Petit retour en arrière. Nous sommes en 1925 et se tient à Paris un événement qui marquera son siècle: l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes. S’y réunissent des artistes, designers et architectes de partout dans le monde. C’est le début de la vague Art déco qui déferlera ensuite sur la planète, de Londres à Paris, en passant par Bombay et, bien sûr, les États-Unis, et plus particulièrement Miami Beach (nom donné à la ville côtière, la métropole de Miami étant située à l’intérieur des terres). "Les années 30 étaient un temps où régnaient l’optimisme et la croyance en la technologie. Les gens célébrèrent les avancées technologiques en adoptant le métal, particulièrement l’aluminium et l’acier, les pierres, comme l’onyx et le jade, les bois exotiques, tels l’ébène et le zingana", détaille Scott Timm, directeur à la Miami Design Preservation League.
Plusieurs années plus tard, dans les années 70 plus précisément, les joyaux de l’Art déco tombent en décrépitude à Miami Beach. Transformés en maison de retraite pour gens peu fortunés, les hôtels qui faisaient la renommée de la ville dans les années 30 ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. La ville pense même à les faire détruire pour revamper le quartier. C’est alors que Barbara Capitman, une passionnée d’architecture qui a maintenant une rue à son nom, décide d’agir pour que ces immeubles témoins du passé puissent survivre. Elle fonde alors, en 1976, la Miami Design Preservation League et réussit à convaincre la population et le gouvernement de la nécessité de conserver les immeubles. En 1979, la ligue parvient à faire inscrire non pas quelques immeubles, mais un quartier au complet dans le Registre national des bâtiments historiques. Ce quartier fait 2,5 km2 et comprend pas moins de 1 200 immeubles construits principalement dans un style Art déco. "C’était la première fois dans l’histoire des États-Unis que l’architecture du XXe siècle était déclarée historique et considérée comme valant la peine d’être conservée", explique M. Timm.
Depuis, le district Art déco, comme on l’a nommé, attire nombre de visiteurs chaque année. Une popularité qui a une raison, selon M. Timm: "Je crois que les gens recherchent une touche de glamour dans leur vie de tous les jours, et ils voient le style Art déco comme étant très sophistiqué, ils l’associent au cinéma hollywoodien des années 30, avec ses élégants night-clubs et ses hôtels luxueux."
Se promener entre la 5e et la 17e Rue à Miami Beach, c’est visiter un musée en plein air, et contempler le style unique de Miami Beach, qui a adapté l’Art déco à son climat tropical, un style qu’on a nommé Tropical déco. "Les architectes de Miami Beach ont été inspirés par l’océan, la plage à perte de vue, les palmiers, les oiseaux tropicaux, et ils ont incorporé ces idées aux éléments décoratifs qu’ils ont apposés sur les immeubles", raconte M. Timm. Comme quoi à Miami, on ne se fait pas seulement son cinéma, mais parfois, aussi, son Art déco…
Pour plus d’info: Miami Design Preservation League, www.mdpl.org.