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Architecture du paysage : Jardins conceptuels

À l’occasion de la huitième édition du Festival international des Jardins de Métis, un nouvel ouvrage propose une rétrospective du festival depuis 2000. C’est l’occasion de découvrir ou redécouvrir une nouvelle façon de concevoir le jardin, qui a influencé la physionomie de nos villes, y compris à Montréal.

Des jardins conceptuels

C’est d’abord à Chaumont-sur-Loire, en France, qu’on a l’idée de créer un festival qui amène à dépasser le cadre traditionnel du jardin. C’était en 1992. Huit ans après, c’est à Métis, dans le bas du fleuve, que naît une initiative similaire. "Un jardin n’est pas qu’un simple espace horticole, c’est aussi un lieu d’expérimentation qui propose au visiteur une expérience physique", précise Lesley Johnstone, directrice artistique du Festival des Jardins de Métis.

C’est ainsi, qu’à côté des quelque 17 hectares de jardins historiques aménagés entre 1926 et 1959, le Festival de Métis invite chaque année plus d’une dizaine d’architectes de paysages du monde entier à proposer leur vision du jardin selon une thématique particulière. Cette année était consacrée aux jardins sonores. Les créations de l’an dernier avaient pour mission d’éveiller nos sens (des sens – ouïe, odorat, vue et toucher).

Le livre Formes hybrides: Redessiner le jardin contemporain à Métis passe en revue les quelque 40 jardins éphémères qui ont été créés à Métis depuis la naissance du Festival et rapporte le témoignage de 22 concepteurs qui y ont participé. C’est l’occasion pour le lecteur de non seulement avoir une vue globale du Festival, mais également de mieux comprendre les formes que peut prendre un aménagement paysager contemporain, qu’il soit ouvert, fermé ou tout simplement ludique.

Métaphores montréalaises

"Le jardin contemporain est un hybride qui s’inspire autant de l’art et de l’architecture, du design urbain et industriel, de la culture populaire et des nouvelles technologies, que de l’histoire et de l’art du jardin", commente Lesley Johnstone. Selon elle, même si cela reste plutôt modeste, cette nouvelle approche trouve de plus en plus d’applications dans les villes, notamment à Montréal.

D’ailleurs, beaucoup de professionnels, qui participent à des festivals internationaux comme celui de Métis, nous ont offert des créations originales. Il y a bien sûr la forêt rose du Palais des Congrès conçue par Claude Cormier ou, plus récemment, sa cour intérieure métaphorique du nouveau pavillon des sciences biologiques de l’UQAM. NIP Paysage nous a donné des aménagements éphémères, comme les immenses jardinières du Festival Juste pour Rire 2006, les chaises géantes près du métro Mont-Royal en 2005 ou les ronds bleus sur l’édifice Belgo lors de la Biennale de 2004. Mais on leur doit aussi l’aménagement des aires de jeux du parc Benny dans Notre Dame-de-Grâce et le jardin intérieur des habitations du YWCA. Il y a également les Vlan Paysages (abords de l’Oratoire Saint-Joseph, cour intérieur du centre culturel et sportif Régina-Assumpta), Espace DRAR et autres Mousse Architecture de Paysage…

Festivals, parcs et jardins…

Il n’y a pas que Métis qui peut s’enorgueillir d’un festival de jardins conceptuels. Depuis deux ans, les quais du Vieux-Port s’animent avec le Festival de jardins de Montréal d’International Flora. Bien sûr, la plupart des jardins sont de facture plutôt traditionnelle, ce festival ayant tout de même des visées commerciales. Néanmoins, avec 45 jardins aménagés à cette occasion, on retrouve toutes sortes de choses, y compris des jardins conceptuels, comme cette année, Le Jardin de l’espoir de Mousse Architecture de Paysage ou, l’an dernier, Les bâtons bleus de Claude Cormier.

Les Paysages Éphémères mettent en valeur certains espaces de l’avenue du Mont-Royal

À côté de ça, chaque année depuis 2005, les Paysages Éphémères mettent en valeur certains espaces de l’avenue du Mont-Royal. Bien sûr, il s’agit plus "d’interventions urbaines" que de jardins. Mais dans leur approche, ces installations visent à aménager un espace et à faire vivre au public une expérience, au même titre que les jardins conceptuels. D’ailleurs, les chaises Adirondack géantes de NIP Paysage, installées sur la place Gérald-Godin en 2005, avaient déjà été présentées par les architectes au Festival de Chaumont quelques années plus tôt.

Sinon, comme le fait remarquer Lesley Johnstone, en fait de jardins, Montréal est surtout riche en parcs, à quelques exceptions près. Elle cite ainsi le jardin du Château Ramezay, "un très bel exemple de jardin à la française", aménagé à une époque (début XVIIIe) où Montréal compte 186 jardins. C’est néanmoins le jardin botanique qui est son coup de coeur montréalais. "Il y a dans la variété des plantes, leur agencement, le coté pédagogique du jardin et ses éléments architecturaux quelque chose de saisissant", confie-t-elle. D’ailleurs, ce jardin (qui en contient plusieurs à la fois) n’a parfois rien de traditionnel. Il suffit pour s’en convaincre de penser au pavillon des Premières Nations construit par Saucier+Perrotte. Ce n’est en fait qu’un toit sur pilotis dont les ondulations représentent le sentier séparant la persienne d’épinettes de la forêt de feuillus. Une métaphore qui en rappelle d’autres à Métis…

Lancement de Formes Hybrides: Redessiner le jardin contemporain à Métis

Le jeudi 6 septembre, à 18h

À la galerie d’architecture MONOPOLI (181, rue St-Antoine Ouest, Montréal, www.galeriemonopoli.com)