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Marko Savard : L'art des tabourets

Ce tabouret est-il un tabouret? C’est la question qu’on peut se poser devant la nouvelle exposition de la Guilde canadienne des métiers d’art, Prémisse, présentant l’exploration formelle de Marko Savard autour d’un simple objet utilitaire.

Le céramiste Marko Savard n’aime pas les conventions. Un tabouret n’est pas nécessairement fait pour s’asseoir. Un tabouret peut aussi être en céramique. "Pour moi, la fonction est secondaire", déclare-t-il.

Avec son exposition Prémisse à la Guilde des métiers d’art, il s’engage dans un nouveau champ d’exploration qui rend plus mince la frontière entre l’objet utilitaire et la sculpture. S’il a pris pour sujet le tabouret, c’est autant pour le potentiel qu’il trouve dans la forme de l’objet que pour l’ambiguïté que suscite un meuble en céramique. Car si les tabourets en porcelaine sont assez répandus dans la tradition chinoise, nos sociétés occidentales associent peu céramique et tabouret, à quelques exceptions près, comme le Bronze XO de Philippe Starck.

"Les gens sont très sceptiques quant à la fonctionnalité de mes tabourets. On ose à peine s’y asseoir", plaisante Marko Savard. Non content de créer des meubles en céramique, l’artiste s’est lancé dans un délire de formes, même à partir de cylindres fermés. Ici, il improvise une table; ailleurs, il ajoure ses productions pour créer des effets de transparence. Il va même jusqu’à insérer à l’intérieur des sérigraphies qui vont se dévoiler ou non, selon les ouvertures aménagées dans le corps de ce qu’il appelle son "mobilier sculptural".

Fort de dix ans d’expérience, Marko Savard a toujours cherché à dépasser la fonctionnalité de ses créations, quitte à leur conférer un côté ludique, souvent plein d’humour. Après sa "forêt" de tubulures noires, vase fermé muté en sculpture symbolique (exposée au centre de céramique Bonsecours), il a exploré le thème du chien pendant plusieurs années. "J’ai fait des plateaux aux formes de chiens couchés, des gros chiens-jardinières, des chiens-sculptures pour jardin… des chiens jusqu’à saturation", se souvient-il. Depuis, il a davantage travaillé les effets de la matière, avec des pièces à engobe noir qui semblent avoir été martelées comme du métal.

Prémisse, une interprétation du tabouret par Marko Savard
Du 4 octobre au 3 novembre 2007
À la Guilde canadienne des métiers d’art
1460, rue Sherbrooke Ouest, suite B
www.guildecanadiennedesmetiersdart.com