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Campus rêvé : Voir la ville

Véritable ville dans la ville, le campus de l’Université Laval ne fait pas toujours l’unanimité.

Constitué de pavillons imposants parsemés sur une plaine de gazon et d’asphalte, le campus est bien loin de l’idéal d’un quartier latin. Heureusement, tout cela est appelé à changer dans les années à venir.

Pour les 50 ans bien sonnés du campus, la direction de l’Université a décidé de lui donner un petit coup de jeunesse. Au passage, question de bien réussir le lifting, on a entrepris une profonde réflexion sur l’avenir de l’aménagement et de l’urbanisme dans la Cité universitaire. "Un campus, c’est avant toute chose un milieu de vie", explique avec entrain Claude Dubé, qui a présidé les travaux de la Commission d’aménagement de l’Université Laval (CAMUL). "Notre objectif était de tracer les lignes directrices du développement du campus pour y intégrer toutes les grandes activités d’une université de premier plan comme Laval. Le plus gros défi rencontré fut de prévoir les besoins futurs de l’institution et de les imbriquer dans une approche humaine pour faire du campus un milieu de vie stimulant et agréable."

PETITE HISTOIRE

Le premier souffle du campus que l’on connaît actuellement est né dans les années 50. En 1952, Édouard Fiset rédigeait un plan directeur se voulant résolument moderne. "Il avait élaboré une vision fortement inspirée des campus américains, raconte Claude Dubé. Le campus devait être fait de boisés et d’espaces aérés sillonnés de grandes avenues et ponctués par des pavillons." Pour y parvenir, on avait choisi de construire l’Université dans une enclave isolée du reste de la ville.

Il faudra attendre 1971 pour qu’on réactualise une première fois le plan directeur de l’aménagement du territoire de la Cité universitaire. "À ce moment-là, poursuit Claude Dubé, on s’est rendu compte que la vision de Fiset, de plus petits pavillons bordés de verdure, ne correspondait plus aux critères de la fin des années 60. On sortait de la Grande Noirceur et l’époque demandait une expression de force et d’ouverture aux technologies qui s’est manifestée par la construction de pavillons imposants caractérisés par de grosses masses architecturales."

UN CAMPUS À MODIFIER

Résultat des courses, on se retrouve avec le campus actuel fait d’énormes pavillons isolés les uns des autres par des stationnements et des boisés, où l’impression de chaleur humaine n’est pas exactement au rendez-vous. Quand on questionne Claude Dubé pour savoir si ce type de campus correspond toujours à un "milieu de vie stimulant", il admet d’emblée que le campus, malgré ses forces, comporte certains défauts que les réflexions de la CAMUL cherchent à corriger. "On a voulu se donner non pas un plan d’aménagement qui aurait apporté des solutions à court terme, mais un plan directeur. C’est-à-dire qu’on a défini des paramètres dans lesquels doivent s’inscrire les transformations physiques du campus pour les années à venir."

Et l’exercice s’est avéré profitable. La CAMUL a déterminé cinq grands chantiers à entreprendre pour modifier l’université. La planification du premier de ces chantiers, qui vise à créer un quartier latin au coeur du campus, est déjà en branle. "On propose de construire un quartier d’habitations et de résidences près de la rue Myrand. D’une part, ça permettrait de répondre aux besoins des étudiants en logement et, d’autre part, ça ferait du campus un endroit plus humain où il y aurait de la vie 24 heures par jour."

Bien que nécessaire, la revitalisation du campus peut sembler un rêve inaccessible au moment où l’Université Laval connaît des problèmes financiers et où le ralentissement de la croissance démographique laisse présager une baisse des inscriptions. "C’est un peu l’oeuf ou la poule, rétorque Claude Dubé. Si l’Université ne fait rien pour être intéressante pour les étudiants, on risque d’avoir moins d’étudiants. Par contre, si on crée un milieu de vie stimulant pour une université à la fine pointe de l’enseignement et de la recherche, peut-être que cette baisse envisagée pourrait se transformer en hausse substantielle!"

Pour les gens pressés de voir des changements, Claude Dubé précise qu’il n’y a pas encore d’échéancier en place. "Il faut bien comprendre que les grands chantiers vont se mettre en oeuvre tranquillement, selon les besoins de la communauté. Mais dès que nous serons prêts, ça pourrait bouger assez vite. Déjà, de nombreux partenaires attendent sur le pas de la porte pour s’impliquer. Il ne nous reste qu’à donner le signal de départ. Pour le projet Myrand, on parle d’un horizon de cinq à huit ans."

Pour connaître l’avenir du campus universitaire, on peut consulter le plan directeur au www.cameo.ulaval.ca.