Je vous mets au défi de vanter les produits du golden state américain ou de l’Australie aux baby-boomers! Et pas seulement à eux. En effet, de multiples consommateurs de vin affectionnant les produits de la Vieille Europe vitivinicole tassent du revers de la main les produits issus du Nouveau Monde. Trop souvent, on entend encore des expressions touchant des variétés de raisins comme les chardonnays ou les cabernets californiens: "C’est trop boisé!", "Ils sont comme une infusion de fût de chêne", "C’est comme croquer dans un 2×4!".
C’est vrai que quand le fruit se fait dominer par son élevage, le producteur a peut-être quelque chose à cacher…
Pourquoi mettons-nous les vins en barrique de chêne? Un rouge séjournera en fût pendant quelques mois pour faire fondre ses tanins, les rendre moins agressifs, bref rendre le vin plus velouté, plus agréable en bouche. Les blancs n’ont bien évidemment pas de tanins, alors le fût de chêne servira à donner des courbes plus sensuelles, le vin sera plus gras, plus onctueux, plus huileux, et bien sûr on lui remettra ainsi des émanations toastées et grillées (comme on en retrouve fréquemment dans les chardonnays).
La barrique de chêne est au vin ce que les épices sont au steak! Il ne faut pas en abuser, car les vieillissements sous bois prolongés sont néfastes pour le vin. Mais certains épicuriens aiment bien ces notes de caramel, de vanille et de butterscoth apportées par les quelques mois passés en fût. Il ne faut par contre pas oublier que le vin est le produit de la fermentation totale ou partielle du jus de raisin, il doit donc sentir le fruit.
J’en reviens à nos produits qui sont montrés du doigt. Il s’agit souvent des produits vinifiés dans l’hémisphère Sud, notamment en Australie, en Afrique du Sud, au Chili et en Argentine. Par contre, depuis les cinq ou six dernières années, la tendance surboisée a quand même largement diminué, pourquoi? Eh bien la plupart des domaines ont engagé des oenologues européens; ces derniers amènent bien sûr leurs méthodes de vinification, qui s’avèrent un peu plus consciencieuses et aussi davantage à l’écoute du terroir. Il ne faut pas oublier que plus de 90 % du résultat d’un bon vin est dû à la période végétative, donc se passe à l’extérieur, et que le 10 % restant est le travail de vinification comprenant la fermentation, le vieillissement, et ce, jusqu’à l’embouteillage.
Vous pourrez donc, amateur de bonne chère, de plus en plus mettre la main en succursale sur des vins blancs ou rouges beaucoup moins boisés élaborés dans le Nouveau Monde.