La bouteille de vin a besoin de tranquillité et d’absence de luminosité; la paix, bref! Alors voici quelques conseils pratiques pour maximiser les conditions de garde du lieu de repos de vos précieuses "amphores modernes".
Plusieurs facteurs sont importants à respecter, car une bouteille en sieste depuis 8-9 mois, debout, au soleil, à 23 degrés sur le comptoir de votre cuisine, risque de s’avérer assez essoufflée et sans éclat en dégustation. Il faudra donc user de ruse pour glisser les vins dans un endroit propice à un bon vieillissement.
Premièrement, vous devez masquer toutes les sources de lumière, donc opter pour un endroit noir. En utilisant un ajusteur d’intensité d’ampoule, vous pourrez contrôler une lumière partielle pour votre travail de cave à vin.
La température de la pièce compte. Si vous ne possédez pas de compresseur offrant une température contrôlée, vous aurez à installer un thermomètre, en prenant note des degrés de différence entre le jour et la nuit, selon la saison bien sûr. Les changements de température brusques sont aussi néfastes pour le vin. De plus, une température trop froide ralentira le développement et une autre trop chaude aura pour effet de réduire la durée de vie de vos fiasques (elles évolueront vite et perdront leur fruit). Ne cherchez pas la perfection, si la température ambiante est stable, et comprise entre 11 et 15 degrés, c’est déjà très bien.
Le degré d’humidité est aussi à respecter, il devra se situer entre 60 et 80 %; vous garderez ainsi le bouchon de liège en meilleure santé. Sans humidité, il séchera pour ensuite laisser passer l’air, et l’oxydation s’ensuivra. Si elle dépasse 85 %, elle fera pourrir le bouchon, l’étiquette se détériorera et finira par décoller.
La vibration n’est pas non plus de bonne connivence avec la bouteille de vin. Faites attention aux "cachettes personnelles" sous les marches d’escalier.
Les mauvaises odeurs sont aussi à mettre au rang des ennemis de votre collection. Gare au chlore de piscine, à la litière pour chats, aux pommes de terre, aux oignons ainsi qu’à la peinture et à la teinture odorante.
En suivant ces règles, vous garantissez une meilleure évolution à vos précieuses bouteilles. Et rappelez-vous bien qu’un nouveau propriétaire de cave à vin effectue des achats de façon, disons, "assez régulière" dans les premiers mois… Alors n’ayez pas peur d’avoir de la place pour ajouter de nouveaux casiers de temps à autre!
LE VIN DE LA SEMAINE
À défaut de rester sur votre appétit en dégustant un chétif Beaujolais nouveau automnal, offrez-vous donc un plaisant rouge de la même région, mais pas tout à fait travaillé de la même façon… La talentueuse maison bourguignonne Louis Jadot nous livre un Beaujolais villages 2006, Combes aux Jacques à 16,25 $ (1 ou 2 $ de différence avec les enfantins vins du troisième jeudi de novembre!). Il est engageant, fruité, facile à boire et bien balancé. La couleur violacée, le nez de baies des champs ainsi que la gourmande phase gustative m’ont charmé pour plus d’un verre. Servir à 15 degrés, sur des terrines de gibier aux canneberges (365924).
SIMPLICITÉ, INTERDITS ET PLAISIRS GOURMANDS
Les accords mets-vins sont probablement la plus grande ambiguïté que rencontre l’amateur de vin. Il s’agit d’un équilibre entre un plat et un produit alcoolisé, l’un ne devant pas empiéter sur l’autre. Il faut leur donner place de façon à ce qu’ils s’expriment tous deux le mieux possible.
Plusieurs principes de base existent pour les mariages de la table. Premièrement, vous devez vous fier à la couleur des aliments, un plat en sauce blanche sera difficilement de connivence avec un puissant vin rouge teinturier. Le contraire est aussi véridique, une viande rouge saignante servie en parallèle d’un blanc constituera bien sûr un accord voué à l’échec.
Faites attention au classique dicton "blanc sur rouge rien ne bouge, rouge sur blanc tout fout le camp". Il est possible de servir un vin rouge délicat et tout en dentelle avant un grassouillet chardonnay du Nouveau Monde. Encore pire, combien de fois a-t-on entendu "agneau-Bordeaux"! Il ne faut surtout pas généraliser en disant que tel plat saura escorter tel vin; tout dépend de son type de cuisson, de sa sauce ainsi que de son accompagnement.
Certains cépages mettront davantage vos aliments en valeur à table. Pensez au sensuel pinot noir, au velouté cabernet franc ou à l’enfantin gamay. Les produits massifs et capiteux du Nouveau Monde, comme les shiraz australiens, les malbecs argentins ainsi que les jeunes carmenères chiliens ne laisseront pas beaucoup de place à la nourriture. Leur alcool et leur masse tannique écraseront vos plats.
Certains aliments seront difficiles à servir sur des vins. C’est le cas des câpres crues, des asperges, de l’ail, de la vinaigrette à salade ou encore pire des consommés. Ils feront rouler le vin en bouche, et le mariage met-vin sera quasi impossible.
N’oubliez pas que la plupart des fromages sont en meilleure amitié avec des vins blancs gras et onctueux. Servez-leur donc des chenins, des rieslings, des chardonnays ou des viogniers. En ajoutant dans l’assiette des fruits secs et des amandes, et non des raisins frais.
Les viandes rouges, les plats relevés et épicés ainsi que les aliments cuits au gril nécessitent des vins plus denses, des rouges aux tanins serrés. Donc des vins charnus de l’hémisphère Sud. Des produits avec du coffre et de la matière tannique.
Avec l’arrivée du temps des Fêtes, il ne faut pas oublier qu’un amalgame d’amuse-bouches, d’entrées et de plats festifs seront de la partie. Il faudra oublier l’accord met-vin de haute voltige. Choisissez alors des bons rapports qualité-prix, des vins abordables et pas trop structurés; d’émoustillants vins mousseux, des rouges gourmands ainsi que des vins liquoreux pour les "bibittes à sucre"…
En mettant votre nez partout, dans les sauces, dans les fleurs, dans votre assiette, vous développerez votre mémoire olfactive. Il sera ainsi beaucoup plus facile pour vous d’exercer des mariages de la table. N’oubliez pas que l’accord parfait n’existe pas, soyez curieux, faites des essais.