FUSIONNER LES STYLES
Aujourd’hui, la tendance n’est plus d’avoir un style, mais plusieurs, ou plutôt aucun. On mélange allègrement contemporain, rustique, classique ou zen. Du coup, dans une même pièce vont se retrouver une chaise Louis XVI en bois laqué, un canapé B&B Italia gris anthracite, une table rustique, un jeté en fourrure recyclée et une urne cuivrée de style oriental, le tout sur fond de brique ou de pierre façon champêtre. Les meubles eux-mêmes combinent parfois les époques et les styles, à l’instar du fauteuil "Louis Ghost" de Philippe Starck, une interprétation en polycarbonate transparent d’un fauteuil Louis XV.
MISE EN SCÈNE
Derrière ce capharnaüm de styles se dissimule une véritable mise en scène qui va mettre en avant les différents mobiliers et accessoires d’une pièce. Plutôt que de rechercher une unité d’ensemble pour créer un style, on va jouer sur les contrastes afin de créer l’évènement autour d’un objet particulier. Par exemple, plutôt que de mettre une baignoire à pattes dans un coin et de l’intégrer à un décor champêtre, on va la faire trôner au milieu de la salle de bain dans un cadre résolument contemporain, avec ses éviers en pierre dans le style de Le Moine Urbain, une robinetterie apparente en acier inoxydable et des carreaux de céramique alignés parallèlement.
ESPACE D’EXPOSITION
Comme c’est l’objet qui prend les devants de la scène, il faut qu’il en vaille la peine. Plutôt que de remplir son intérieur avec du mobilier standardisé qu’on trouve dans les magasins traditionnels, on va rechercher la perle rare: un canapé modulable signé Daniel Perez, une lampe-sculpture de Thierry Vigneault, une céramique de la boutique Tommy Zen… La tendance n’est plus d’aménager son intérieur, mais d’en faire un lieu d’exposition dont on va compléter la collection au fur et à mesure de nos coups de coeur.
ÉCRIN ANALOGIQUE
Comme dans un musée, où seules les oeuvres d’art ont la vedette, le décor doit être le plus neutre possible. "Il faut que les murs, le plafond et le sol soient de la même couleur pour créer un effet d’écrin", explique le designer Jean-Daniel Pilon (que l’on a vu au Déco Show de TVA, que l’on a entendu à Couleur Jazz et qui est régulièrement cité dans la presse écrite, spécialisée ou non). Pour se faire oublier, chaque pièce doit être monochrome et monolithique. On oublie donc les contrastes, mais aussi tout ce qui peut attirer l’oeil, comme les moulures, les veines de certains bois (chêne, frêne…) ou les interstices entre les carreaux de céramique.
COULEURS TENDRES
Si la tentation est de tout peindre en blanc, la tendance n’exclut pas les couleurs. Le vert a la faveur de beaucoup. À mi-chemin entre le bleu qui apaise et le jaune qui stimule, il est LA couleur écologique par excellence (d’autant qu’il rappelle la campagne). Aujourd’hui, on opte pour des vert avocat, plus lumineux. Néanmoins, dans l’optique de toujours se faire oublier, le décor privilégie les tons pastel. Par exemple, plutôt que d’utiliser des bleu profond comme par le passé, la tendance est d’opter pour un bleu poudré, rappelant celui des années 1950 (mais avec le rideau de dentelle et les motifs à fleurs au mur en moins…).
ÉLÉMENTS DE CARACTÈRE
Le fait d’avoir une enveloppe neutre n’interdit pas d’en faire ressortir certains éléments architecturaux de caractère, voire d’en rajouter. Un plafond en lattes, un mur de pierres ou de briques sont aujourd’hui très prisés. La tendance est de dévoiler les poutres de bois brut plutôt que de les cacher derrière des cloisons de gypse. L’idée est alors de faire ressortir ces éléments en les opposant à des murs et un sol adjacents d’une blancheur clinique. Le cas échéant, on peut même aller récupérer des éléments architecturaux dans des boutiques spécialisées, comme Spazio à Montréal, pour donner du caractère à un espace. Une colonne massive en pruche dans un environnement ultra-contemporain conférera tout un cachet à la pièce.
HAVING ET FONCTIONNALITÉ
Pour tirer pleinement profit de l’impact visuel des meubles, accessoires et éléments architecturaux, on débarrasse les pièces de tout ce qui est superflu. La tendance est au rangement! Dans les cuisines surdimensionnées, les meubles plus grands et plus profonds qu’auparavant font tout disparaître, de la vaisselle aux appareils électroménagers. Dans la logique du having, les pièces deviennent fonctionnelles et s’ouvrent les unes vers les autres, en facilitant la circulation de chacun comme dans une galerie d’art. Pour inonder les pièces de lumière naturelle, on élimine les lourds rideaux ou les vitraux qui déforment le spectre lumineux, en les remplaçant par des stores, voire des rideaux métalliques façon cotte de mailles.
CARNET D’ADRESSES JEAN-DANIEL PILON ([email protected]) /
Pour le mobilier: Barami, 409, rue Notre-Dame Ouest
Pour les tableaux et accessoires: Tommy Zen, 2261, avenue Papineau
Pour les éléments architecturaux recyclés: Spazio Antiquités architecturales, 8405, boulevard Saint-Laurent