Montréalaise d’origine, la jeune designer décide d’aller à Londres juste après ses études au Collège LaSalle. Armée d’un sac à dos et d’un permis de travail, elle fait des petits boulots gratuits et prend des cours du soir pour se "mettre dans le bain". Rapidement, elle se taille un petite place. "Pour les designers, c’est tellement facile d’aller chercher de l’exposure à Londres, explique-t-elle. Les portes s’ouvraient assez facilement. J’ai commencé à vendre mes trucs dans des petits marchés, et petit à petit, j’ai commencé à monter des shows. Ça fait huit saisons que je présente mes collections". Sept ans après son voyage one way, ses créations sont dévoilées à Paris, Milan, Londres; le Vogue anglais en choisit quelques-unes dans un édito; ses collections sont vendues aux États-Unis, à Copenhague, Milan, Paris et, bien sûr, Londres. La Londonienne d’adoption est mariée à un artiste anglais et vit à Highbury, l’équivalent du Plateau, avec leur bébé. Toujours Québécoise dans l’âme, elle a décidé de venir tenter sa chance à la Semaine de Mode de Montréal pour se rapprocher de sa culture natale.
INSPIRATIONS STREET
"Moi, ce qui me frappe le plus, c’est les extrêmes de la culture anglaise, autant l’aristocratie que la classe ouvrière, raconte Bérubé. Les deux se côtoient tous les jours, et ça marche! Il y a un côté rough, à Londres, qui m’a inspirée." La ville qu’on qualifie souvent d’excentrique, marquée par les années punk et la culture street en général, toujours relevée d’une pointe de sophistication, produit, en effet, de plus en plus de créateurs fascinants, qu’ils soient anglais ou non. Christopher Kane, Gareth Pugh, Giles Deacon et Noir sont quelques-uns des enfants terribles de la scène anglaise, des successeurs informels de Westwood, Galliano et McQueen; comme eux, ils explorent sans inhibitions les limites de la mode et du corps.
Cette liberté d’esprit est d’ailleurs présente dans les collections de Bérubé. Chemisier pailleté métallique aux épaules futuristes, robes boules marquées de ceintures-corsets, leggings à paillettes, robes "flapper" à volants, le tout agrémenté de pompons, d’une touche dandy masculine et de grosses baskets de marche (probablement un héritage bien québécois): accro de noir et de contrastes, la designer aborde la mode avec une pointe d’humour bien british.
TOUCHE QUÉBÉCOISE
Mais le style de Bérubé, s’il est très recherché et chic, reste toutefois confortable et accessible, à l’image des Canadiennes. "Mon travail est portable, c’est là où je me démarque des autres designers de Londres, explique-t-elle. Ça doit être portable, et ça doit être beau. Je n’ai jamais fait un défilé avec des filles en talons hauts. C’est un style approprié dans la vie moderne; c’est une femme qui court après l’autobus." On retrouve beaucoup de pantalons, des cardigans enveloppants, des petites robes amples qui se portent sur des leggings, se superposent facilement sur des chemises ou des pulls. Et, surprise, il ne faut pas faire une taille zéro pour les enfiler; Bérubé insiste pour créer des habits qui vont à toutes les silhouettes. Les Québécoises qui ont eu la chance de découvrir sa collection Été 2008 tomberont donc sous le charme de cette ligne féminissime et edgy et pourront s’acheter des pièces sur le site web… En attendant qu’elles soient vendues dans les boutiques d’ici!
E-Boutique: www.berubeboutique.com