Écrite par le Canadien Morris Panych, The Dishwashers, comme son nom l’indique, dévoile en humour les hauts et les bas des laissés-pour-compte de la restauration: les plongeurs. Sur scène – ou, devrait-on dire au sous-sol-, quatre plongeurs de tous âges et de tous horizons: deux jeunes plein d’espoir et embarrassés par leur boulot; un vieillard qui y travaille depuis un demi-siècle; et un homme bourru, pour qui la vie ne se résume qu’à son travail de plongeur.
En tant qu’ancien fumoir, le sous-sol du BU a, au fil des ans, été surnommé abus. Ceux qui ont eu la chance d’y aller se souviendront de l’aura festive de ce minuscule espace qui n’accueillera que 25 spectateurs à la fois. Mise en abîme oblige, la plonge de The Diswashers est située dans un sous-sol de restaurant. Le BU possédant sa propre plonge à l’étage, lavabo et vaisselle seront installés en guise de décor. Il n’en demeure pas moins que la réalité ne sera jamais bien loin. À commencer par la trame sonore live, venant directement de la "vraie vie" du BU. Assiettes qui claquent, verres qui brisent, rires et musique, les clients et l’équipe du restaurant auront, sans le savoir, leur rôle à jouer. L’expérience risque d’être aussi inusitée qu’intéressante. D’autant plus qu’une grande table sera mise en place pour l’après-pièce. Acteurs et spectateurs pourront y manger et boire, mais plus que tout échanger. Sachant qu’en authentique bar à vins, Bu offre une sélection de 500 vins, dont une trentaine au verre, fort est à parier que les échanges seront agréables.
L’idée du BU comme lieu de diffusion vient d’Andrew Shaver, un régulier de la place qui est aussi le metteur en scène de la pièce. Pour les propriétaires du resto, diffuser cette pièce allait de soi. Le BU est devenu au fil des ans le quartier général d’une bonne partie de la communauté artistique. Il n’est pas rare d’y entrer et de voir des artistes accoudés au comptoir, trinquer au sortir d’un spectacle. Voilà simplement une façon de donner suite à l’expérience habituelle du BU qui, malgré ses airs de resto branché, brille par sa convivialité.
Confidences de deux plongeurs
David Assad et l’acteur Alain Goulem, qui joue le rôle de Dressler, le principal laveur de vaisselle de la pièce, se sont prêtés au jeu du question/réponse. Histoire de voir si la réalité et la fiction concordent, l’acteur a laissé la parole à son personnage…
Quelle est votre philosophie à l’égard du métier de plongeur?
David: "De toute évidence, pour moi et bien d’autres, le métier de plongeur en est un de transition. J’étudiais à l’Université de Toronto et j’habite maintenant Montréal dans le but d’aller à Concordia. Quand tu ne parles pas bien la langue d’un pays, c’est une excellente idée que d’être plongeur."
Dressler: "Selon moi, la plonge est un art. La première chose que les gens voient en arrivant dans le restaurant, c’est mon travail. Mes oeuvres sont sur la table. On passe devant le restaurant, on regarde dans la vitrine et on voit tout mon travail. Il va de soi qu’être plongeur est un job très important dans l’art culinaire. S’il n’y a pas assez d’assiettes et que les clients attendent pour manger, c’est de notre faute. Si les clients voient une petite croûte collée sur l’assiette, c’est de notre faute aussi."
Quel est le pire cauchemar pour un plongeur?
Dressler: "Un poil pubien dans une bisque de homard."
David: "Une panne d’électricité. Ça signifie que je dois laver la vaisselle à la main, sans voir si c’est vraiment propre."
Est-ce que vous percevez des préjugés négatifs quand vous dîtes aux gens que vous êtes plongeur?
Dressler: "Ma vie c’est d’être plongeur; je le serai jusqu’à la fin de mes jours. Ne pas trop avoir d’ambition permet de ne pas être déçu. Les seules conversations que j’ai, c’est avec les autres plongeurs. Ensuite, je rentre chez moi et j’écoute la télé. Je n’ai donc pas l’occasion de percevoir des préjugés."
David: "S’il y a des gens qui le font, je ne m’en rends pas compte. Mais moi, il est certain que je ne resterai pas plongeur toute ma vie!"
The Dishwashers est présentée en anglais seulement.
Du 9 au 26 septembre, du dimanche au mercredi.
Billets (réservation obligatoire): 514 581-0321 ou www.sidemart.ca
BU
5245, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Tél.: 514 276-0249