Vie

Festival du Monde Arabe : Médina montréalaise

Pour sa 8e édition, le Festival du Monde Arabe de Montréal déploie sa Médina sur l’esplanade de la Place des Arts. L’occasion de découvrir la tradition des souks et des cafés à l’orientale.

À partir du 26 octobre, le Festival du Monde Arabe de Montréal innove et transforme l’esplanade de la Place des Arts en véritable Médina orientale bouillonnante à souhait. L’idée derrière ce projet? Présenter le coeur même de la culture arabe, en grande partie forgée par les souks et les cafés, deux lieux clés de la Médina. Sous les chapiteaux chauffés, on pourra marchander artisanat, tapis et autres trésors orientaux dans le souk et se gaver de délices exotiques en bavardant au Café de la Médina. À l’image de la tradition arabe, il s’agira d’un espace imprégné de culture, de musique et de paroles. Les manifestations artistiques y foisonneront autant que les débats de société.

"Depuis le temps biblique, les médinas ont été très importantes dans l’histoire arabe. Et cela, bien avant que les villes européennes acquièrent l’importance historique qu’elles ont eue, explique Rachad Antonius, sociologue spécialiste du monde arabe et professeur à l’UQAM. Les villes étaient les lieux de croisement des grandes routes caravanières. Il y avait d’énormes échanges de culture dans les souks; c’est une très vielle tradition."

Aujourd’hui, les souks modernes sont principalement fondés sur le commerce. Mais à l’époque, ces derniers avaient un important rôle social et culturel. "C’est là que s’échangeaient l’art, le savoir et la religion, explique Joseph Nakhlé, directeur de la programmation du FMA. Même que le souk était un lieu très lié à la poésie; c’était le premier lieu d’échange de la littérature et de la transmission du savoir."

LES CAFÉS, TISSU SOCIAL

Si les souks servaient aux échanges de toute sorte, les cafés avaient aussi leur importance. Plus qu’en Occident, les cafés orientaux servaient véritablement d’espace public. "En Europe, il y avait de grands salons d’idées, mais c’était surtout chez les grandes famille aristocratiques. C’était très intellectuel comme milieu. Or, au Proche-Orient, les cafés étaient moins sélects; ce n’était pas des espaces privés. C’est vraiment dans les cafés que les échanges d’idées avaient lieu; ils n’auraient pas pu se dérouler ailleurs, puisque dans les universités, on parlait surtout de religion", souligne le professeur Antonius.

Qu’en est-il des cafés aujourd’hui? "Les cafés modernes sont des lieux aseptisés, déplore Joseph Nakhlé. Ce sont des lieux qui sont habités par une certaine solitude, un repli sur soi. Les cafés d’Orient traditionnels regorgeaient de vie. On y entrait avec une ouverture sur l’inconnu. C’était vraiment le lieu de rencontre par excellence, qui permettait autant la création littéraire que la contestation politique. Le café n’a plus cette même fonction aujourd’hui."

Qu’à cela ne tienne, le Café de la Médina sera truffé de rencontres artistiques et intellectuelles. Parmi elles, la série "Place à la relève" donnera la parole aux artistes émergents issus de la diversité. Les courts métrages tirés du concours "Métissé serré" de Radio Canada International seront diffusés, et chaque présentation sera suivie d’un débat. Et question de s’immerger dans l’univers des mille et une nuits, le volet "Littérature arabe, fenêtres ouvertes" de La Magnétothèque offrira des lectures publiques des trésors de la littérature arabe. "L’idée de ce café n’est pas nécessairement de recréer le café traditionnel, mais nous voulions au moins souligner son importance", explique Joseph Nakhlé.

PARTIR À ZÉRO

Avec 17 journées et soirées, ainsi qu’une programmation de plus de 200 activités, rencontres et spectacles, le FMA est un souk culturel en soi. Si "Espace Zéro" en est le thème, cela n’a rien à voir avec le triste Ground Zero. Selon Joseph Nakhlé, la thématique évoque plutôt un futur à bâtir. "C’est un espace qui fait fi des préjugés, où l’on efface sa propre mémoire, afin de meubler le futur. Nous avons besoin d’un lieu de rassemblement, d’un lieu humain qui transcende toutes les différences."

Festival du Monde Arabe de Montréal
Du 26 octobre au 11 novembre 2007
www.festivalarabe.com
Le 27 octobre, à 18h, Rachad Antonius animera une discussion intitulée Bazars et Cafés, des parlements déchus.
Le 4 novembre, à 18h, le Libanais Joseph Issaoui et le Montréalais Mohamed Ourya évoqueront les Cafés, de Beyrouth à Montréal.
Au Gesù, 1200, rue de Bleury