Vie

DHC/Art : De l'art déco au minimalisme

On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de la nouvelle fondation pour l’art contemporain DHC/Art. Le nouvel espace d’exposition qu’elle a inauguré récemment dans le Vieux-Montréal vaut aussi d’être cité, tant pour son originalité que pour l’important travail de restauration qui y a été réalisé.

C’est un bel immeuble art déco qu’une compagnie d’agents d’assurance prospère, Robert Hampson & Son, a fait construire en 1926 à la place de son ancien édifice à bureaux, devenu trop étroit. Les architectes de Shapiro and Wolfe Architects et le designer Éric Giguère de Volum3 en ont fait un espace d’exposition très original.

Ce n’était pourtant pas une mince affaire. D’habitude les expositions aiment les grands espaces, de préférence de plain-pied. Lorsque l’on fait monter les visiteurs aux étages, il faut que ce soit par de grands escaliers théâtraux. Et si les espaces d’accueil doivent être lumineux, les salles d’exposition doivent rester obscures pour concentrer l’attention sur les oeuvres.

L’édifice de la rue Saint-Jean ne se prêtait visiblement pas aux expositions. Ici, tout manquait: l’espace, compartimenté et divisé en quatre étages; la lumière, qui n’entrait que par la façade de la rue du Saint-Sacrement; les moyens de se rendre aux étages, limités à un petit escalier. Pourtant, les concepteurs sont parvenus à contourner ces handicaps, pour en faire les éléments constitutifs d’un espace d’exposition unique qui parvient à nous faire vivre une expérience très originale.

Ce qui frappe d’abord, c’est un puits de lumière spectaculaire qui a été percé à travers les quatre étages. Pour transformer ce lien vertical en expérience ascensionnelle, les architectes ont installé un ascenseur vitré. Du coup, plutôt que d’être panoramique, la vision que le visiteur a de l’exposition se fait en touches d’impressions successives. Chaque étage constitue dès lors un espace qui se dévoile et se dérobe au fil de la montée dans ce caisson de verre. L’on a ensuite hâte de retrouver, par de petits escaliers de secours, chaque espace entraperçu. La petitesse de ces espaces d’exposition (ne dépassant pas 1000 pieds carrés) devient alors une force. Leur dimension intimiste les rend plus analytiques, presque chirurgicaux; les oeuvres y prennent tout leur sens. Ici, tout est lisse et enveloppant, les systèmes de ventilation et multimédias ayant été installés dans le plancher pour dégager les plafonds, tandis que la blancheur immaculée des murs, la chaleur du bois exotique au sol et les superbes poutres de béton d’origine se combinent pour former un écrin aux oeuvres présentées.

DHC/Art,
451, rue Saint-Jean, Montréal
www.dhc-art.org