Vie

ModÉthik 2007 : Le shopping, un acte moral

Après ses excès, ses extravagances et son exploitation effrénée, la mode serait-elle enfin devenue responsable? L’événement ModÉthik est là pour nous montrer les options disponibles. Et tant mieux si vous glanez au passage un sac qui vous plaît!

Dans le grand fouillis du mouvement pour la consommation responsable, des épithètes sont lancées ça et là comme autant de garanties pour la bonne conscience: tel vêtement est écolo, tel autre bio, tel autre encore fabriqué par des gens qui habitent près de chez vous. "On finit par se demander s’il s’agit d’une stratégie de marketing", dit Lis Suarez, directrice de FEM International, l’ONG qui organise le salon ModÉthik. "Mais il y a une vérité universelle qui se dégage de ce mouvement: nous prenons conscience de l’importance de nos choix." Et un choix éclairé, cela suppose qu’on soit informé. Pour sa deuxième édition, ModÉthik se propose de faire exactement cela: défilés, ateliers (Tissez du plastique ou Recyclez votre garde-robe), stands d’exposition pour les créateurs, conférences… Il y aura là des organismes comme Équiterre, The Ethical Fashion Show Paris ou Conscience Équitable; des boutiques comme La Gaillarde, Rien à Cacher et Crazy Lily; des lignes comme de Harricana par Mariouche et OÖM Ethikwear; des créateurs colombiens et thaïlandais…

La fin ne justifie pas les moyens

L’idée n’est pas seulement de promouvoir le résultat final, mais de mettre l’accent sur le procédé de fabrication. En passant par la définition même de la mode éthique. "Il y a plusieurs manières de s’engager au sein de la mode éthique, explique Mme Suarez. Le respect de l’environnement est une approche. Mais nous essayons surtout de promouvoir une approche sociale et équitable, où les gens qui fabriquent le produit sont pris en considération." Alors que le virage environnemental grandit en popularité, les considérations éthiques, elles, traînent de la patte. Pour beaucoup, ceux qui fabriquent les vêtements que nous portons sont des femmes. Dans les pays en voie de développement, près de 2/3 d’entre elles travaillent dans l’industrie textile, dans des conditions de travail souvent dégradantes. Ce sont elles que vise l’organisme FEM International. En leur donnant des programmes de formation de base en entrepreneuriat, l’ONG cherche à favoriser leur autonomisation, à leur permettre de briser le cycle de la pauvreté. "C’est comme ça que nous avons eu l’idée d’organiser un événement mode pour promouvoir des produits éthiques faits par des femmes, et pour montrer ce qui se fait ici et ailleurs, précise Mme Suarez. Parce que ce ne sont pas tous les produits faits au Québec qui sont éthiques, et vice versa. C’est important que les gens comprennent les processus de fabrication, pas seulement les résultats obtenus." L’objectif étant, bien sûr, de conscientiser le public, de lui donner envie de jouer un rôle éthique actif dans la vie de tous les jours.

Des changements en cours?

Mais le public n’est-il pas déjà suffisamment conscientisé? Plusieurs initiatives ont déjà vu le jour au niveau international. Paris a son Ethical Fashion Show; Londres a Esthetica, un événement de mode responsable intégré dans sa semaine de mode habituelle. ModÉthik arrive dans leur sillage, avec des objectifs similaires. Même les grandes compagnies s’y sont mises: prenez la campagne RED de Gap, dont la moitié des profits était destinée à un fonds pour les femmes et les enfants souffrant du sida en Afrique. "C’est déjà bien que les compagnies s’impliquent en adoptant un code d’éthique ou en créant ce type d’événements, croit Lis Suarez. Mais on devrait pouvoir aller plus loin et vraiment pouvoir vérifier si les compagnies font ce qu’elles disent. De la même façon qu’on demande en magasin quel tissu a été utilisé pour un vêtement, on devrait pouvoir demander dans quelles conditions il a été fait." Parallèlement, les jeunes designers s’impliquent de plus en plus pour offrir des produits éthiques, où le processus de fabrication est transparent. Dans cette industrie multimillionnaire qu’est la mode, l’impact de ce type d’initiative est sans doute minime. Mais cela crée une pression, croit Lis Suarez. Et puisque magasiner, c’est faire un choix… Lequel ferez-vous?

Le 8 septembre
À la SAT (1195, boulevard Saint-Laurent, Montréal)
www.feminternational.org