Après les toitures végétalisées qui débordent et ruissellent sur les murs, comme au carré Robson à Vancouver, le dernier cri du développement durable est de faire littéralement pousser des plantes sur les murs. Lors de l’inauguration en 2006 du musée du quai Branly à Paris, le mur végétal de Patrick Blanc, qui en recouvre la façade, a fait couler beaucoup d’encre.
Malgré les coûts d’installation et d’entretien de ce mur nouveau genre, ses nombreux avantages retiennent de plus en plus l’attention. Outre son aspect esthétique, il protège le bâtiment sur lequel il est posé contre l’effet corrosif de la pollution urbaine et l’humidité. Par ailleurs, il agit comme un excellent isolant à la fois thermique et phonique. Au même titre que les toits verts, il permet de créer, en ville, des îlots de fraicheur et améliore, par l’effet des plantes vertes, la qualité de l’air. Pour finir, ce mur vivant (comme on le surnomme parfois) peut même participer en ville à la restauration de corridors biologiques, en servant de refuge et de garde-manger à certains animaux.
Depuis cet été, c’est la Fonderie Darling (centre de création, de production et de diffusion d’oeuvres d’arts visuels géré par l’organisme Quartier Éphémère) qui peut s’enorgueillir d’être un des rares bâtiments à Montréal à avoir son propre mur végétal. L’artiste français Jean-Paul Ganem a composé une fresque végétale sur le coin sud-ouest de l’édifice (sur une partie de la façade du Cluny ArtBar). Une juxtaposition géométrique de bacs de plantes, fixés sur un treillis métallique, crée l’illusion d’une forêt de gratte-ciels. Ainsi, "Jean-Paul Ganem devient l’initiateur d’une interaction improbable entre un paysage végétal et une urbanité inflexible", expliquent les représentants de Quartier Éphémère.
Jean-Paul Ganem est un peintre qui partage son temps entre la France et le Québec. Mais c’est un peintre très particulier puisqu’il prend pour toiles les paysages agricoles et pour couleurs celles des plantes qu’il y fait pousser. Les lignes de couleurs qu’il trace ainsi de façon naturelle dans les champs amènent un regard nouveau sur les espaces champêtres auxquels nous ne faisons plus attention. C’est cet artiste qui a fait pousser en 2000 ces drôles de rosaces multicolores derrière les installations du Cirque du Soleil (le Jardin des Capteurs).