UNE COLLECTION POUR LE DESIGN QUÉBÉCOIS
Depuis 1993, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) a officiellement constitué une collection permanente d’artefacts qui illustre la création québécoise en design industriel et graphique. Amorcée avec des objets des années 1930 aux années 1970, cette collection s’est étoffée depuis 2004 de pièces contemporaines dont le nombre est désormais aussi important que celui des plus anciennes.
En collaboration avec le Centre de design de l’UQAM, le MNBAQ a monté une exposition itinérante qui met en scène une partie de cette collection. "L’idée était de montrer au public qu’il existe bel et bien un design au Québec depuis 75 ans, et notamment depuis la fin de la Première Guerre mondiale", rapporte Paul Bourassa, conservateur aux expositions du MNBAQ.
Pour mettre en valeur les objets de cette collection, Georges Labrecque, responsable de la scénographie des expositions au Centre de design de l’UQAM, a eu l’idée originale de recomposer le cadre d’un cabinet de curiosités, cet ancêtre des musées apparu en Europe, à la Renaissance.
UNE CHRONOLOGIE DU DESIGN QUÉBÉCOIS
Québec en design montre que depuis les années 1930, le design québécois s’inscrit dans les grands courants internationaux de création. L’exposition définit quatre grandes périodes historiques.
Il y a d’abord "l’avant-guerre, entre tradition et nouveauté", alors que la production québécoise reste plus attachée aux méthodes artisanales d’un art déco français qu’aux idées modernistes du Bauhaus allemand.
Avec "Formes utiles, design au lendemain de la guerre", on voit comment la province se met au diapason du design moderne. On y découvre des curiosités (l’allume-cigarettes automatique d’Henri Finkel), des objets aux formes profilées, empruntées au Streamline américain, et d’autres qui utilisent des matières modernes (la chaise Nylon de Jacques Guillon).
Bien sûr, l’effervescence des années 1960 y a une place de choix, avec "Terre des Hommes, le design en ébullition". On y retrouvera, entre autres, le logo de l’expo créé par Julien Hébert, la maquette du wagon de métro de Montréal et la chaise solaire de Fabiano et Panzini.
L’exposition finit cette chronologie par une référence aux Jeux olympiques de 1976, dernier sursaut de créativité avant que les designers québécois ne subissent les contrecoups de la crise économique internationale.
LE DESIGN QUÉBÉCOIS CONTEMPORAIN
Après une approche chronologique du design québécois des années 1930 à 1970, Québec en design a choisi de présenter la période contemporaine sous six thématiques différentes. "Nous voulions montrer le spectre assez large de la création québécoise, qui va de l’objectif de performance à l’idée de provocation", explique Paul Bourassa. Tandis qu’on lira la notion de performance dans la bicyclette Guru, le côté provocateur sera évident dans la chaise "Honey I’m Home" de Cédric Sportès, intégrant tapis rouge et pantoufles. Mais l’exposition montre aussi qu’aujourd’hui le design a su se faire responsable, à l’instar du système audio-visuel pour élèves malentendants de Michel Dallaire ou de l’affiche sur la Journée de l’Air d’Yvan Adam. À côté de la performance technique, le design est aussi recherche esthétique, comme les créations luxueuses de Périphère. Pour finir, si on devine l’influence du design italien derrière les couleurs d’Arlequin de la table Circus de Jean-François Jacques, l’exposition nous révèle aussi que la tendance actuelle est au développement d’une spécificité québécoise. Ainsi, la console "1er juillet" d’Erratum Design est un clin d’oeil amusé au traditionnel déménagement national annuel.
Québec en design
Jusqu’au 16 décembre
Au Centre de design de l’UQAM (1440, rue Sanguinet, angle Sainte-Catherine)