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Design : La céramique dans tous ses états

Elles ont fait le pari de gagner leur vie avec la céramique en fondant leur propre entreprise, l’atelier Vascellis. Après avoir mis la main à la vaisselle, elles innovent avec des murales faites de tuiles de porcelaine. Oui, l’avenir s’annonce ensoleillé pour Kathleen Proulx et Karine Blanchet.

À mi-chemin entre l’oeuvre d’art et l’objet design, les nouvelles créations fraîchement sorties du four à céramique suscitent l’enthousiasme des jeunes femmes diplômées de l’École des métiers d’art de Québec. "On offre maintenant deux gammes de produits, les murales et les produits utilitaires, comme les bols ou les tajines. On a vraiment envie de développer le créneau des murales. Pour les créer, on s’est inspirées de ce qu’on avait envie de faire, de ce qu’on trouve beau. On utilise plusieurs techniques sur nos tuiles de porcelaine, comme la gravure, la glaçure japonaise, les impressions tissu qui donnent du relief", explique Kathleen Proulx.

Le résultat attire l’oeil au premier regard. Les tuiles assemblées en murale – cuites au gaz, pour donner un timbre plus chaleureux – n’ont rien à envier aux traditionnels tableaux qu’on accroche pour égayer nos murs. Cependant, les deux artistes définissent leur avenir dans le design plutôt que dans le marché des oeuvres d’art. Les jeunes femmes espèrent d’ailleurs que leurs créations attireront l’attention de designers d’intérieur. Selon Mme Proulx, leurs murales pourraient ajouter une touche de couleur au style plutôt monochrome qui prévaut ces dernières années. "Oui, la collaboration avec des designers pourrait certainement être une possibilité. Maintenant, on voit tellement de lignes épurées, dans les cuisines, il n’y a presque rien, plus de tiroirs… Je trouve que ça prend des morceaux comme ça qui ajoutent de la chaleur et se démarquent par leur profondeur."

Une autre raison qui pousse les céramistes à cibler le marché du design: les prix. "Souvent, quand on achète une oeuvre, il y a l’artiste à payer, puis son agent, et ainsi de suite, ce qui fait qu’un tableau de la grandeur de notre plus large murale peut facilement valoir 3 000 $, alors que notre murale vaut 1 600 $. On veut plutôt faire des pièces accessibles au commun des mortels. Et puis on a une grosse entreprise, on n’a pas le choix d’avoir des produits qui peuvent offrir un rendement…" philosophe la céramiste.

Mais qu’on ne s’y trompe pas: les murales concoctées par l’atelier Vascellis demeurent des oeuvres uniques puisque toutes les interventions sur les pièces sont faites à la main. Et l’atelier peut quand même se vanter d’être un des plus performants au Québec, grâce à l’acquisition d’une presse qui lui permet de fabriquer ses propres tuiles de porcelaine à partir de moules. "On peut dire qu’on est un atelier industriel car, bien qu’on fasse des interventions manuelles sur chaque pièce, elles sont toutes standardisées", précise Mme Proulx.

UNE VAISSELLE QUI FAIT SA MARQUE

L’atelier Vascellis s’est d’abord fait connaître par l’intermédiaire du restaurant Laurie Raphaël, pour lequel il a conçu la série de vaisselle au ton crème. Il est d’ailleurs possible, après avoir dégusté un bon repas, de se procurer les pièces dans le coin boutique aménagé à l’intérieur même du restaurant, situé dans le Vieux-Port.

À ce jour, les deux propriétaires ont créé des lavabos, des bols, des porte-savons, des tajines, des brûleurs… Le choix d’acquérir une presse (neuve, la machine peut valoir jusqu’à 40 000 $) a d’abord été dicté par le besoin de fabriquer des produits qui offrent une certaine constance. "Si quelqu’un veut deux lavabos, mais qu’ils sont tournés à la main, ils ne pourront pas être identiques, ce qui peut créer un problème. C’est comme pour les bols à café, il n’y en a pas un de pareil, mais ils s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre. Pour pouvoir accéder au marché à grande échelle, c’est mieux!"

Car si le marché artisanal peut convenir à certains, Kathleen et Karine ont compris qu’il fallait se démarquer dans l’univers de la céramique pour arriver à percer. "Il faut sortir des sentiers battus. Le marché de la porcelaine est très fort en Chine, c’est pourquoi on essaie de faire des produits réfléchis, d’aller plus loin", conclut Kathleen Proulx.

Pour jeter un coup d’oeil sur les produits offerts et savoir où se les procurer: www.vascellis.com.