UNE VILLE DÉFUSIONNÉE
En 1883, alors qu’Hochelaga accepte d’être annexée par Montréal, la partie est de l’ancienne municipalité décide de faire sécession pour devenir la ville de Maisonneuve. À l’époque, cette nouvelle métropole s’étend de l’avenue Bourbonnière jusqu’au boulevard Viau et du fleuve jusqu’au boulevard Rosemont. Pour attirer les entreprises, les édiles vont largement utiliser les exemptions de taxes et les subventions. L’endettement qui en découlera, aggravé par un programme ambitieux d’aménagement urbain, sera à l’origine de la disparition de Maisonneuve en 1918 (annexée à Montréal).
UNE VILLE INDUSTRIELLE
La politique fiscale de la ville va rapidement porter ses fruits puisque, en 35 ans, Maisonneuve devient la cinquième ville industrielle du Canada.
En 1888, Sucre St-Laurent construit sa raffinerie sur la rue Notre-Dame au coin de Pie-IX (rachetée par Sucre Lantic). En 1906, c’est la Biscuiterie Viau qui s’installe à la limite est de la ville (sur Viau), dont le bâtiment a été préservé de la destruction grâce à sa récente transformation en condos et logements sociaux. Mais c’est surtout dans la fabrication de chaussures que la jeune métropole se démarque. Un des grands noms de cette industrie est la famille Dufresne, que l’on connaît par le "château" qu’elle se fait construire, en 1915, sur la rue Sherbrooke (coin Pie-IX). Comme le rappelle Paul Labonne, directeur du Musée du Château Dufresne, "la famille Dufresne sera derrière la construction de plusieurs bâtiments de style Beaux-Arts, qui font le patrimoine architectural de l’ancienne ville de Maisonneuve".
DES RÉALISATIONS DE PRESTIGE
En 1910, l’ingénieur Marius Dufresne dévoile un plan d’aménagement ambitieux, prévoyant la construction de cinq édifices de prestige et celle des boulevards Morgan et Pie-IX. Le premier bâtiment à être construit sera, en 1912, l’hôtel de ville, aujourd’hui transformé en bibliothèque. On peut toujours y admirer les escaliers de marbre blanc d’origine et les verrières conçues par l’atelier parisien Félix Gaudin. À l’étage, un dessin de Haberer représente Maisonneuve vers 1915.
Quelques années plus tard, c’est l’imposant marché Maisonneuve qui se dresse au bout de l’avenue Morgan, qu’on a pensé selon les principes du mouvement américain "City Beautiful" (larges avenues bordées d’arbres, reliant de majestueux édifices publics de style Beaux-Arts).
UNE CATHÉDRALE DANS L’EST
Pour honorer la bourgeoisie francophone de la ville de Maisonneuve, on bâtit en 1903, sur la rue Adam, l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, à laquelle on va donner des allures de cathédrale. Outre sa dimension imposante, le peintre québécois Toussaint-Xénophon Renaud va utiliser pas moins de 500 feuilles d’or à 24 carats pour les dorures qui ornent l’intérieur de l’église. À découvrir!
Visites guidées les 29 et 30 septembre. Renseignements: Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, tél.: 514 899-9979.