans ses millions d’habitants. Malgré les forestières et les minières, il y a beaucoup, beaucoup de kilomètres vierges.

«Il y a tellement de potentiel sur la Côte-Nord, mais c’est aussi ça l’avantage, souligne l’écrivaine, c’est plein de trésors cachés» envahis par peu de touristes. Les milliers de lacs et de rivières à l’intérieur des terres, les sentiers pédestres, les plages, les îles, les belvédères, les monolithes, tout ça sera souvent pour vous seul. Par exemple, la rivière Magpie fait partie des dix plus belles rivières au monde pour le rafting selon National Geographic, mais seuls quelques initiés le savent pour le moment. La descendre demande une relative organisation, mais fera vivre, en échange, une expérience difficilement plus unique.

Microbrasserie St-Pancrace, photo : Eric Doire
Microbrasserie St-Pancrace, photo : Eric Doire

«Lâchez les routes qui contournent les villages, trouvez le fleuve et allez marcher sur le bord», conseille Érika. Avec cette légère audace, vous trouverez des kilomètres de plages dignes du sud (mais avec une eau un tantinet plus fraîche) et une mer à perte de vue. «Chez nous, on ne voit pas l’autre rive et notre eau est salée.» L’image veut que le Nord-Côtier, en ville, étouffe, parce qu’il n’a plus son infini horizon.

Au-delà des paysages plus grands que nature et qui peuvent réveiller le ou la Viking en vous, Érika revient sur la plus belle richesse de la Côte-Nord: ses habitants. «Ça vaut la peine d’écouter les gens, de tendre l’oreille. Notre accent, nos expressions… Ce ne sont pas des colons, mais des conteurs qui s’ignorent.» Venant d’une auteure, le conseil est à prendre avec considération.

 

Les choix de la rédac

Imaginez que la terrasse sur laquelle vous êtes plongé sous une dune se transforme en plage avec, comme décor, une mer et un ciel sans fin. C’est un peu ça, l’ambiance de l’Échouerie à Natashquan. Un endroit unique au Québec.

55, allée des Galets, Natashquan, copactenatashquan.net

En plus de servir d’excellentes bières dans une ambiance chaleureuse, avec deux terrasses donnant sur la baie de Sept-Îles, Edgar Café-Bar propose une généreuse carte de savoureux fromages. Le truc: arrivez en gang et commandez tout ce qu’il y a sur le menu et partagez tout, goûtez à tout!

490, avenue Arnaud, Sept-Îles, 418 968-6789

Née de l’initiative de jeunes Baie-Comois, la Microbrasserie St-Pancrace est la première à avoir suscité l’engouement pour les microbrasseries de la Côte-Nord. La beauté de la place, située dans le «vieux» de la ville, n’a rien à envier aux bars de Québec ou de Montréal. Ils brassent même une bière au crabe (prononcer crâbe).

55, place Lasalle, Baie-Comeau, stpancrace.com

Sur la Côte-Nord selon Érika…

 
On mange où?

«Vous pouvez vous arrêter dans n’importe quelle poissonnerie et vous gaver de fruits de mer ou de poissons très, très frais.» Par exemple, le restaurant de la poissonnerie aux Escoumins, judicieusement nommé Resto-Poissonnerie Manicouagan (on mise sur les produits, pas le marketing). C’est un classique sur la Côte-Nord, les poissonneries ouvrent souvent leur propre restaurant. Directement du pêcheur à votre assiette. Difficile de faire plus frais. «Prenez la pizza aux fruits de mer», ajoute l’auteure.

152, rue Saint-Marcellin Est, Les Escoumins, fruitsdemeretpoissons.com

 
On sort où?

«Le Café-Bar KiboiKoi aux Escoumins!» Tout jeune, ce café-bar situé sur le bord de la baie accueille les artistes d’un peu partout. Des jams, des conférences, des spectacles, le tout dans une ambiance intime (dans une vieille maison revalorisée). De Mononc’ Serge aux artistes locaux, le KiboiKoi propose un arrêt supplémentaire sur la longue 138 pour les artistes de tous genres. En plus, vous y trouverez bières de microbrasseries et plusieurs produits bios provenant de la Côte-Nord.

319, route 138, Les Escoumins. kiboikoi.wixsite.com/kiboikoi

 
On admire quoi?

«Je suis chauvine, mais les gens doivent aller à la Pointe-aux-Fortin, à Portneuf-sur-Mer», lance l’auteure. Belvédère pour admirer la mer et ses kilomètres de plage, lieu de prédilection pour les ornithologues et, si vous êtes au bon moment dans l’année, vous verrez beaucoup de caplans rouler sur la plage (un grand incontournable nord-côtier).

391, rue Principale, Portneuf-sur-Mer, tourismecote-nord.com