"Tout d’abord, explique François Moisan du Service des communications de la Ville de Québec, le quartier Saint-Sauveur est en majorité résidentiel, et il n’y a pas d’espaces libres pour y mettre de gros bâtiments comme l’ENAP ou l’université, par exemple, implantées dans le quartier Saint-Roch. Saint-Sauveur ne connaîtra donc pas la "même" revitalisation." Toutefois, une courte balade dans les rues de ce quartier populaire laisse espérer que la mairie se tourne vers l’ouest et accorde quelques deniers pour sa renaissance, et M. Moisan en est conscient: "On essaie d’améliorer la qualité de vie des résidants. Cet été, par exemple, le Parc Durocher a été rénové. Ce n’est pas spectaculaire par rapport à Saint-Roch, car c’est fait petit lot par petit lot. Beaucoup de propriétaires font appel à des subventions."
Le plan directeur du quartier Saint-Sauveur, explique François Moisan, est accompagné d’un budget de 900 000 $ échelonné sur trois ans, et affiche comme priorités, entre autres, l’embellissement, la conservation du patrimoine et la sécurité.
Jean Martel, président de l’Association des gens d’affaires de la rue Saint-Vallier, a beaucoup de projets pour son quartier, mais n’attend rien avant les élections: "Les dirigeants actuels ont la volonté de faire quelque chose avec le quartier Saint-Sauveur. Reste à voir ce qu’en pensent les autres candidats!"
Dans le meilleur des mondes, le quartier Saint-Sauveur sera donc revigoré d’ici trois ans. Cela créera-t-il une hausse des loyers et, donc, une "expatriation" des individus et des foyers à bas revenus? Car même si, selon François Moisan, "rien n’a démontré qu’il y a eu un exode des propriétaires du quartier Saint-Roch après les rénovations", selon la Corporation de développement économique communautaire de Québec, une hausse du prix des loyers nettement supérieure au taux d’inflation a été enregistrée dans ce secteur depuis les rénovations.
M. Martel est optimiste quant à ce phénomène dans le quartier Saint-Sauveur: "Pour les décisions prises en fonction du plan directeur, par exemple, on a toujours fait affaire avec la population. Les commerçants et les habitants veulent travailler ensemble; on fait en sorte que le quartier reste accessible aux personnes de toutes les classes sociales qui font la richesse de ce quartier."
Toujours selon le président de l’Association des commerçants de la rue Saint-Vallier, le renouveau de Saint-Roch a également fait du bien à Saint-Sauveur. En effet, beaucoup d’étudiants s’y sont installés, attirés par les loyers raisonnables et la proximité de l’université, ce qui a contribué également à rajeunir la population et à apporter un nouveau souffle à ce quartier, tant au niveau artistique que culturel.
Quand François Moisan affirme que la rénovation du boulevard Charest, véritable hall d’entrée pour qui vient visiter la capitale, a pour motivation la qualité de vie des citoyens, M. Martel lui oppose un argument de taille: "Le quartier est grand, et beaucoup de travaux importants sont à faire un peu partout. Des rénovations superficielles ne suffiront pas. Il faut faire quelque chose qui ressemble plus à un lifting qu’à un maquillage."
Il est facile de trouver un cachet au quartier Saint-Sauveur quand le plafond ne goutte pas et quand l’hiver ne perce pas au travers d’une isolation désuète, comme il est facile de ponctuer le boulevard Charest de "je ne pourrais pas vivre là-dedans" mi-dégoûtés, mi-affligés. Le plus gros reste à faire.