Comment prendre le pouls de la vie d’un quartier? En faisant le tour des cafés. Martina le fait souvent: "Ce qui est fascinant dans le Mile-End, c’est qu’à n’importe quelle heure du jour, les cafés sont pleins de gens qui travaillent sur leur ordinateur. Ça en dit long sur l’ambiance du quartier. Il y a beaucoup d’artistes et de gens qui ont des emplois atypiques, c’est un coin très créatif. Tu le ressens, tu le vois."
Ah, ces artistes! Dire qu’on les croyait tous entassés sur le Plateau. "Ici, c’est moins cliché que sur le Plateau, moins connu. D’abord, le Plateau est beaucoup trop cher pour les artistes. Et bien que le Mile-End s’embourgeoise aussi, on y trouve encore des appartements délabrés, remplis de jeunes artistes qui habitent ensemble en colocation. C’est plus jeune et plus indépendant que sur le Plateau. C’est un peu le centre montréalais de la création underground."
Cela étant dit, hormis pitonner sur leur MacBook, tout porte à croire que les résidents du quartier y mangent bien. "Le Mile-End est un coin hyper-gourmand! J’adore ça, on peut faire le tour du monde dans l’espace de quelques rues."
BALADE GOURMANDE
On a beau craquer pour les latte du célèbre – et brun – Café Olympico, rue Saint-Viateur, le Mile-End est truffé de petits cafés qui gagnent à être connus. Des cafés qui, eux, sans badiner avec la qualité, mettent de l’effort dans le décor. "J’aime bien le nouveau Caffè in Gamba sur l’avenue du Parc. Les proprios ont une vingtaine d’années et sont tombés amoureux du café pendant un long séjour à Rome. En revenant, ils ont ouvert ce café. C’est super confortable et vraiment bien décoré, avec de beaux canapés, des petites tables de bistro. C’est un peu baroque." À l’heure du lunch, Martina apprécie les magnifiques paninis et l’ambiance du Caffè Grazie Mille, angle Fairmount et Clark. "Ils sont toujours sympathiques, ça fait très bistro de quartier. Ils connaissent tous les clients par leur nom." Quand ce ne sont pas les paninis, ce sont les sushis, au restaurant Azuma, boulevard Saint-Laurent. "Ce n’est pas très connu et l’endroit ne paie pas de mine, mais c’est vraiment un secret bien gardé. Le midi, ils font des plateaux remplis de petites bouchées: des sushis, du saumon sur du riz avec sauce teriyaki, des légumes tempura, de la salade… c’est vraiment délicieux." Le soir venu, Martina se rend au Helm, sur l’avenue Bernard. "C’est bien plaisant de passer une soirée là-bas. La cuisine est ouverte tard et ils servent de l’excellente nourriture. La clientèle est jeune, relaxe et sympa. Ça commence à être plus fréquenté. Or, même quand il n’y a pas foule, c’est agréable de s’asseoir au long comptoir qui fait le tour du bar. C’est propice aux nouvelles rencontres." Gageons que les nouveaux copains qu’elle s’y fait, elle les emmène ensuite au bar à vin BU, boulevard Saint-Laurent. "C’est le genre d’endroit où tu vas quand tu veux parler tranquillement avec des amis et boire du bon vin. C’est la place parfaite pour faire des découvertes côté vins. Ils varient régulièrement leur liste." Ensuite? Direction le Baldwin Barmacie, un incontournable en matière de drague et de bonne musique, avant d’aller faire dodo dans son 5 1/2, situé à deux pas.
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MON 5 1/2 DANS LE MILE-END
Rue Saint-Urbain, près de Laurier, Martina partage un 5 1/2 avec deux colocataires. Très spacieux et lumineux, on craque surtout pour la superbe terrasse avec vue sur la croix du mont Royal. "L’été, elle est très populaire, le BBQ fonctionne à pleine capacité!"
À l’intérieur, c’est dans le salon que tout se passe. Il est grand, il sert donc aussi de salle à manger. Cette pièce donne dans le noir et blanc: divan blanc, table à manger et table basse noires, chaises blanches, photos noir et blanc et murs… jaunes! "La propriétaire ne voulait pas qu’on touche à ses murs jaunes. Elle est complètement folle!" Ou est-elle simplement une de ces artistes marginales du Mile-End?