Vie

L’Hôtel de Ville : Colosse "invisible"

On peut passer devant sans le voir, tant il fait partie du décor montréalais depuis cent trente ans. Redécouverte d’un joyau.

Et pourtant, avec son escalier monumental, son balcon symbolique (du haut duquel le général de Gaulle y a lancé son "Vive le Québec libre" en 1967), ses colonnades et ses toits brisés en cuivre, l’Hôtel de Ville de Montréal nous offre un très bel exemple d’architecture néo-classique en Amérique du Nord. Construit entre 1872 et 1878, il s’inspire directement de l’architecture française du Second Empire qui influençait alors largement le style de nombreux bâtiments administratifs au Canada comme aux États-Unis. À l’époque, on veut donner à ces édifices la monumentalité de ceux de la Rome antique. On n’hésite alors pas à surcharger les constructions d’éléments architecturaux, comme les arcs segmentaires ou les colonnes et pilastres jumelés.

Pourtant, la reconstruction de l’Hôtel de Ville, rendue nécessaire par l’incendie de 1922 (seuls les murs seront conservés), va permettre d’alléger l’aspect général de l’édifice. Bien que toujours d’inspiration classique, l’étage et les combles rajoutés offrent une composition plus simple que celle du Second Empire. Mais c’est surtout la construction du campanile qui va donner à l’ensemble une allure plus élancée.

L’intérieur est à l’image du classicisme imposant de l’extérieur, tant dans le hall d’honneur que dans la salle du Conseil, tous deux ouverts au public. Dans le hall d’honneur, les pilastres de marbre d’Escalette coiffés de chapiteaux corinthiens en bronze rehaussent majestueusement les compositions au sol de marbre rouge et vert. Dans la salle du Conseil, le trône ou "fauteuil du maire", les pupitres et la base des murs sont faits de noyer, de bois de teck, d’ébène et de palissandre.