Gastronomie sur grand écran
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Gastronomie sur grand écran

Le festival Cuisine, cinéma et confidences revient à Baie-Saint-Paul pour une deuxième édition. Au programme: des films et des documentaires sur l’alimentation et des soupers qui évoquent le cinéma.

C’est à la croisée de deux arts que se trouve ce festival, résultat de la rencontre et de l’amitié de la productrice Lucie Tremblay et du chef Jean Soulard. Un festival où l’on mange avec les yeux, où l’on déguste des films dans l’assiette. L’année dernière, près de 500 curieux assistaient aux projections organisées par Cuisine, cinéma et confidences; pour cette édition, qui se déroule du 2 au 4 novembre prochains, 2000 personnes sont attendues dans Charlevoix. Les produits de la région seront d’ailleurs mis en avant.

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Jean Soulard

C’est la ville de Baie-Saint-Paul, où Lucie Tremblay a grandi et a installé sa maison de production, et où Jean Soulard s’est installé, qui accueille cet événement pas comme les autres. Une rencontre culturelle hybride qui a le mérite de faire sortir les festivals des métropoles. Si les projections et les soupers se limitaient l’année dernière à l’Hôtel Le Germain de Baie-Saint-Paul et à la Maison Mère, le duo d’organisateurs veut investir plus de lieux pour cette édition: «On veut développer le tout à l’intérieur de la ville et on va réquisitionner de nouvelles places, comme le Musée d’art contemporain et le Carrefour culturel Paul-Médéric», indique Jean Soulard.

Dans la programmation gastronomie qu’il chapeaute, on note la présence des chefs Arnaud Marchand, du restaurant Chez Boulay, David Forbes du Ciel!, Marie-Chantal Lepage du Musée des beaux-arts de Québec et Alexis Jegou, chef exécutif de l’Hôtel Le Germain. À ce beau bouquet de chefs s’ajoutent Nathalie Samson, chocolatière de Trois-Rivières, et le biologiste Fabien Girard, spécialiste des produits boréaux, venu du Saguenay.

Sans oublier la star de la fin de semaine, le chef français Olivier Roellinger – qui a notamment décroché trois étoiles Michelin avec sa Maison de Bricourt, en Bretagne. «Il a les mains dans les épices, Monsieur Roellinger», commente Jean Soulard, ravi de cet invité international passionné. Le chef français parrainera le souper gastronomique du samedi soir sur le thème «Épices et chocolat», qui succédera à la projection du film Le chocolat de Lasse Hallström. La programmation se construit ainsi autour de fils rouges qui traversent aussi bien les œuvres cinématographiques que les soupers gastronomiques.

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Alexis Jegou

France et chocolat

Il y a donc le thème gourmand du chocolat, qu’on retrouve dès le film d’ouverture, Como agua para chocolate (Les épices de la passion) d’Alfonso Arau. «Pour moi, c’est un Festin de Babette à la Gabriel García Márquez. Le portrait d’une femme dans toute sa passion pour la cuisine, ses plats dans lesquels elle met tout son amour, commente Lucie Tremblay. Comme on est début novembre, c’est l’occasion d’offrir des couleurs chaleureuses, d’amener du bonheur et de l’amour avec le chocolat. Ça permet aussi de faire une excursion dans la gastronomie mexicaine… Le film va très bien avec le chef de l’Hôtel Le Germain, qui se passionne pour la cuisine latine!»

Si le festival commence avec le Mexique, la programmation se poursuit avec un clin d’œil à la France, en cette année qui a vu partir Paul Bocuse et Joël Robuchon. Parmi les films français à l’affiche, notons Les saveurs du palais de Christian Vincent, où l’actrice Catherine Frot incarne une chef dans l’univers très masculin de la gastronomie. Un film qui permettra de lancer des discussions intéressantes sur la parité en cuisine, mais aussi, quelques mois à peine après la tenue du G7 dans Charlevoix, sur la question de nourrir les grands.

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L’aile ou la cuisse  ©Les Films Christian Fechner

Le festival est aussi l’occasion de revisiter les classiques, avec la projection du cultissime L’aile ou la cuisse de Claude Zidi, avec Louis de Funès et Coluche. «J’aime beaucoup mettre des films de répertoire dans notre programmation, souligne Lucie Tremblay. Ce film-là a 40 ans, mais il aborde déjà la thématique de la gastronomie versus le fast-food. Et c’est un film qui me fait mourir de rire!» Les cinéastes Mathieu Roy, Anaïs Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier, Nicolas Paquet et Philippe Lavalette viendront quant à eux présenter les films québécois Dépossession, Le plancher des vaches, Esprit de cantine et Chef Thémis.

Parmi les 14 projections prévues pendant la fin de semaine, deux premières: Le magicien des épices, un documentaire de Jean-Pierre Petit sur Olivier Roellinger, et Les festins imaginaires d’Anne Georget. Cette dernière a retracé des livres de recettes écrits à la main par des gens dans des camps de concentration. «C’est un film qui m’a particulièrement touchée», commente la productrice charlevoisienne. «Pour être capables de survivre à l’horreur, ces gens ont partagé des recettes, imaginé des festins. Il y a beaucoup de tendresse et un fort pouvoir d’évocation dans ce film. Il me fait un peu penser à La vie est belle…»

Une soupe sur scène

«Il faut faire quelque chose dans cette chapelle!», s’exclamait Christian Bégin l’année dernière, en voyant le superbe espace de la Maison Mère de Baie-Saint-Paul. Pour cette édition, le virevoltant porte-parole du festival a trouvé comment occuper la chapelle: aux côtés des comédiens Patrice Coquereau, Denis Harvey et Fannie Dubeau, il y présentera une pièce inspirée du livre de Mark Crick La soupe de Kafka – car, bien sûr, on parlera encore de bouffe. Avec le théâtre, c’est un nouveau volet artistique qui s’ajoute à la gastronomie et au cinéma. «On a beaucoup d’imagination et de créativité dans ce festival, indique Lucie Tremblay. On pense par exemple à une expo photo prochainement. Mais ça se construit une année à la fois…»

En attendant, Cuisine, cinéma et confidences continue de nous en mettre plein la vue et la panse au cœur de l’automne, attirant cette année encore plus de curieux de l’extérieur de Charlevoix. «On a pu vérifier avec la première édition que le festival avait toute sa pertinence, et particulièrement ici dans la région, souligne la productrice. On a validé notre formule, festive mais aussi informative; les gens aiment habiter les lieux de Baie-Saint-Paul de façon différente et pouvoir échanger après les films.»

Car au-delà des plaisirs de la table et des films, Jean Soulard et Lucie Tremblay veulent également pousser la réflexion sur la qualité de ce que nous mangeons. Le duo travaille déjà à la programmation de la troisième édition, avec un but en tête: que Cuisine, cinéma et confidences devienne le lieu de rendez-vous du monde de l’alimentation. Le cinéma est peut-être le 7e art, mais la gastronomie a sans doute aussi sa place dans la liste.

Du 2 au 4 novembre
À Baie-Saint-Paul
cuisine-cinema-et-confidences.com