Vie

La Petite-Patrie : Mère Patrie

Si vous doutez encore qu’il y a un baby-boom au Québec, c’est que vous n’êtes pas allé dans le quartier La Petite-Patrie récemment. Les poussettes, les cris d’enfants et les bedons ronds assaillent les rues. Bienvenue dans une vraie vie de quartier.

"Quand j’ai eu mes enfants, pendant longtemps, je n’ai pas pu sortir du quartier. Je n’ai pas d’auto, et c’était compliqué. J’ai donc réalisé qu’il est possible de se cloîtrer dans le coin et de tout faire à pied sans manquer de rien", raconte Geneviève Labelle, maman de deux gamins de trois et cinq ans. Elle a pignon sur rue de Laroche, entre Beaubien et Bellechasse. Il y a près de 10 ans qu’elle aime sa vie à La Petite-Patrie. "Au départ, je suis venue ici parce que c’était moins cher que le Plateau. Aujourd’hui, il est hors de question que je quitte mon quartier, même si le Plateau était plus abordable. Ici, c’est un vrai quartier, c’est très familial, les gens se parlent, se saluent. Je vis entourée de personnes qui me ressemblent. Je sens qu’il y a des choix dans le mode de vie de gens de mon quartier qui cadrent avec les miens", poursuit celle qui travaille pour l’organisme Alternative Naissance, situé à deux pas de chez elle.

PROMENADE DE QUARTIER

"J’adore le Cinéma Beaubien, dit-elle. C’est à une dizaine de minutes de marche; je peux donc me décider à la dernière minute. Je préfère aller dans un petit cinéma, où l’on sent encore l’esprit de quartier." D’autant plus qu’à ce cinéma, les enfants sont gâtés. Pendant les vacances, été comme hiver, les films pour les petits abondent. Juste en face se trouve le parc Molson. "Les jeux sont super; mes enfants s’amusent beaucoup là-bas." Et les jours de pluie, où s’amusent-ils après le cinoche? Ils vont au Café Coop Kajou, un lieu de rencontre à cheval entre le café de quartier et la joujouthèque. "Il y a une petite aire de jeu sympathique sur place. On peut aussi louer des jeux, tant pour adultes que pour enfants. C’est vraiment une belle place. Avec le temps, on s’y fait des amis."

Quand la maman en a marre des marmots, elle appelle la gardienne et décompresse à l’italienne, au Bistrot Unique, rue Beaubien. "J’aime bien la bouffe qu’ils servent, mais je préfère l’ambiance. On est toujours bien accueilli, c’est tranquille… Bref, c’est un typique resto de quartier." Et si la gardienne est d’humeur à veiller tard, une virée au Petit Medley, sur Saint-Hubert, est le gage d’une soirée parfaite. "C’est un bar plaisant, pas compliqué. Les mardis soir, il y a des soirées swing, et j’y participe; je suis une adepte." Question de faciliter les lendemains matin, il y a toujours les brunchs du café l’Apothicaire, rue Beaubien, pour se remettre sur le piton. "Le seul hic, c’est que l’endroit est trop petit, et c’est souvent plein. Mais leurs déjeuners sont vraiment, vraiment excellents."

Le secret le mieux gardé du coin: le salon de coiffure Mamzel6-Zo

"Beaucoup de gens sont surpris d’entendre que je me fais couper les cheveux à cet endroit. En fait, la plupart du monde qui passe devant ne sait pas que c’est un salon de coiffure. Pourtant, il y a là, la meilleure styliste que je connaisse. J’ai les cheveux frisés et je n’ai jamais eu une aussi bonne coiffeuse. C’est au coin de chez moi, mais je ferais des kilomètres pour aller la voir."

MON 4 1/2 DANS MA COOP

photo: Dominic Gauthier

Geneviève Labelle habite depuis un an dans une coop. Son 4 1/2 est aéré et lumineux. La vie se passe dans la pièce qui sert à la fois de salle à manger et de salon. C’est convivial comme logement, tout comme l’est le climat de la coop. "Le fait d’habiter une coop m’a permis de connaître rapidement mes voisins. On a régulièrement des réunions, les contacts se font vite. C’est, selon moi, le plus grand avantage de vivre ici. Je m’entends particulièrement bien avec ma voisine d’en haut. Elle garde les enfants; je garde le sien. Parfois, si je dois aller au dépanneur, elle descend pour quelques minutes. C’est super de pouvoir s’entraider comme ça."

Il y a fort à gager que les gamins sont, eux aussi, ravis de la vie de coop. Une grande cour gazonnée jalonne le derrière de la bâtisse. "Les enfants jouent tous ensemble dans la cour. Les parents jettent, à tour de rôle, un coup d’oeil. Il y a un climat de confiance qui règne", conclut-elle, avant de retourner à sa marmaille.