La scène: Au coeur du centre-ville, au square Nathan Phillips, une grande tente est montée, ornée du logo de L’Oréal Paris, méga-commanditaire de cette semaine de mode depuis le départ. Ça nous rappelle les tentes de la semaine de mode de New York, dressées à Bryant Park en plein Midtown. On longe une majestueuse fontaine avant de pénétrer dans l’univers sexy et coloré de la Fashion Week, qui attire journalistes de tout le pays, acheteurs, V.I.P. et jeunes fashionistas hystériques. L’ambiance est beaucoup plus vibrante depuis que la Fashion Week a déménagé du centre Liberty Grand à ce lieu stratégique. Jeanne Baker, la fameuse présentatrice de Fashion Television, anime des interviews en plein milieu de la tente; des centaines de fans éblouis jouent des coudes pour l’apercevoir ou lui dire un mot; partout, de grands écrans transmettent les images des défilés. Au VIP lounge, les commanditaires de l’événement sont traités comme des pachas; personne ne rentre sauf les amis du Fashion Design Council of Canada (FDCC), l’organisme non gouvernemental qui organise le tout. Partout ailleurs, les stands de Conair, de Cadbury et autres attractions allèchent les jeunes filles en quête de glam. Un énorme bar se dresse au centre; on y boit des cosmos entre les défilés en draguant les mannequins ou en faisant du business. Aux premiers rangs des défilés, où s’asseyent rédactrices de mode et commanditaires, tout le monde est chic et tendance. Un groupe massif de photographes et caméramans tâche de capter les moments forts pour les retransmettre presque instantanément à la télé, sur les blogues ou dans les journaux.
Scoops: Cette année, pour 50 $, le grand public pouvait acheter des laissez-passer quotidiens pour l’événement — du jamais vu lors des semaines de mode!
D’autre part, le FDCC lançait une énorme campagne média de promotion des designers canadiens, Who are you wearing?. Chaque saison, dans des campagnes publicitaires, sept marques prometteuses sont présentées; depuis quelques mois, on a pu voir les publicités de deux pages dans tous les magazines de Condé Nast (Vogue, Vanity Fair, etc.) aux États-Unis, avec, entre autres, Andy Thê-Anh et David Dixon. Rien à voir avec le projet monumental du gouvernement québécois d’investir 82 millions de dollars dans la mode: cette campagne est entièrement financée par les commanditaires, et elle se limite au marketing. Selon le designer David Dixon, par contre, l’impact a été immédiat: "Après la campagne, nous avons reçu des courriels et des appels des États-Unis, les gens étaient très curieux", explique-t-il.
Deux solitudes: La guéguerre Montréal-Toronto continue. Les deux villes veulent devenir la capitale nationale de la mode; Montréal est commanditée par P&G et Toronto par L’Oréal; plusieurs créateurs d’ici, comme Andy Thê-Anh, préfèrent défiler là-bas. Les Québécois ne suivent pas toujours ce qui se passe à Toronto: en conférence de presse, le ministre Bachand a affirmé ne pas être au courant de la campagne Who are you wearing?. D’autre part, beaucoup de médias torontois n’avaient pas entendu parler de l’investissement du gouvernement québécois dans l’industrie de la mode. Alors que les organisateurs s’acharnent à marquer leur indépendance, beaucoup de journalistes et d’invités, eux, rêvent encore d’une seule semaine de mode: "Je pense qu’on devrait jumeler les deux semaines, affirme Lisa Tant, rédactrice en chef du magazine Flare. Nous n’avons pas un assez grand marché pour soutenir deux semaines de mode. C’est dommage que la politique rentre en jeu."
On aime: Les créations fraîches, propres et modernes de David Dixon; toute la collection avant-gardiste et féminine de Paul Hardy; le chic preppy de Pink Tartan; les robes écolo-chic de Pat McDonagh; Andy Thê-Anh, qui nous rend tellement fiers quand le public applaudit presque chacune de ses robes!
Pas glamour: Les chiottes portables dégoûtantes et les W.-C. publics puants, non merci. On croyait que les Torontois étaient plus snobs que ça!
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