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Biscuiterie Viau : Caramels, bonbons et chocolats…

L’Écomusée du fier monde nous emmène dans les coulisses de la biscuiterie Viau, un monument d’histoire industrielle et gourmande national.

Enfant, vous rêviez de suivre les pas de Charlie, le jeune héros de Roal Dahl dans les méandres de la chocolaterie de l’étrange Wily Wonka? Jusqu’au 23 mars, l’Écomusée du fier monde vous emmène dans les coulisses de l’usine à biscuits Viau, à la découverte de l’histoire des Whippet, biscuits Village et autres Petits beurre de votre enfance. Fabriquer la guimauve, s’occuper de la cuisson de la confiture, superviser l’enrobage des chocolats, confectionner des biscuits à la crème… René Pratte n’est pas un "Oompa Loompas", mais pendant 43 ans, il a travaillé au sein de l’entreprise de biscuits montréalaise, changeant de poste au cours des années, de l’âge de 17 ans à celui de la retraite. "C’est sûr qu’en sortant du travail, j’avais le teint sucré… On en a mangé des peanuts et des bonbons! Et puis les pyramides de Whippet à Noël, les chocolats Marquise et Opéra qu’on trempait à la main… C’était tout un monde… J’ai connu trois générations de Viau quand je travaillais là-bas!" raconte l’ancien employé.

HISTOIRE INDUSTRIELLE

Si aujourd’hui Whippet, Royal, Village et Petits beurre sont encore sur les rayonnages de nos épiceries, les biscuits ne sont plus vendus sous la marque Viau, rachetée par Dare en 2001. Après avoir changé de nombreuses fois de main depuis les années 1970, en 2004, l’usine Viau de la rue Ontario a fermé, mettant un point final à une histoire industrielle et commerciale commencée en 1867.

Sur les murs de l’exposition, publicités colorées – clin d’oeil au pop art et à l’imagerie des années 1960 – côtoient photos en noir et blanc relatant la vie d’une usine à la pointe de la technologie dans les années 1950-1960, (l’âge d’or du travail à la chaîne); des boîtes à biscuits, en fer blanc, de 1910 sont empilées à côté d’images jaunies de magasins généraux des années 1930 où s’alignent les bocaux en verre où nos grands-mères piochaient leurs collations d’écolières. "Charles Théodore Viau, le fondateur, est venu travailler à Montréal à l’âge de 15 ans. Il était commis d’épicerie et, en 1867, il a racheté la boutique sur la rue Notre-Dame pour en faire une boulangerie", raconte Julie Landreville, la commissaire de l’exposition. "Les biscuits et chocolats Viau ont donc une histoire artisanale. C’est en 1906 que l’usine de la rue Ontario a été ouverte dans le quartier – qu’on appelle encore aujourd’hui Viauville, car Monsieur Viau y avait fait construire une église et une école pour ses employés", explique-t-elle, documents et photos à l’appui.

LA LÉGENDE DU WHIPPET

Un peu plus loin, elle nous raconte avec amusement la légende du Whippet: c’est Théophile Viau, le fils de Charles Théodore Viau, qui aurait concocté le premier biscuit à la guimauve enrobé de chocolat de la compagnie, un soir d’hiver de l’an 1900 alors qu’il avait à peine 17 ans, faisant déguster sa trouvaille aux heureux spectateurs d’un match de hockey dans l’aréna de Westmount. "Viau, c’est un peu une légende! C’est une des premières grandes entreprises canadiennes françaises et, depuis toujours, la publicité de la compagnie insistait sur cet aspect: " Achetez canadien-français ! " C’est la deuxième entreprise canadienne-française de l’histoire à être entrée à la bourse. C’est l’histoire d’une famille, d’une usine, d’un quartier et de centaines de travailleurs", précise-t-elle.

Expo "Viau, des biscuits, une histoire"
Jusqu’au 23 mars 2008
À l’Écomusée du fier monde, 2050, rue Amherst, tél.: 514 528-8444; www.ecomusee.qc.ca.