Toujours aussi appréciée des Québécois, l’Alsace occupe le premier rang pour les ventes de vins blancs d’appellation à la SAQ. C’est une région plutôt facile à comprendre car elle ne compte que trois appellations (Alsace, Alsace Grand Cru et Crémant d’Alsace), contrairement à Bordeaux qui en dénombre 57! De plus, l’étiquette affiche son cépage qui doit représenter 100 % du contenu. L’appellation "Alsace", définie en 1962, représente actuellement 78 % de la production, tandis que l’"Alsace Grand Cru", mise sur pied en 1975, compte 51 terroirs précisément délimités et ne représente que 4 % de la production régionale. Pour bénéficier de l’appellation "Grand Cru", les vins doivent être issus de raisins récoltés dans ces 51 terroirs et élaborés uniquement à partir des quatre cépages (dits) nobles autorisés: riesling, pinot gris, muscat et gewürztraminer. Les excellents vins effervescents élaborés selon la méthode traditionnelle (champenoise) portent l’appellation "Crémant d’Alsace" et représentent 18 % de la production.
LES SEPT PRINCIPAUX CÉPAGES
Le réputé riesling, roi des vins alsaciens, domine la scène avec 22 % de la production, suivi dans l’ordre du pinot blanc (21 %), du gewürztraminer (18,5 %), du pinot gris (14 %), du sylvaner et du pinot noir (10 % chacun) et du muscat (2 %). Cette grande variété de cépages permet de nombreux accords gourmands avec toutes les cuisines du monde gastronomique.
RÉVOLUTION QUALITATIVE
L’Alsace est réputée pour la production de vins blancs secs non boisés: "du vin allemand fait à la française", selon certains vieux bouquins. Un nombre croissant de producteurs consciencieux optent pour la culture biologique ou biodynamique. Le respect des sols, le contrôle des rendements et la recherche de la maturité complète du fruit représentent les nouvelles tendances alsaciennes. La maturité accomplie du raisin entraîne sur certains cépages (principalement le pinot gris et le gewürztraminer) des taux d’alcool davantage élevés ou des sucres résiduels qui troublent et déroutent certains professionnels et consommateurs de vins alsaciens. Heureusement, mais depuis peu, certaines maisons alsaciennes offrent davantage de précisions (sur la contre-étiquette) quant au style du vin (sec, demi-sec, demi-doux), l’accord mets-vin, le potentiel de vieillissement, de même que la température de service idéale. Une solution nécessaire pour faciliter la tâche des consommateurs lors de l’achat, mais qui ne fait pas l’unanimité chez les producteurs de la région.
DES VINS POUR TOUS LES GOÛTS
Tristement, de nombreux domaines élaborent des vins souvent verts et dilués dits "traditionnels" et "typiques" de la région. Quelques magazines spécialisés, notamment La Revue du vin de France, dénoncent depuis plusieurs années cette surproduction de bibines minces et mordantes. Pour la minorité de petites maisons à la recherche de vins mûrs et naturels, l’ajout de sucre pour élever le taux d’alcool (chaptalisation) ou pour arrondir les vins (sucres résiduels) est incompréhensible. La pratique de la surproduction est bien ancrée chez les grandes maisons et coopératives, car elle assure volume et revenus. Devenue évidente, elle provoque une réflexion quant au style et à la typicité des vins alsaciens. Malgré cette révolution tranquille, l’avenir des vins d’Alsace est en bonnes mains car les grandes entreprises assurent le volume de vins "traditionnels" et les petits innovateurs façonnent une typicité alsacienne actuelle et moderne qui excite les passionnés de vins franco-allemands. Des pinards pour tous les goûts!
LA ROUTE DES VINS D’ALSACE
Tout simplement l’une des plus belles au monde, elle mérite votre visite. S’étirant sur près de 170 kilomètres, c’est la plus ancienne route des vins de France. Pas moins de 38 sentiers viticoles pédestres permettent aux visiteurs d’admirer, dans les vignes haut perchées, un panorama de carte postale. Pour les amateurs de vélo, de nombreuses pistes cyclables sillonnent le vignoble alsacien. Les fêtes du vin, les visites de caves, la chaleur des gens et la gastronomie alsacienne assurent un séjour de pur bonheur en toute saison.
QUELQUES ALSACIENS /
Riesling Rosacker 2003 Alsace Grand Cru,
Caves d’Hunawihr 642553, 25,75 $
/88
Issu d’un millésime caniculaire, son nez plutôt atypique offre des arômes de poires et de pommes mûres, de même qu’un effluve de produits pétroliers. Un vin rond et dodu, doté d’un brin de sucre résiduel, d’une tendre acidité et d’une pointe d’amertume rafraîchissante. De bonne persistance, il accompagnera à merveille le filet de doré aux girolles.
Pinot Gris 2005,
Pierre Spaar, 966564, 21,10 $
/88
Voici un superbe pinot gris au nez typique qui exhale des notes de fruits blancs très mûrs de même qu’un effluve floral charmeur. Un vin savoureux et sphérique doté d’un bel équilibre et d’une bonne allonge. Une combinaison gagnante avec le filet de porc aux mangues.
ET LE ROUGE DE LA SEMAINE (NON ALSACIEN) /
Serrano 2005 Rosso Conero,
Umani Ronchi, Italie 10782042, 15,70 $
/86
De tous les jours, cet excellent rouge léger charme par sa facilité et son fruité exemplaire. Ce Conero exhale des notes de fruits rouges, de prunes et d’épices douces. Non boisé, il mise davantage sur la fraîcheur et l’équilibre. La pizza végétarienne créera l’harmonie recherchée.