Vie

Terrains de jeu : Sur la touche

Hausse fulgurante des adeptes de sports d’équipe, de soccer en particulier, terrains de jeu existants devenus obsolètes… les installations sportives manquent dans la capitale. Sportifs de Québec, unissez-vous!

"Les responsables à la mairie ne sont pas de mauvaise foi, affirme Charles Gaudreau, président du Club de rugby de Québec (CRQ), mais des terrains, y’en a juste pas!" S’adonnant à leur sport favori depuis une quinzaine d’années sur le terrain de football du Parc des champs de bataille, M. Gaudreau et ses équipiers se sont fait déloger cet été à la suite des travaux de réfection (plus que nécessaires) effectués depuis le 1er juillet. Une trentaine de lettres, autant de refus plus tard, la Ville de Québec finit par accepter de louer un terrain au Club, pour la modique somme de 2000 $, prévenant son président de l’état pitoyable du terrain.

Passant cette année à une division supérieure, l’équipe ne pouvait refuser, et la voilà au milieu d’un terrain rempli de gravier, sans poteaux ni buts, devant débourser 3000 $ de plus pour aménager ce qui deviendra, pour l’été, le théâtre de ses rencontres sportives.

Il en va de même pour certaines équipes de soccer, de baseball, de football… en particulier pour les clubs privés et les ligues indépendantes, qui doivent se contenter des restes des clubs gérés par la Ville.

"On se plaint des problèmes de santé de la population, mais on ne donne pas les outils aux gens qui veulent faire du sport. Le sport, c’est la santé, alors plutôt que d’investir dans la maladie, le gouvernement ferait mieux d’investir dans la santé!" plaisante l’adepte du ballon ovale.

François Moisan, conseiller en communication à la Ville de Québec, quant à lui fervent amateur de soccer, lui renvoie la balle: "Depuis 2004, et jusqu’à 2008, c’est deux millions par année qui vont être entièrement consacrés à la construction de nouveaux terrains de soccer…"

Terrains synthétiques intérieurs entre autres à Beauport et à Sainte-Foy, projets en attente pour le secteur des Rivières et du Parc Chauveau, deux hangars d’ExpoCité transformés en terrains couverts occupés à temps plein, la Ville fait des pieds et des mains pour satisfaire la demande grandissante, et des investisseurs surfent sur la vague.

Sport national, le soccer? Pas loin. Ouvert à tous et à toutes, universel, peu violent, le soccer est de loin le sport le plus démocratique et, si on se fie à François Moisan, "le plus beau à regarder". Avec ses 40 000 adeptes dans la capitale nationale, le ballon rond peut tirer avec force la couverture à lui. Dommage pour les autres? M. Moisan n’est pas pessimiste quant au sort des sports plus "alternatifs": "En construisant des nouveaux terrains de soccer, ça laissera éventuellement de la place ailleurs pour les autres sports."

Ce que l’histoire ne dit pas, c’est qu’avec les 112 millions – chiffre annoncé par la mairie de Québec – nécessaires pour consolider les équipements sportifs existants (arénas, centres communautaires, terrains existants…), les ligues indépendantes et les sports moins répandus devront se contenter d’équipements obsolètes, et parfois dangereux, anticipe M. Gaudreau. À moins que les 112 millions n’apparaissent sous le sabot d’un cheval.

Malgré cela, comme l’ont prouvé le Club de rugby de Québec ainsi que, tout récemment, les membres de la ligue d’ultimate frisbee (comme le frisbee normal, mais avec des règles), qui se sont démenés comme des beaux diables pour obtenir un terrain à leur goût, tout est possible avec beaucoup de courage, de motivation, pas mal de temps et beaucoup d’argent, ou de bons commanditaires.

Le terrain de jeu situé sur les plaines d’Abraham, dont les travaux de réaménagement s’élevant à 220 000 $ devraient prendre fin au mois de novembre prochain, restera à la disposition des sportifs, confirme Louise Germain, secrétaire adjointe de la Commission des champs de bataille. Afin de rassurer le président du CRQ, et sans vouloir faire souffrir inutilement ceux qui rêvaient de s’ébattre sur ce magnifique et nouveau terrain à la poursuite de leur célèbre ballon noir et blanc, le terrain restera a priori réservé au rugby et au football.

À défaut de pouvoir s’ébattre eux aussi sur cette parcelle de terrain tant convoitée, les adeptes d’autres sports, ou de pas de sport du tout, seront tout de même invités à venir s’installer sur le gazon tout neuf, et qui sait, se découvriront peut-être une passion pour le ballon ovale.

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