Vie

Alcools : Dom Pérignon, mais aussi Dom Ruinart

Une rencontre fortuite avec un grand homme du vin champenois m’a inspiré pour cette thématique hebdomadaire. En effet, Stanislas Henriot, qui gère avec brio le domaine Henriot en Champagne, était de passage à Québec la semaine dernière, dans le but de faire déguster ses vins non tranquilles.

Pour vous mettre en appétit, la Champagne est une région du nord-est de la France où sont plantés 30 000 hectares de pieds de vigne et qui met en bouteilles pas moins de 320 millions de fioles annuellement. Depuis au moins 300 ans, cette prestigieuse zone élabore des vins effervescents quasi sans rivaux.

Par contre, la Champagne aura probablement été victime de sa consonance prestigieuse sur le plan de son identité et de son appartenance, car comme l’expliquait M. Henriot, très peu de propriétés champenoises figurent encore comme des domaines familiaux gérés de façon privée, la plupart ayant été achetées par de grandes compagnies. Ce qui selon moi n’empêche pas ces empires d’élaborer quand même de grands vins.

En matière d’exportations, il ne faut surtout pas s’inquiéter pour ces producteurs, car la planète entière désire s’émoustiller le palais avec ces richissimes mousseux. Avez-vous déjà été de passage dans un restaurant haut de gamme qui ne possédait pas de champagne sur sa carte des vins? Très peu sont-ils. Donc aucun problème d’écoulement de stock. De plus, notre peuple québécois dépense près de 40 millions de dollars par année pour l’achat de ces belles bulles. Car qui dit champagne dit moment festif, moment joyeux, souvent convivial et rassembleur. Et nous sommes un peuple de bons vivants après tout! Alors les ventes devraient toujours aller bon train, pour ce coin de pays possédant un nom notoire que de multiples pays viticoles ont déjà plagié. J’ai trouvé des champagnes canadiens en Ontario, des champagnes chiliens dans les rues de Santiago et même des "great western champagne" dans le far west australien…

Quant à l’ascension du champagne, elle doit énormément au moine cellérier de l’abbaye d’Hautvillers, Dom Pierre Pérignon. Ce non-voyant aura donné sa vie au vin, créant les premiers assemblages de raisins de diverses communes et parcelles, dans le but de vinifier des vins de meilleure qualité. Son nom est utilisé par la maison Moët et Chandon pour la cuvée haut de gamme du domaine. Nous oublions par contre son comparse et collègue oenologique, Dom Thierry Ruinart. Ce dernier est resté dans l’ombre de M. Pérignon toute sa vie. Cependant, la plus vieille maison champenoise, qui a vu le jour en 1729, lui rend candidement honneur en ayant baptisé sa cuvée prestige "Dom Ruinart".

SUGGESTION DE LA SEMAINE

Voici un blanc-bec effervescent issu d’un pays qui ne produit presque pas de vin: le Luxembourg (mais il en consomme énormément, près de 70 litres par année par habitant!). Un mousseux qui m’a déstabilisé en dégustation à l’aveugle, alors que j’ai pensé à un champagne début de gamme. Il s’agit du Bernard-Massard Brut de la Cuvée de l’Écusson, à 18,60 $ (095158). Il possède une phase visuelle très attirante ainsi qu’une bulle fine et de bonne intensité. La bouche est gracieuse, émoustillante et vigoureuse, possédant une finesse et un toucher de bouche de style champenois.