Vie

Mon quartier : Charme néo-trash

Si le tronçon gai du quartier Centre-Sud évoque la bamboula, l’extrême est se révèle moins fringant. N’empêche que cette partie de Montréal possède son âme, ses richesses et ses subtilités.

Fini le temps où, tous les matins, Félix St-Jacques se faisait offrir des "changements d’huile" par des femmes en minijupes et talons aiguilles plantées en face de la McDonald Tobacco. La parcelle de la rue Ontario Est, entre De Lorimier et Frontenac, a changé. Vraisemblablement, ce n’est pas le coin crado que bien des gens imaginent. "Le quartier Centre-Sud n’est plus ce qu’il était. Comparativement à il y a cinq ans, l’ambiance s’est améliorée. De plus en plus, on voit des jeunes couples emménager dans le coin. Il y un esprit de communauté", raconte St-Jacques. Chose certaine, cette communauté a un visage de plus en plus hétéroclite. Centre-Sud se colore graduellement. Voilà, selon Claudine Douaire, ce qui fait le charme du coin. "Le quartier s’est ethnicisé depuis les dernières années. Je vois régulièrement des Indiens, des Vietnamiens ou des Africains. Le plus beau dans tout ça, et c’est même plutôt surprenant, c’est que tout le monde parle français, peu importe la couleur. Jamais, on ne se fait servir en anglais."

PROMENADE DE QUARTIER

La grande majorité des adresses prisées par le couple se situe rue Ontario. Un peu à l’est du métro Frontenac se trouve L’épicerie Hiep Phat. "C’est une excellente place pour les fruits et légumes. Avec vingt dollars, tu nourris une famille de vingt!" lance-t-elle. À quelques pas de là, face au métro Frontenac, nous attend la Pologne, à la pâtisserie-boulangerie Wawel. "Miam!, les pâtisseries de Wawel… Ils ont de vrais beignets paczki, mais je fonds littéralement pour leur rouleau aux noix", poursuit-elle. Pour les gâteries plus culturelles, les Centre-Sudistes ne sont pas désemparés, bien au contraire. "La maison de la culture Frontenac est géniale. La programmation est vraiment excellente, souligne Félix St-Jacques. On fait souvent de belles découvertes. Et pas très loin de là, il y a le Vidéo 20/20 qui me comble tout à fait. Ils ont une section de films de répertoire super intéressante." Mais le coup de coeur culturel du couple est certainement l’Espace libre, rue Fullum. "On y va six ou sept fois par année. C’est un lieu de création original, un cas à part à Montréal", dit-il.

Aux premières loges de leur carnet resto, le Bistro le Porto, rue Ontario, non loin du Théâtre Prospero. "Ils servent de l’excellente cuisine portugaise. J’aime leur sélection de portos et surtout le staff, qui adore donner des conseil", affirme Claudine Douaire. Un peu plus à l’est se trouve un petit resto mexicain convivial, La Guadeloupe mexicaine. "Mais on y va surtout pour les margaritas. Ce sont assurément les meilleures en ville. Elles sont faites avec du jus de lime bien frais. Parfait en période de canicule."

Le secret le mieux gardé du coin: le Café Coop Touski.

"C’est le point fort du quartier, dit Claudine Douaire. C’est très rassembleur comme endroit. C’est familial; il y a une aire de jeu pour les enfants. C’est aussi un lieu de diffusion pour les artistes de la communauté. Et la bouffe est bio et succulente, surtout les déjeuners."

NOTRE 6 1/2AU CENTRE-SUD

"Joyeux, lumineux et chaleureux", voilà comment le couple décrit leur coloré 6 1/2,rue Poupart, qu’il loue pour la moitié du prix qu’ailleurs. "On adore notre logement. Il est très ensoleillé, la cuisine est lumineuse. Ça commence bien une journée", confie Claudine Douaire. La déco? Chicha, bouddha, cactus, papillon tropical encadré: une aura exotique habite les murs. Mais on craque surtout pour la division des pièces, qui règne au top du palmarès "Pourquoi habitons-nous ici". "C’est typique des appartements du quartier. Ça a été construit pour des grandes familles d’ouvriers; il y a de l’espace. On est loin des logements "corridor" que l’on trouve sur le Plateau. Fréquemment, on fait des soupers entre amis. On peut facilement être une douzaine. Ça donne de belles soirées!" confirment-ils en choeur.