Vie

Mercier : Vie de patelin

Que trouve-t-on dans le quartier Mercier, ce secteur pris en sandwich entre Hochelaga et la Place Versailles? Une vie de village en plein milieu de la ville.

C’est du moins l’avis de Marie-Hélène Beaulac, nouvellement propriétaire avec son copain, d’une maison dans le quartier. "Ici, les gens viennent se présenter quand tu déménages. Et la première chose qu’ils te disent, c’est qu’ils tiennent à leur tranquillité. Le soir, on n’entend rien. Disons que des types "rock-and-roll, la musique dans le plafond", il n’y en a pas ici."

L’ancienne résidente de La Petite-Patrie en avait sa claque des endroits trop bondés. "Je n’avais plus de plaisir à aller au marché Jean-Talon, où l’on est entouré d’une quantité incroyable de gens. Mercier n’est peut-être pas le quartier fashion de l’heure, mais au moins, on respire." Mercier ne gagnerait peut-être pas le concours du secteur où l’on se sent le plus en sécurité. Qu’à cela ne tienne, Marie-Hélène Beaulac s’y sent bien. Il faut dire que la vieille et sympathique potineuse qui se tient au dépanneur aide la situation. À elle seule, elle vaut certainement la SQ en entier. "C’est de l’esprit de village typique qui règne dans le coin!"

PROMENADE DE QUARTIER

Comme dans toute bonne paroisse, le quartier Mercier a aussi sa rue principale, nommée Marseille. "C’est une vraie rue de village. Il y a la caisse pop, l’église, le cordonnier… Et le plus drôle, c’est qu’il suffit que les gens te voient une ou deux fois, pour qu’après, ils te saluent."

Premier stop sur la main de Mercier: le Marché Les Andalouses. "C’est un maghrébin qui tient l’endroit. Il fait d’excellentes merguez tous les jours. Il a aussi une rôtissoire sur laquelle il fait un poulet avec de superbes épices exotiques." Tout juste à côté se trouve la fruiterie Aux petits oignons. "C’est là que j’achète mes fruits. C’est surprenant à quel point les produits bio et le café équitable sont moins chers qu’ailleurs." C’est bien beau le bio, mais un peu de gras trans une fois de temps en temps, elle aime bien. Ça tombe pile, puisqu’à côté, il y a le restaurant Gourmet Langelier. "C’est un typique snack-bar de quartier. C’est une place sans décor. Tu vas là quand tu veux manger un bon déjeuner graisseux de lendemain de veille."

Justement, ses gueules de bois, elle les attrape où? "Il n’y a pas vraiment d’endroit pour aller prendre un verre. C’est ce qui manque dans le quartier. Il y a bien le Bar salon Nul-Part, mais avec un nom comme ça, je n’ai jamais eu envie d’y aller…" De toute façon, à deux pas de chez elle, se trouve Vin en vrac sur la rue des Futailles. Elle peut remplir ses bouteilles avec du vin pas piqué des vers.

Mais si l’alcool ne fait pas le bonheur, le parc Bellerive le fait certainement. "C’est un parc magnifique! Il longe le fleuve, il y des espaces protégés et des pistes cyclables. Il est situé juste en face des Îles de Boucherville. Il y a d’ailleurs un traversier qui nous y mène. C’est un plus dans le quartier."

LA PETITE MAISON DANS MERCIER

La maison qu’habitent Marie-Hélène Beaulac et son conjoint, Sylvain Robert, a été construite en 1947. Située rue Lyall, près du métro Langelier, c’est une des multiples habitations construites pour les militaires de la Deuxième Guerre mondiale. "Ma voisine habite là depuis 1947! Son mari était dans les Forces de l’air." Bien que les maisons se ressemblent, sans doute que la déco du couple diffère de celle de leur voisine grisonnante… "Ma maison, c’est mon havre de paix. C’est le style de maison où il fait bon cuisiner une soupe toute la journée", raconte-t-elle. Pendant que ça mijote sur la cuisinière, le couple a de quoi se divertir. L’art et la culture font partie du décor. Des livres et des disques garnissent les bibliothèques. De vieilles affiches de cinéma habillent joliment les murs. Le grenier, à plafond en pente, est l’hôte d’une salle de cinéma et d’un espace de yoga. "J’aime vraiment toutes les pièces ici. Mais j’ai un faible pour ma cour." On la comprend. D’une grandeur de 5000 pieds carrés, elle est fleurie en entier. Fière de son jardin, Marie-Hélène Beaulac n’hésite pas à organiser des BBQ. "On en a fait tout l’été. L’action dans Mercier, c’est dans ma cour que ça se passe!"